L’image de la Macronie à la recherche d’une légitimité, endossant le costume des va-t’en guerre, pourrait faire sourire s’il ne s’agissait des risques qu’un petit caporal de Trump fait courir à la paix dans le monde. Sans doute pour redorer son blason bien terni par sa politique intérieure, le président français s’adonne à une séance de virilité pour épater son maître américain. À cette pantomime, et à la propagande macroniste abondamment relayée par les médias, deux questions de bon sens suffisent pour se questionner sur la sincérité du pouvoir. Pourquoi l’armée syrienne après avoir totalement occupé Douma, aurait-elle procédé à une attaque chimique ? Pourquoi ces trois chefs de guerre ont-ils frappé la Syrie, alors qu’une commission d’enquête venait d’arriver à Damas ? Quand le Ministre des affaires étrangères français affirme détenir des « éléments d’information » de la supposée attaque chimique, les fausses preuves exhibées par Tony Blair et Georges Bush en 2003 lors de l’invasion de l’Irak démontrent ce que vaut la parole de ces hommes politiques.
Pour mieux appréhender la politique extérieure menée par Macron, je publie ici un extrait de mon ouvrage « Hollande et Macron : l’imposture » intitulé :
Une politique d’indépendance de la France, poursuivie par De Gaulle et Mitterrand, abandonnée par Sarkozy, Hollande et Macron.
Dans l’ouvrage « La France atlantiste ou le naufrage de la diplomatie » paru aux éditions du cerf, Hadrien Desuin, ancien élève de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, expose comment, en dix ans, la France est devenue la « vassale de l’Amérique, l’Élysée le supplétif de la Maison-Blanche, le Quai d’Orsay, le sanctuaire du néo-conservatisme. » Comment, sur deux quinquennats, Nicolas Sarkozy puis François Hollande ont enterré la politique d’indépendance de la France.
Aujourd’hui, alors que Macron tente de nous faire croire qu’il s’engage dans de nouvelles relations internationales, la diplomatie et les actions extérieures de la France demeurent soumises aux intérêts économiques d’une Europe inféodée aux Etats-Unis, dont le bras armé sur le vieux continent est l’OTAN. La poursuite des relations agressives envers la Russie ; la passivité envers les crimes répétés de l’État d’Israël, dont ceux perpétrés le 30 mars lors de la répression d’une manifestation à Ghaza où 18 palestiniens ont été tués par les balles de l’armée d’occupation israélienne ; ainsi que le soutien aux monarchies si peu démocratiques du golfe en sont des illustrations éloquentes. L’ingérence, aussi, dans les évènements de Catalogne, expression d’un suivisme docile de la politique définie par Bruxelles, et non d’une compréhension de la problématique posée par le peuple catalan. Faut-il rappeler au président Macron que la France devra respecter l’organisation, le 4 novembre prochain, d’un référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Le peuple catalan a légitimement le droit, lui aussi, de pouvoir s’exprimer sur le l’avenir qu’il entend choisir.
Au Moyen-Orient, l’attitude de la France dans les conflits qui secouent cette région est hypocrite. L’Arabie saoudite, avec 12 milliards d’euros, est le premier client de la France en armement depuis ces dix dernières années. La France donne des leçons d’humanité à la Syrie, alors que les armes françaises vendues à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis tuent au Yémen : (véhicules blindés de combats, intercepteurs maritimes, artillerie, missiles, matériel de ciblage équipant les avions de chasse saoudiens, assistance technique aux Mirages 2000-9 des Émirats). Ainsi, Amnesty International France et l’Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture (ACAT) dénoncent la fourniture par la France d’armements utilisés dans ce conflit, responsable de la « pire crise humanitaire au monde », avec plus de 10.000 morts, essentiellement des civils dont de nombreux enfants. L'ONU accuse l'ensemble des belligérants de violer les lois de la guerre en visant les populations et infrastructures civiles, comme les hôpitaux et les écoles. La France, serait-elle complice de crimes de guerre ?
