Léo Mira (avatar)

Léo Mira

Abonné·e de Mediapart

274 Billets

0 Édition

Billet de blog 12 décembre 2021

Léo Mira (avatar)

Léo Mira

Abonné·e de Mediapart

Anne Hidalgo en quête de légitimité

Pour quel dessein les socialistes cherchent-ils à renaître de leurs cendres ?

Léo Mira (avatar)

Léo Mira

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans ce contexte inédit où les droites LREM, LR et l’extrême droite se partagent 75% des 50% d’électeurs ayant l’intention de voter à l’élection présidentielle – conséquence des politiques antisociales et de l’imposture des présidents Sarkozy, Hollande et Macron –, quel électeur de gauche dupé par Hollande et abusé par le Parti socialiste pourrait faire confiance aux Faure, Hidalgo, Jadot et autres politiciens du passé pour mettre fin à la politique antisociale qu’ils ont eux-mêmes initiée ? L’appel pathétique à l’union pour sauver la gauche – dont Hollande et le parti socialiste ont été les fossoyeurs – par Hidalgo et Montebourg est grotesque. Deux candidats socialistes en perdition au plus bas dans les sondages, qui ont méprisé et insulté la France insoumise lors des élections régionales, et qui voudraient que Mélenchon – actuellement le candidat de gauche le mieux placé – se soumette à une primaire. Autour de quelles propositions les socialistes veulent-ils faire l’union de la gauche, alors que seule la France insoumise propose aux Français un programme élaboré depuis cinq ans. Programme que des journalistes et des commentateurs des plateaux de télévision intellectuellement malhonnêtes feignent d’ignorer, en réduisant l’absence d’union à une querelle de personnes. Face à cette explication simpliste de journalistes porte-paroles des droites, Anne Hidalgo se gargarise des valeurs de la gauche au cours d’un meeting à Perpignan où, la précédant sur la tribune, Caroline Delga – méprisante envers la gauche radicale lors des régionales –, exclut une fois de plus de cet appel à une union de circonstance la gauche radicale de la France insoumise. Quelle supercherie que de vouloir aujourd’hui incarner la gauche, sans dénoncer la politique menée par Hollande et le parti socialiste responsables de la désagrégation de cette gauche. En écoutant la candidate socialiste exposer un catalogue de valeurs et de principes de gauche en guise de programme, l’on croirait entendre le candidat Hollande en 2012. Quelle extravagance que de proposer la revalorisation des salaires des enseignants, des soignants, des ouvriers ; de vouloir valoriser l’enseignement, la santé et les services publics, alors que c’est Hollande qui par la loi El Khomri a défait le Code du travail, a fermé des lits dans les hôpitaux et dégradé notre système de santé, a mené une politique d’austérité, et que les partis sociaux-démocrates européens ont voté toutes les mesures antisociales demandées par Bruxelles. Quelle imposture que de clamer, le temps d’une campagne électorale – comme l’avait fait le candidat Hollande en 2012 – vouloir incarner une « gauche républicaine », pour la trahir une fois parvenue au pouvoir. Discourir devant un parterre de militants – pour beaucoup désorientés – en se laissant aller à de grandes envolées lyriques pour exalter une social-démocratie qui partout en Europe conduit depuis des décennies des politiques d’austérité pour servir les intérêts des puissances de l’argent, ne saurait faire oublier le quinquennat calamiteux du président Hollande, et la contribution des socialistes à l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron.

Les Français devront tirer les enseignements des quinquennats Sarkozy, Hollande et Macron. Ils devront éviter de tomber à nouveau dans le piège tendu par les faiseurs d’illusions, les revenants du passé et les repentis de circonstance. Hier l’appel à « l’union de l’écologie et de la gauche » du carriériste Yannick Jadot pour construire un « grand projet d’espérance » à l’échéance de 2022, aujourd’hui l’appel à l’union d’Anne Hidalgo « pour sauver la gauche », deux postures électoralistes motivées par des ambitions politiciennes. Le coup médiatique de l’opportuniste Jadot, auquel s’était aussitôt joint Olivier Faure premier secrétaire du parti socialiste, illustre ce retour des vieux démons de la politique pour qui « la gauche » n’est qu’un slogan ressuscité la veille d’une consultation électorale. Abandonné par la Macronie, le premier secrétaire du PS, n’a-t-il pas confié le 17 janvier 2021 sur France Inter avoir « hésité » à rejoindre « Emmanuel Macron quand il a commencé sa campagne en novembre 2016 » ? Au deuxième tour de l’élection présidentielle, n’a-t-il pas appelé à voter Macron : « Je me suis demandé à ce moment-là s'il n'y avait pas encore quelque chose à jouer. Est-ce qu'on n'avait pas intérêt à dire qu'il fallait une grande coalition ? L'orientation prise par le gouvernement d'Édouard Philippe m'a montré que je n'étais pas du tout compatible avec ce qu'il faisait ». Quant à Yannick Jadot, lui aussi orphelin du macronisme et candidat aux slogans simplistes, il déclare : « Je suis candidat à l’élection présidentielle, parce que j’aime la France et que je veux la servir. On ne peut plus tergiverser, je veux mettre l’écologie au cœur du pouvoir ». Ces banalités révèlent l’absence de projet politique d’un carriériste pour qui l’écologie n’est qu’un passeport pour accéder au pouvoir, à l’exemple de François de Rugy nommé ministre dans le gouvernement Philippe, et Barbara Compili dans le gouvernement Castex. Le député européen veut « mettre l’écologie au cœur du pouvoir », alors qu’il faut tout simplement mettre le pouvoir au service de l’écologie et du bien-être de l’homme. Transformer ce capitalisme prédateur en un modèle de société plus humaniste n’est évidemment pas l’objectif de Jadot, ni des macronistes aujourd’hui aux commandes du pays, ni de leurs alliés libéraux et sociaux-démocrates. En 2017, il y a eu la trahison de la gauche par le couple Hamon-Jadot. Nous prépare-t-on aujourd’hui la potion de l’illusion du binôme Hidalgo-Jadot ?

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.