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Billet de blog 14 avril 2017

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L’ART DE DÉSINFORMER PAR OMISSION.

Quand à l’ONU, la Russie demande une enquête internationale indépendante, et que le président Hollande, hier petit caniche d’Obama et aujourd’hui chien de garde de Trump, se rallie aux USA pour opposer à la demande russe une nouvelle résolution condamnant la Syrie, avant même d’avoir vérifié l’origine de l’attaque chimique.

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« La Russie met son veto à une résolution de l’ONU condamnant l’attaque chimique en Syrie. » C’est le titre de la plupart des médias bien intentionnés, soi-disant impartiaux et objectifs, qui omettent de préciser que la Russie a mis son véto, et que la Chine s’est abstenue, parce que la motion déposée par les États-Unis condamne la Syrie sans avoir au préalable procédé à une enquête internationale impartiale. « La Russie a proposé que l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques de La Haye envoie une mission sur le terrain, non seulement à Khan Cheikhoun, mais aussi sur la base militaire attaquée par les États-Unis le 7 avril. Notre idée n'a pas été acceptée » a déclaré ce 13 avril sur France info, le chef de mission adjoint de l'ambassade de Russie en France. Il ne s’agit pas ici de défendre la Russie, mais de rappeler à cette presse propagandiste, qu’informer implique de ne pas tronquer l’information.

Nous savons ce que valent les preuves américaines, quand en février 2003 à l’ONU,Colin Powell, secrétaire d'État américain brandissant des photos truquées voulait faire croire au monde que Saddam Hussein détenait des armes de destruction massive, afin de justifier l’invasion de l’Irak par l’armée des USA. L’histoire a révélé la tromperie et le parjure auxquels s’était livré les maîtres de cette « grande démocratie ». À la réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU, la semaine dernière, la représentante américaine agite les photos de cadavres d’enfants gazés pour accuser l’armée syrienne de bombardements chimiques. Les mêmes méthodes qu’en 2003, qui pourraient bien aboutir aux mêmes constats. Le cynisme de Hollande, qui justifie l’attaque illégale US d’une base militaire syrienne, va jusqu’à ignorer l’utilisation d’armes chimiques à Mossoul, où le Comité international de la Croix-Rouge a dernièrement condamné, avec la plus grande fermeté, l'utilisation de ces armes dans le cadre des combats qui se déroulent autour de la ville irakienne (communiqué de presse du CICR le 3 mars 2017).

Qui utilise des armes chimiques en Irak ? Assad ? Daesh ? L’armée irakienne ? La coalition dont fait partie le France ? Sept patients présentant des symptômes caractéristiques d'une exposition à un produit chimique toxique ont été pris en charge à l'hôpital Rozhawa, situé non loin de Mossoul, où les affrontements se poursuivent. « Ces deux derniers jours, l'hôpital a admis cinq enfants et deux femmes présentant des symptômes cliniques suggérant une exposition à un produit chimique vésicant », a déclaré Robert Mardini, directeur régional du CICR pour le Moyen-Orient. « L'utilisation d'armes chimiques est strictement interdite par le droit international humanitaire. Nous sommes vivement préoccupés par ce que nos collègues ont vu, et nous condamnons vigoureusement tout usage d'armes chimiques, par qui que ce soit et où que ce soit », a-t-il ajouté.

Allons monsieur Hollande, un peu de courage, ou simplement d’honnêteté. Les victimes d’armes chimiques à Mossoul auraient-elles moins de valeur que celles de Syrie ? Monsieur le Président, vous dites que la campagne électorale en France est puante, n’est-ce pas le fait de votre quinquennat ?  Quand à votre politique étrangère, aujourd’hui à la remorque d’une Amérique gouvernée par un médiocre et dangereux personnage, elle est plus que nauséabonde. Vous avez cautionné une intervention militaire américaine en violation du droit international, et peut-être même, validé une manipulation orchestrée par un président en mal de légitimité dans la gouvernance de son pays. Vous porterez aussi la responsabilité des conséquences pour la paix dans le monde, que pourrait avoir la politique aventurière et guerrière, que vous aurait encouragée, d’un Trump incohérent et imprévisible. Quant à vous journalistes vertueux, si discrets sur l’utilisation d’armes chimiques à Mossoul, respectez-donc ce privilège d’informer que vous donne votre carte de presse.  

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