Il aura donc fallu cette dénonciation d’Amnesty International France et de l’Action des Chrétiens pour l'Abolition de la Torture, pour qu’une certaine presse, trop occupée il est vrai à dénoncer les crimes en Syrie, s’émeuve des crimes perpétrés au Yémen avec la complicité de l’Europe et des États-Unis. C’est encore le cas de France 2 qui, quelques jours avant que ses journaux télévisés parlent de cette dénonciation impliquant la France, diffuse un reportage sur les enfants victimes de cette guerre, sans qu’une seule fois soit évoquée l’origine des armes qui perpétuent ces crimes. C’est là aussi, une notion très particulière de l’objectivité dont font preuve certains journalistes de cette chaîne publique. Autre exemple de soumission au pouvoir, l’entretien de complaisance de Laurent Delahousse avec Emmanuel Macron ; une opération de communication de mauvais goût, où le pseudo-interviewer joue le rôle d’un docile serviteur du maître de l’Élysée. Une curieuse conception de l’information, très appréciée par ce très médiatique Président.
Autre exemple pitoyable de soumission de la France à l’Amérique, le boycott par Emmanuel Macron du stand de la Russie, invitée d’honneur du salon du livre de Paris. En cause, cette vulgaire affaire d’ex-espion russe réfugié en Grande-Bretagne, victime d’un empoisonnement « commandité par la Russie », ce que Poutine continue à démentir, et qu’à ce jour aucune preuve n’a pu être fournie par les services secrets britanniques, dont on connait leur capacité à fournir de faux renseignements. Comme ce fut le cas en 2003, lors de l’invasion de l’Irak sous prétexte d’existence supposée d’armes de destruction massive possédées par Saddam Hussein. Comme l’a souligné le rapport de John Chilcot, président de la commission d'enquête britannique, Tony Blair avait délibérément exagéré la menace représentée par Saddam Hussein. L'examen de dizaines de lettres déclassifiées de sa correspondance avec George Bush montre à quel point il s'était engagé à l'avance auprès de son allié américain : « Je serai avec toi, quoi qu'il en soit, » écrit-il au président américain le 28 juillet 2002, huit mois avant l'intervention. Tony Blair, qui dans une interview accordée à CNN le 26 octobre 2015, a présenté « des excuses » pour l’invasion de l’Irak en 2003. Au cours de cette interview, Tony Blair reconnaît également une part de responsabilité dans la montée actuelle de l’organisation de l’État islamique en Irak et en Syrie.
Ce ne sont pas les faits, supposés, dénoncés par madame Theresa May fragilisée lors du dernier congrès du Parti conservateur, qui ont poussé Macron à boycotter le stand de la Russie au salon du livre de Paris, mais les pressions de Trump. Le comportement méprisant et agressif du président français envers un grand pays comme la Russie, illustre l’allégeance de ce président, il est vrai sans envergure, envers le maître de ce pays belliqueux, les USA, dirigé par un personnage aussi grossier qu’imprévisible. On ne peut s’empêcher de comparer cet évènement peu glorieux, aux honneurs pompeux rendus par le locataire de l’Elysée à Trump lors du défilé du 14 juillet à Paris. Les tensions avec la Russie s’inscrivent dans une stratégie agressive dictée par les États-Unis à l’Europe, dans un contexte de bouleversements géopolitiques mondiaux où s’affrontent les puissances de l’argent pour le contrôle des marchés. Les séquences provocatrices des États-Unis envers la Chine et la Russie en témoignent. Le risque d’un conflit militaire généralisé, déclenché par les États-Unis avec la complicité et le soutien des petits caporaux européens est bien réel. Theresa May, Angela Merkel et Emmanuel Macron sont les serviteurs zélés de Trump, comme Tony Blair l’a été de Busch. Espérons qu’un jour, ils n’aient pas à s’en excuser.
Quant au lamentable boycott de la culture et de la littérature russe au salon du livre, les propos tenus sur France tv info par les écrivains russes envers le président français sont éloquents.
Vladislav Otrochenko : « C’est un acte un peu enfantin par rapport aux grandes cultures de la Russie et de la France. Il agit comme un enfant capricieux … Ce n’est pas seulement injuste, mais absurde. »
Yana Vagner : « C’est un homme d’État pris en otage par la politique. Nous on est indépendants. On représente la culture et la littérature russe, tandis que lui, il est otage des politiques actuelles. »
Il est loin le temps où la France était dirigée par des hommes incarnant les valeurs de la France, artisans de son rayonnement et de sa grandeur, garants de son indépendance, comme De Gaulle, Mitterrand et Chirac, pour ne citer qu’eux. Hollande et Macron sont les deux faces d’une même médaille, celle de l’imposture.
(Extrait de « HOLLADE ET MACRON : L’IMPOSTURE de Léo Mira aux EDITIONS DU NET )