Avant son élection à la présidence de la République en 2012, François Hollande écrivait : « C’est en étant nous-mêmes que nous sommes fidèles à notre électorat. (...) C’est d’abord en étant socialistes, en fonction des engagements que nous avons pris et des orientations que nous nous sommes données. » L’imposture de ce Président, qui après le quinquennat désastreux de Nicolas Sarkozy, a fait croire et espérer aux français qu’il allait « Changer le destin de la France. », a surpris même les plus incrédules. Aujourd’hui, son fils spirituel et successeur, à son tour mystifie les français en leur faisant croire qu’il n’est ni de gauche, ni de droite, ou les deux à la fois.
Il est vrai qu’après des décennies d’opportunisme politique, de manquements aux engagements pris auprès des électeurs, de collusion avec le patronat et le pouvoir de l’argent, la gauche traditionnelle en France, en particulier le Parti socialiste, a vidé de sa substance le concept hérité de l’histoire du mouvement ouvrier. Aujourd’hui, l’imposture du Président des riches est de faire croire qu’il ne gouverne ni à droite, ni à gauche, et que dans l’illusion de la modernité, il réforme la France. Cette illusion, les Italiens l’ont vécue sous la gouvernance de Matteo Renzi. En réalité, Macron incarne la synthèse de la sociale démocratie et de la droite ultra-libérale, qui depuis la fondation de l’Europe, s’entendent pour mener des politiques antisociales dictées par Bruxelles. Le pouvoir qui gouverne la France, (ministres socialistes et libéraux, transfuges du PS et du LR), est bel et bien un pouvoir de droite, qui dans la continuité des politiques pratiquées durant les quinquennats de Sarkozy et Hollande, s’attaque aux lois sociales pour précariser l’emploi ; aux services publics pour transférer les aéroports et les transports aux multinationales ; au pouvoir d’achat des retraités, des ouvriers et des classes moyennes pour alléger les impôts des plus riches. Ainsi, dès son élection, Macron fait aux plus riches de ce pays, un somptueux cadeau fiscale de huit milliards d’euros. Les informations communiquées par Bercy indiquent que les 100 premiers contribuables à l'impôt sur la fortune devraient bénéficier, chacun, de plus de 1,5 million d'euros de gains par an grâce à la réforme de l'ISF cumulée à l'instauration du prélèvement forfaitaire unique à 30% sur les revenus du capital.
Le pouvoir supprime l’impôt sur la fortune, mais taxe neuf millions de retraités par l’augmentation de la CSG. Le pouvoir gratifie les plus riches de huit milliards d’euros, alors que des SDF meurent dans la rue ; que des agriculteurs se suicident faute de pouvoir vivre de leur exploitation ; que les pauvres deviennent plus pauvres, et sont chaque année plus nombreux à solliciter les Restos du Cœur ; que les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) sont au bord de l’asphyxie ; que les hôpitaux manquent cruellement d’effectifs et que la qualité des soins ne cesse de se dégrader ; que des patients meurent dans les couloirs des urgences faute d’effectifs et de moyens. Aux personnels hospitaliers qui protestent de leurs conditions de travail, le président Macron rétorque qu’il n’y a plus d’argent pour la santé publique, mais il supprime l’impôt sur la fortune. Certes, ce ne sont pas les nantis qui meurent dans les couloirs des urgences, ou qui passent des heures à attendre sur des chaises ou des brancards avant d’être pris en charge, mais les plus démunis et les Français lambda. Ce ne sont pas les nantis qui se retrouvent sans domicile, à dormir dans la rue, mais des employés, des ouvriers, des cadres, des agriculteurs, victimes des politiques d’austérité exigées par les règles de la mondialisation et imposées par l’UE. Un cadeau de huit milliards aux plus riches, alors que les revenus de ceux-ci ne cessent de progresser. D’après les économistes de l’OFCE, les 5 % des ménages les plus aisés devraient profiter pleinement des réformes sur la fiscalité du capital mobilier, et verraient leur niveau de vie s’accroître de 1,6 %. Les dix plus fortunés de France possèdent 241 milliards d’euros à eux seuls. Avec 47 milliards d’euros de patrimoine professionnel, Bernard Arnault (LVMH), première fortune de France, totalise l’équivalent de 2,6 millions d’années de Smic. Si Macron n’est pas le président des riches, alors qui le serait ?
