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Billet de blog 13 octobre 2022

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UN PRÉSIDENT SERVITEUR DES SUPERS PROFITS GÉNÉRÉS PAR LA GUERRE EN UKRAINE

Le Fascisme devrait plutôt s’appeler Corporatisme, puisqu’il s’agit en fait de l’intégration des pouvoirs de l’État et des pouvoirs du marché. (Mussolini)

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Réélu par défaut face à la candidate de l’extrême droite, Macron reprend sa croisade antisociale sur les droits des chômeurs et sur les retraites. Fidèle à sa fonction de président des riches, dans le conflit qui oppose les travailleurs des raffineries aux directions de Total Energies et de Esso ExxonMobil, il prend le parti des multinationales qui grâce à la guerre en Ukraine réalisent des profits inédits, et décrète la réquisition des salariés. Le 12 octobre, avec la complicité de la chaîne publique France 2, alors que la grève dans les raffineries s’étend et que d’autres grèves se déclarent dans les centrales nucléaires, le président de la République peu soucieux des difficultés auxquelles sont confrontés les Français se livre à une diversion en participant à une longue interview sur la guerre en Ukraine. Jamais les entreprises en France n’avaient bénéficié de tant de cadeaux de la part de l’État, que depuis l’élection de Macron à la présidence de la République. En mai 2018, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Action et des comptes publics évoquait le chiffre de 140 milliards d’euros d’aides par an aux patrons. À partir de données émanant de différentes sources administratives et statistiques, le 7 octobre 2022 le Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé) publie une étude réalisée durant ces deux dernières années, qui chiffre les aides publiques aux entreprises à 157 milliards d’euros en 2019, soit 31 % du budget de l’État et plus de deux fois celui de l’Éducation nationale. Un chiffre à comparer aux 139 milliards d’euros, annoncé par France Stratégie en 2020. Le Clersé décompose les aides publiques aux entreprises en trois parties : « 61 milliards d’euros de dépenses fiscales, qui comprennent toutes les niches à destination des entreprises et les baisses d’impôts récentes dont elles ont pu bénéficier, principalement l’impôt sur les sociétés et la TVA ; 64 milliards d’euros de dépenses socio-fiscales, constituées notamment des niches sociales et des baisses de cotisations patronales ; 32 milliards d’euros de subventions directes de l’État et des collectivités locales » (Lettre quotidienne de Mediapart du 11/10/2022). Ces somptueux cadeaux faits sans contrepartie au patronat par le pouvoir macroniste – de connivence avec les droites LREM (parti rebaptisé Renaissance après l’échec aux élections législatives où il perd la majorité absolue), LR et RN –, placent ces aides au premier poste budgétaire de l’État.

C’est dans ce contexte de guerre en Ukraine et de sanctions économiques sans effet contre la Russie – mais aux conséquences désastreuses sur le pouvoir d’achat et les conditions de vie des Français –, que le pouvoir macroniste s’apprête à adopter par la force son budget 2023 en utilisant le 49.3 ; à réduire davantage les droits des chômeurs avec l’adoption le 11 octobre par l’Assemblée nationale du projet de loi « portant mesures d’urgence relatives au fonctionnement du marché du travail en vue du plein-emploi » (rendant ainsi les chômeurs responsables de la situation économique dégradée que connaît la France, provoquée par la politique économique et sociale menée par le pouvoir macroniste et les sanctions économiques dictées par les États-Unis dans le conflit russo-ukrainien) ; la réforme des retraites évoquée avant le premier tour de l’élection présidentielle pour pomper les voix de droite, disparue durant la campagne des législatives pour épargner les macronistes d’une défaite électorale, puis remise à l’ordre du jour pour servir les intérêts du patronat.

À l’heure où la guerre en Ukraine s’enfonce dans une escalade militaire engagée par Zelenski et soutenue par l’Occident, les extrêmes droites progressent en Europe. La Hongrie depuis 2010 et la Pologne depuis 2015 sont gouvernées par l’extrême droite. En Lettonie et en Slovaquie l’extrême droite fait partie du gouvernement. En Suède, une coalition électorale de la droite et de l’extrême droite sort victorieuse des élections législatives du 11 septembre 2022. Le 25 septembre dernier, Giorgia Meloni leader du parti postfasciste Fratelli d’Italia remporte les élections générales italiennes. Les députés d’extrême droite, après chaque élection sont plus nombreux à siéger au Parlement européen sans que cela émeuve une Union européenne vassale de Washington et unie autour des intérêts sacrés de l’Occident. L’histoire nous rappelle combien le fascisme a toujours fait bon ménage avec les puissances de l’argent. En Espagne, l’extrême droite entre pour la première fois – depuis la fin du franquisme – dans un gouvernement de coalition avec la droite libérale pour gouverner la région de Castille-et-Léon. Le parti ultra aura la vice-présidence et des conseillers régionaux à l'Industrie, à l'Emploi, à l'Agriculture, à la Culture. En France, à l’élection présidentielle de 2022, Marine Le Pen obtient au premier tour 42,68 % des voix exprimées et au second tour, avec 13 288 686 de voix, 41,46 % des votes. Aux législatives, l’extrême droite envoie 89 députés RN à l’Assemblée nationale.

Si la montée des extrêmes droites en Europe s’explique par les errements et les trahisons répétées de la social-démocratie – dont la mandature de Hollande en est une illustration pathétique –, les crises économiques et sociales demeurent le creuset de l’idéologie sectaire et raciste qui mène au fascisme. La guerre en Ukraine, de par les intérêts qui unissent les capitalistes des pays occidentaux sous la tutelle des États-Unis, et de par la crise économique et sociale qu’elle développe en Europe – avec le risque de s’étendre dans d’autres régions du monde –, créé les conditions de la montée en puissance du populisme par des coalitions des droites libérales avec les extrêmes droites, à l’exemple de l’Espagne et la Suède, ou en France avec le rapprochement entre extrémistes, souverainistes et une fraction de la droite LR. La guerre en Ukraine peut non seulement nous mener à un conflit armé mondialisé, mais aussi être le terreau propice à la montée du fascisme.

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