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Billet de blog 13 février 2017

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MACRON, CANDIDAT NATUREL DU PS

Faute de pouvoir être le candidat légitime du Parti socialiste, Emmanuel Macron n’en est pas moins son candidat naturel.

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La candidature de ce banquier d’affaires de la banque Rothschild, pour qui « la politique, c'est un style…, une magie », déclare-t-il au Journal du dimanche, donc pas un programme, s’inscrit en réalité dans une constante, celle de l’orientation qu’il a donnée, avec Valls, à la politique de droite du quinquennat Hollande. Secrétaire national adjoint de la présidence de la République en 2012, puis ministre à partir d’août 2014, jusqu’à août 2017 où il quitte le gouvernement, avec la bienveillance de François Hollande, pour satisfaire ses ambitions présidentielles, ce candidat illusionniste s’est toujours affirmé comme un ultra-libéral, fervent défenseur de la mondialisation et des accords de libre-échange, CETA et TAFTA. Aujourd’hui, sa posture de candidat « ni de droite, ni de gauche », pur produit médiatique promu par une presse évènementielle au service des milieux d’affaires et de la finance, ne trompe personne. Cette candidature « attrape-tout », est en réalité l’alternative à un Parti socialiste, discrédité par ses trahisons et ses divisions, dans le but de poursuivre la politique antisociale menée depuis cinq ans, et de servir les intérêts du grand patronat et de la finance internationale.

Dès août 2017, après les puissants mouvements sociaux contre la loi travail, et le degrés d‘impopularité affiché par tous les instituts de sondage, François Hollande était conscient du risque d’échec qu’il prendrait à se présenter à des primaires de gauche, qui avec le refus de EELV et Jean-Luc Mélenchon d’y participer, deviendront les primaires du Parti socialiste.                                                                                                              

Emmanuel Macron a été l’homme qui a le mieux incarné l’action gouvernementale voulue par le Président de la République. Il a toujours été le protégé de l’Elysée. À aucun moment, François Hollande n’a sermonné l’intrépide Macron dans ses incartades. Il est difficile de croire que le jeune loup ait pu décider de démissionner pour concourir à la présidentielle, sans l’aval de son maître. La trahison de Hollande par Macron paraît donc n’être qu’une pure affabulation. La candidature de Valls n’a pas été, non plus, une trahison. Tout au plus, un différent de calendrier, ou peut-être de posture ? Où de conflits au sein du Parti socialiste ? Mais, ce qui semble évident, c’est que Valls n’était pas le candidat du Président, mais celui de l’appareil du Parti.

L’échec de Manuel Valls aux primaires du PS, et la victoire de Benoît Hamon, grâce à l’apport au deuxième tour d’une majorité de voix de la gauche non socialiste, a bouleversé les calculs politiciens des apparatchiks du parti. Bon nombre d’entre eux, les « Hollandistes », étaient déjà acquis au candidat d’« en marche » vers la présidentielle. La fracture causée par l’inattendu succès de Hamon radicalisent ceux, dont les « Vallsistes », qui par idéologie, ou par opportunisme pour certains, sont prêts à rejoindre Macron. Entre Valls et Macron, il n’y a, fondamentalement, pas de divergence politique, si non un conflit d’égos. Objectivement, ces deux sociaux-libéraux partagent une même vision de la société, et défendent les mêmes intérêts, ceux des puissances de l’argent.

La survie du Parti socialiste dépend aujourd’hui du choix de Benoît Hamon, entre tenter de sauver un appareil social-libéral dont une partie de son électorat et de ses élus s’apprêtent à rejoindre Macron, ou rester fidèle à ses engagements de la primaire, et dans ce cas, assumer la rupture avec les apparatchiks, pour créer les conditions d’un rassemblement avec La France insoumise et EELV. Condition à la présence d’un candidat de gauche au deuxième tour de la présidentielle. L’autre alternative, qui serait de mettre le drapeau du PS dans la poche, et de s’autoproclamer candidat de la gauche, est une illusion qui ne trompe personne. Prétendre vouloir être le candidat de la gauche, sur des propositions qui à ce jour ne sont qu’une esquisse de programme, est non seulement prétentieux, mais méprisant envers Yannick Jadot, et Jean-Luc Mélenchon, qui lui mène campagne sur un programme cohérent, élaboré collectivement par des milliers de citoyens de La France insoumise. Cette stratégie, qui semble être aujourd’hui celle du candidat socialiste, imposée par l’appareil dirigeant du parti, est une imposture. Benoît Hamon ne peut l’ignorer. Il ne pourra pas tenir ses engagements électoraux avec un appareil, et une majorité parlementaire, compromis avec les ultra-libéraux. L’électorat de gauche ne saurait faire confiance à un candidat prisonnier d’un parti qui a trahi ses engagements de 2012. Nul doute que les français, qui ne sont ni dupes, ni masochistes, ne se laisseront pas abuser par une candidature « miroir aux alouettes », derrière laquelle se cache une majorité de femmes et d’hommes, ministres et élus, qui durant cinq ans ont mené et voté toutes les lois antisociales du quinquennat Hollande.

La candidature Hamon est, pour le Parti socialiste, un accident de parcours. Si cet accident exprime un profond rejet de la politique menée par Hollande, Valls, Macron, et par ce parti, il ne pourrait en aucun cas, justifier que les électeurs de gauche signent un chèque en blanc à un candidat, qui lui ne veut signer aucun contrat avec les deux autres candidats de gauche. Benoît Hamon ne doit pas se leurrer, les caciques du parti l’attendent à la traversée du gué. Car le candidat naturel du Parti socialiste, c’est Macron.

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