Emmanuel Macron a usé ses fonds de culotte sur les bancs de la Providence à Amiens, un établissement privé jésuite, prisé par la bourgeoisie picarde. Sa jeunesse dorée, son bureau capitonné de banquier chez Rothschild, sa fortune sous-estimée redressée par le fisc qui lui avait fait dire : « La meilleure façon de se payer un costard, c'est de travailler » ; sa vision du monde qui à Los Angeles lui avait inspiré une tirade sur la nécessité d’avoir « des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires » ; font que ce président des riches soit davantage disposé à servir les fortunés, qu’à se préoccuper de la détresse de millions de nos concitoyens. Au-delà de son profil, image illusoire de cette classe sociale qui l’a formaté, ce serviteur de la mondialisation est l’homme providentiel que le patronat et la finance ont aujourd’hui besoin pour poursuivre la politique antisociale initiée par Sarkozy et Hollande. Politique qui conduit à la ratification des accords de libre-échange : CETA, TAFTA ou MERCOSUR, négociés par l’UE au détriment des intérêts des agriculteurs et de la santé des Français. Politique qui conduit à la privatisation des aéroports français, engagée sous le quinquennat Hollande par la vente à 49,9% de l’aéroport de Toulouse à un consortium chinois. Trois ans après, alors que Bercy s’apprête à céder les 10,1% restant en sa possession aux Chinois, la grogne des actionnaires locaux de l’aéroport de Toulouse-Blagnac fait reculer l’État. À noter, ici aussi, l’instrumentalisation de la chaîne publique France 2 qui annonce par la voix de la présentatrice du journal télévisé, la chevronnée Anne-Sophie Lapix, l’opposition de l’État à la cession de ses parts. Or, ce n’est pas l’État qui refuse de céder ses parts aux chinois, mais ce sont le Conseil régional, le Conseil départemental, Toulouse métropole et la Chambre de commerce et d’industrie de Toulouse qui contrôlent ensemble 40 % du capital de l’aéroport qui s’y opposent. En octobre 2017 à l'Assemblée Nationale, Bruno Le Maire, ministre de l'Economie déclarait « ne voir alors aucune raison objective de ne pas aller au bout du processus de privatisation d'ATB avec l'investisseur chinois. » Le mensonge par omission, une particularité d’une presse au service du pouvoir. La politique ultra-libérale dictée par Bruxelles s’attaque aujourd’hui à la SNCF, rendant responsables les cheminots des dysfonctionnements qui affectent ce service public. Or, les responsables du sous-équipement des chemins de fer français, principale cause des retards et des incidents, voir des accidents, sont l’État et les dirigeants de l’entreprise qu’il a lui-même nommés, et qui depuis des décennies, par le choix d’investissements priorisant les lignes TGV et la rentabilité ont conduit à la conjoncture actuelle. À croire que cette situation a été sciemment voulue, de Sarkozy à Hollande et Macron, pour justifier et faciliter la fin du statut des cheminots et préparer la privatisation de l’entreprise publique.
En 2018, les réformes bénéficieront surtout aux 2% les plus riches. Selon l'Observatoire français des conjonctures économiques, les mesures votées dans le cadre de la loi de finances pour 2018, ne feront augmenter le pouvoir d'achat des ménages que de 200 millions d'euros cette année. En revanche, « la montée en charge des mesures fiscales et les nouvelles revalorisations de prestations » devraient permettre « d'accroître le pouvoir d'achat de plus de 6 milliards d'euros » en 2019. Mais les principaux bénéficiaires de ces mesures seront les ménages les plus aisés, qui devraient profiter pleinement des réformes sur la fiscalité du capital mobilier (transformation de l'impôt sur la fortune en impôt sur la fortune immobilière, et mise en place d'un prélèvement forfaitaire unique de 30%). Ainsi, en 2019, « les 2% les plus riches capteraient 42% des gains à attendre de la mise en place des mesures. » En 2018, ces mesures auront un impact nul sur le pouvoir d'achat des classes moyennes. Pour les ménages les plus pauvres, les revalorisations des minima sociaux prévues fin 2018 « ne compensent pas les hausses de la fiscalité indirecte » appliquées par le gouvernement sur l’énergie et le tabac. De fait, ils verront leur pouvoir d’achat baisser. Ce sont donc les plus riches qui profiteront de ces mesures.
Les réformes Macron s’inscrivent dans la continuité de la politique menée par Hollande et le PS, et des exigences de Bruxelles :
Réforme du droit du travail encore plus néfaste que celle qu’il avait lui-même engagée sous la mandature Hollande, imposée par Valls avec le 49.3, aujourd’hui décrétée par ordonnance.
Réforme de la CSG pénalisant 9 millions de retraités. Quand, à Tours, un retraité l’interpelle : « Là, vous nous avez vraiment pompés », avec cynisme il répond : « Si je ne fais pas cet effort pour ceux qui travaillent, il n'y aura personne pour payer vos retraites. » Pour ce Président, pomper les retraités qui ont travaillé et cotisé toute leur vie pour pouvoir bénéficier de leur dû est moins immorale que de pomper les plus riches, qui cumulent des patrimoines équivalents à des millions d’années de SMIG. Quand il lance : « Je vous demande un petit effort pour m'aider à relancer l'économie et les actifs », nous pourrions lui répondre : Et les huit milliards de cadeaux fiscaux faits aux plus nantis, font-ils partie de l’effort demandé à la majorité des Français ?
Réforme de l’assurance chômage, avec une baisse des allocations et un arsenal de sanctions à l’encontre des chômeurs, comme si ceux-ci étaient responsables du chômage, vieille rengaine déjà distillée sous Sarkozy et Hollande. Réforme « Parcoursup », imposée sans concertation, introduisant une sélection à l’Université, mais qui ne veut pas dire son nom. Réforme dénoncée par les étudiants lors de la manifestation nationale du 15 février, suivie d’un évènement intolérable rappelant d’autres temps, où des groupes d’extrême droite sévissaient dans les facs. Dans la nuit du 22 au 23 mars, à la faculté de droit de Montpelier, un groupe de nervis cagoulés et armés de bâtons, s’est introduit dans un amphithéâtre et a tabassé les occupants. Une violence inouïe, perpétrée avec la complicité de responsables de l’Université, dont le doyen de la fac de droit, Philippe Pétel, contraint de démissionner et placé en garde à vue prolongée au commissariat de Montpellier.
Autre réforme, celle de la fonction publique, qui comme le dénonce Force ouvrière, a pour finalité de « casser le statut général de fonctionnaire. » La suppression du statut de cheminot s’inscrit dans cette logique libérale si chère à la droite, qui depuis des décennies, s’évertue à vouloir supprimer les services publics au profit d’entreprises privées. La réforme Macron conduit à la privatisation rampante de la SNCF. La riposte sociale qui s’organise contre ces réformes : les grèves des cheminots – des pilotes et personnels d’Air France – des personnels hospitaliers – des avocats, magistrats et greffiers – des étudiants – des enseignants – des personnels de l’énergie – des éboueurs, ne sont que les prémices d’un mécontentement grandissant dans l’ensemble du pays, et qui pourrait aboutir à une explosion sociale sans précédent depuis 1968. C’est ce risque que la propagande gouvernementale, relayée par les médias dépendant des groupes de presse, et les journalistes serviteurs du pouvoir politique, tente d’enrayer.
Quand le pouvoir s’obstine et menace d’imposer ses réformes par les ordonnances. Cette méthode de gouvernance, hypocrite, cynique et autoritaire, inscrite dans l’ADN de ce Président, commis voyageur de l’Europe de la finance et de la mondialisation, bénéficie de l’appui des médias publics ou contrôlés par les grands patrons de presse. Insolence et cynisme, les deux mamelles d’un seul pouvoir, celui des intérêts égoïstes de la classe dominante, servis par Sarkozy, Hollande et aujourd’hui Macron. Insolence de l’argent qui après des années d’austérité, de destruction de centaines de milliers d’emplois, d’appauvrissement de millions de Français condamnés à la précarité ou jetés à la rue, enrichit démesurément les multinationales, et les patrons de l’industrie et de la finance pour lesquels il n’y a jamais eu de récession. Bien au contraire, durant ces années de vache maigre pour ceux qui produisent les richesses, les dividendes de ces nantis n’ont cessé de progresser, et aujourd’hui gratifiés par de somptueux cadeaux fiscaux. Cynisme aussi dans l’argumentaire utilisé dans la communication, et par les méthodes de gouvernance pratiquées par un pouvoir pour qui, la cause du chômage, ce sont les chômeurs. La cause des problèmes que rencontrent les hôpitaux ? les personnels hospitaliers et l’organisation peu rentable des services. La cause des disfonctionnements de la SNCF ? les cheminots trop payés et trop avantagés par leur statut. La cause des problèmes de l’éducation nationale ? les enseignants, des fainéants adeptes de l’absentéisme. La liste serait longue, d’exemples de ces méthodes douteuses et arguments fallacieux utilisés, de Sarkozy à Macron, par des gouvernants au service du patronat et de la finance.
Tenter de faire croire aux français que la politique d’Emmanuel Macron n’est pas une politique de droite est une imposture. Proclamer que ce pouvoir n’est pas de droite, c’est prendre des vessies pour des lanternes. Ni les socialistes qui participent à la mise en œuvre de cette politique ultra-libérale, ou qui la soutiennent, ni la caution écologiste d’un Nicolas Hulot opportuniste, ne peuvent duper les français. Que le président Macron déclame qu’il fait les réformes pour lesquelles les Français l’ont élu est aussi une imposture. Pour mémoire, au deuxième tour de la présidentielle, sur 47 568 693 inscrits, il y a eu 21 101 366 abstentionnistes (25,44%), et 3 125 724 blancs et nuls (8,59%). Le candidat Macron a obtenu 20 743 128 voix, soit 43,61% des inscrits. Rappelons aussi qu’au premier tour le candidat « En marche » avait obtenu 24,01% des voix, et qu’au second tour il a bénéficié d’une forte mobilisation anti-Marine Le Pen. Que le président Macron applique les mesures que le candidat avait annoncé en faveur des plus riches, qui ont voté massivement pour lui, soit. Mais la moralité de cette élection devrait l’amener à être plus prudent quand il s’approprie les voix d’électeurs qui ont voté « En marche » pour faire barrage au Front national, et qui aujourd’hui découvrent la vraie nature de sa politique.
L’illégitimité du pouvoir macroniste à imposer des réformes dont leur seul objectif est de poursuivre la politique ultra-libérale décidée par Bruxelles et menée par le pouvoir socialiste sous Hollande, pouvoir auquel l’actuel président participait, est aujourd’hui criée dans la rue. Illégitimité politique, car Macron élu par défaut, ne peut se réclamer d’une victoire électorale telle qu’il puisse escamoter le débat démocratique. Curieux concept que d’inviter les partenaires sociaux à de pseudo-négociations, tout en proclamant que le gouvernement, disposant pourtant d’une majorité de godillots à l’Assemblée nationale, imposera ses réformes par ordonnance. Illégitimité aussi à casser le service public, dont le statut des cheminots, pour le brader au secteur privé toujours à la recherche de profits, au détriment des conditions de travail et de rémunération des personnels. Le secteur public appartient à la nation et non à ces serviteurs du MEDEF et de la finance. Les socialistes, qui aujourd’hui tentent de racoler à un mouvement populaire exprimant l’exaspération des Français, sont ceux qui à Bruxelles ont voté la directive européenne qui prépare le démantèlement de la SNCF, et la privatisation du réseau ferroviaire français. Que ces politiciens qui ont contribué à l’arrivée au pouvoir de ce Président issu de leurs rangs, appellent aujourd’hui à l’unité de la gauche est d’une indécence inouïe. Mais de qu’elle gauche parlent ces socialistes ? De celle qu’ils ont assassinée ?
Emmanuel Macron reprend le vielle recette de la « modernité », tant de fois servie par les politiciens libéraux et socio-démocrates pour justifier leurs politiques et leurs lois antisociales, précarisant l’emploi et les conditions de vie de ceux qui produisent les richesses, au profit des possédants qui s’enrichissent toujours davantage. Mais quel monde nous prépare ce « moderniste », en réalité porteur de cette vieille idéologie qui veut qu’il y ait toujours des exploiteurs et des exploités, des riches et des pauvres, des nantis et des miséreux. Un monde où les progrès technologiques et la robotisation améliorent sans cesse la productivité et créée toujours plus de richesses, alors que la pauvreté ne cesse de progresser chez ceux qui les produisent. Un monde ou ceux qui détiennent le pouvoir de l’argent sans cesse s’enrichissent. Durant ces dernières décennies, les suppressions massives d’emplois, les fermetures d’usines, la précarité par la généralisation des CDD et l’ubérisation du travail ont contribué à multiplier les profits des entreprises, à augmenter indécemment les rémunérations des barons qui les dirigent, et à conforter l’accumulation des fortunes entre les mains des plus riches. Un monde où l’homme est asservi, alors que le progrès devrait le libérer des cadences et du « travailler plus pour produire plus. » Comment voulez-vous monsieur le Président, que les chômeurs qui ont perdu leur emploi du fait de ces politiques ultra-libérales ; que les retraités qui ont durement travaillé toute leur vie pour voir aujourd’hui leurs retraites, leur dû, pompées par la CSG ; les personnels hospitaliers surexploités ; les cheminots honteusement décriés et menacés de perdre leur statut ; les femmes et les hommes, employés et ouvriers, soumis aux cadences de travail aliénantes et aux baisses de salaire acceptées sous le chantage à l’emploi ; les milliers de SDF et de pauvres contraints de s’alimenter auprès des Restos du Cœur ; comment voulez-vous monsieur le Président des riches, que ces millions de femmes et d’hommes ne soient pas révoltés par les somptueux cadeaux fiscaux que vous faites aux plus nantis de ce pays, une petite minorité, alors que vous demandez sans cesse des sacrifices au plus grand nombre. Hollande voulait « Changer le destin de la France ». Sa politique, la vôtre monsieur Macron, a tracé le chemin sur lequel vous engagez les Français, l’impitoyable logique de la mondialisation, qui pour servir les appétits voraces de la finance internationale, sacrifie la France sur l’autel du capitalisme, générateur de misère et de guerres.
Un autre exemple de cynisme et d’insolence. La levée de boucliers de politiciens faussement offusqués pour qui la garde à vue et la mise en examen de Nicolas Sarkozy relèvent de l’acharnement judiciaire, est une injure à la justice. Une curieuse idée de la démocratie, que de proclamer qu’un ex-président de la République, dont les soupçons sont d’une extrême gravité, puisse être exempté de mesures auxquelles tout citoyen lambda peut être soumis. (Garde à vue dans l’enquête du financement libyen de sa campagne électorale de 2007, puis mise en examen pour financement illicite de campagne électorale, corruption passive, et recel de détournement de fonds publics libyens, accompagnée d’un placement sous contrôle judiciaire.) L’indécence de telles déclarations n’ont d’égale que la singularité de cet ex-président cité dans tant d’affaires, dont certaines sont toujours en cours d’instruction. Ce cas unique sous la Vème République est significatif, non pas d’une justice qui s’acharne sur cet accusé présumé innocent, déjà condamné pour ses comptes de campagne de 2012, mais de l’insolence de cet ex-président bling-bling qui dénigre la justice de son pays. Pour ces « grands démocrates », la justice doit s’appliquer différemment suivant le rang social ou la responsabilité politique du prévenu. Ces politiciens partisans d’une justice de classe, serviteurs de droite du pouvoir actuel, ou opposants de circonstance, LR ou socialistes, apôtres d’une même idéologie, sont ceux qui ont mené ou défendu les politiques antisociales sous les mandats de Sarkozy et Hollande. Cette droite LR incorrigible, aujourd’hui si proche du Front national, qui avec l’extrême droite exploitent à des fins politiciennes, l’odieux attentat terroriste de l’Aude et le sacrifice d’un gendarme courageux donnant sa vie pour sauver un otage ; ainsi que l’assassinat barbare d’une femme juive à Paris. Une droite et une extrême droite qui sans retenue sombrent dans la surenchère sécuritaire. Aussi, la récupération et l’exploitation honteuse de cet assassinat, contre l’avis de la famille de la victime, par le CRIFT lors de la marche blanche du 28 mars, au cours de laquelle les éléments extrémistes et racistes de cette organisation ont molesté, parfois avec violence, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Un CRIFT qui parait être davantage une officine de propagande de l’État d’Israël, qu’une organisation représentative de la communauté juive de France.
Une politique d’indépendance de la France, poursuivie par De Gaulle et Mitterrand, abandonnée par Sarkozy, Hollande et Macron. Dans l’ouvrage « La France atlantiste ou le naufrage de la diplomatie » paru aux éditions du cerf, Hadrien Desuin, ancien élève de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, expose comment, en dix ans, la France est devenue la « vassale de l’Amérique, l’Élysée le supplétif de la Maison-Blanche, le Quai d’Orsay, le sanctuaire du néo-conservatisme. » Comment, sur deux quinquennats, Nicolas Sarkozy puis François Hollande ont enterré la politique d’indépendance de la France.
Aujourd’hui, alors que Macron tente de nous faire croire qu’il s’engage dans de nouvelles relations internationales, la diplomatie et les actions extérieures de la France demeurent soumises aux intérêts économiques d’une Europe inféodée aux Etats-Unis, dont le bras armé sur le vieux continent est l’OTAN. La poursuite des relations agressives envers la Russie ; la passivité envers les crimes répétés de l’État d’Israël, dont ceux perpétrés le 30 mars lors de la répression d’une manifestation à Ghaza où 18 palestiniens ont été tués par les balles de l’armée d’occupation israélienne ; ainsi que le soutien aux monarchies si peu démocratiques du golfe en sont des illustrations éloquentes. L’ingérence, aussi, dans les évènements de Catalogne, expression d’un suivisme docile de la politique définie par Bruxelles, et non d’une compréhension de la problématique posée par le peuple catalan. Faut-il rappeler au président Macron que la France devra respecter l’organisation, le 4 novembre prochain, d’un référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Le peuple catalan a légitimement le droit, lui aussi, de pouvoir s’exprimer sur le l’avenir qu’il entend choisir.
Au Moyen-Orient, l’attitude de la France dans les conflits qui secouent cette région est hypocrite. L’Arabie saoudite, avec 12 milliards d’euros, est le premier client de la France en armement depuis ces dix dernières années. La France donne des leçons d’humanité à la Syrie, alors que les armes françaises vendues à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis tuent au Yémen : (véhicules blindés de combats, intercepteurs maritimes, artillerie, missiles, matériel de ciblage équipant les avions de chasse saoudiens, assistance technique aux Mirages 2000-9 des Émirats). Ainsi, Amnesty International France et l’Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (ACAT) dénoncent la fourniture par la France d’armements utilisés dans ce conflit, responsable de la « pire crise humanitaire au monde », avec plus de 10.000 morts, essentiellement des civils dont de nombreux enfants. L'ONU accuse l'ensemble des belligérants de violer les lois de la guerre en visant les populations et infrastructures civiles, comme les hôpitaux et les écoles. La France, serait-elle complice de crimes de guerre ?
Il aura donc fallu cette dénonciation d’Amnesty International France et de l’Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture, pour qu’une certaine presse, trop occupée il est vrai à dénoncer les crimes en Syrie, s’émeuve des crimes perpétrés au Yémen avec la complicité de l’Europe et des États-Unis. C’est encore le cas de France 2 qui, quelques jours avant que ses journaux télévisés parlent de cette dénonciation impliquant la France, diffuse un reportage sur les enfants victimes de cette guerre, sans qu’une seule fois soit évoquée l’origine des armes qui perpétuent ces crimes. C’est là aussi, une notion très particulière de l’objectivité dont font preuve certains journalistes de cette chaîne publique. Autre exemple de soumission au pouvoir, l’entretien de complaisance de Laurent Delahousse avec Emmanuel Macron ; une opération de communication de mauvais goût, où le pseudo-interviewer joue le rôle d’un docile serviteur du maître de l’Élysée. Une curieuse conception de l’information, très appréciée par ce très médiatique Président.
Autre exemple pitoyable de soumission de la France à l’Amérique, le boycott par Emmanuel Macron du stand de la Russie, invitée d’honneur du salon du livre de Paris. En cause, cette vulgaire affaire d’ex-espion russe réfugié en Grande-Bretagne, victime d’un empoisonnement « commandité par la Russie », ce que Poutine continue à démentir, et qu’à ce jour aucune preuve n’a pu être fournie par les services secrets britanniques, dont on connait leur capacité à fournir de faux renseignements. Comme ce fut le cas en 2003, lors de l’invasion de l’Irak sous prétexte d’existence supposée d’armes de destruction massive possédées par Saddam Hussein. Comme l’a souligné le rapport de John Chilcot, président de la commission d'enquête britannique, Tony Blair avait délibérément exagéré la menace représentée par Saddam Hussein. L'examen de dizaines de lettres déclassifiées de sa correspondance avec George Bush montre à quel point il s'était engagé à l'avance auprès de son allié américain : « Je serai avec toi, quoi qu'il en soit, » écrit-il au président américain le 28 juillet 2002, huit mois avant l'intervention. Tony Blair, qui dans une interview accordée à CNN le 26 octobre 2015, a présenté « des excuses » pour l’invasion de l’Irak en 2003. Au cours de cette interview, Tony Blair reconnaît également une part de responsabilité dans la montée actuelle de l’organisation de l’État islamique en Irak et en Syrie.
Ce ne sont pas les faits, supposés, dénoncés par madame Theresa May fragilisée lors du dernier congrès du Parti conservateur, qui ont poussé Macron à boycotter le stand de la Russie au salon du livre de Paris, mais les pressions de Trump. Le comportement méprisant et agressif du président français envers un grand pays comme la Russie, illustre l’allégeance de ce président, il est vrai sans envergure, envers le maître de ce pays belliqueux, les USA, dirigé par un personnage aussi grossier qu’imprévisible. On ne peut s’empêcher de comparer cet évènement peu glorieux, aux honneurs pompeux rendus par le locataire de l’Elysée à Trump lors du défilé du 14 juillet à Paris. Les tensions avec la Russie s’inscrivent dans une stratégie agressive dictée par les États-Unis à l’Europe, dans un contexte de bouleversements géopolitiques mondiaux où s’affrontent les puissances de l’argent pour le contrôle des marchés. Les séquences provocatrices des États-Unis envers la Chine et la Russie en témoignent. Le risque d’un conflit militaire généralisé, déclenché par les États-Unis avec la complicité et le soutien des petits caporaux européens est bien réel. Theresa May, Angela Merkel et Emmanuel Macron sont les serviteurs zélés de Trump, comme Tony Blair l’a été de Busch. Espérons qu’un jour, ils n’aient pas à s’en excuser.
Quant au lamentable boycott de la culture et de la littérature russe au salon du livre, les propos tenus sur France tv info par les écrivains russes envers le président français sont éloquents.
Vladislav Otrochenko : « C’est un acte un peu enfantin par rapport aux grandes cultures de la Russie et de la France. Il agit comme un enfant capricieux … Ce n’est pas seulement injuste, mais absurde. »
Yana Vagner : « C’est un homme d’État pris en otage par la politique. Nous on est indépendants. On représente la culture et la littérature russe, tandis que lui, il est otage des politiques actuelles. »
Il est loin le temps où la France était dirigée par des hommes incarnant les valeurs de la France, artisans de son rayonnement et de sa grandeur, garants de son indépendance, comme De Gaulle, Mitterrand et Chirac, pour ne citer qu’eux. Hollande et Macron sont les deux facettes d’une même médaille, celle de l’imposture.