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Billet de blog 16 février 2023

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LA GUERRE EN UKRAINE VUE PAR UN COLONEL DE L’ARMÉE AMÉRICAINE

« La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. » (Paul Valéry)

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Depuis un an, la guerre en Ukraine nous est quotidiennement contée et commentée sur les plateaux de télévision des « grands médias » – dont LCI détient la palme d’or de la caricature « made in Kiev via Washington » –, comme un roman-feuilleton dans lequel s’illustrent des journalistes propagandistes et de savants commentateurs en mal de notoriété, dans une course à l’audimat où le sensationnel prime sur le factuel.

La guerre que mène la Russie en Ukraine n’échappe pas aux pratiques meurtrières des armées occupantes : tortures, humiliations, exécutions, crimes, et tant d’autres atrocités commises au nom de tant de mystifications sur lesquelles sont écrites tant de fausses vérités. Dans le climat d’émotivité et de propagande qui prévaut aujourd’hui en Europe, l’irrationnel rend difficile toute analyse objective. Or, tenter d’expliquer le pourquoi de cette guerre à partir de faits tangibles n’excuse en aucun cas l’inacceptable invasion de l’Ukraine par la Russie. Apporter un autre éclairage, en exposant les faits qui sont à l’origine de ce conflit, ne rend pas l’auteur complice de Poutine. Il faut parfois avoir la volonté de se libérer de la tutelle médiatique, et le courage de s’affranchir de l’influence de l’idéologie dominante. Comme l’écrit l’auteur Anton Gill : « Pour voir le monde autrement, il faut commencer par penser autrement. »

Et si pour une fois, cette presse savante devenait informative en permettant d’avoir un autre éclairage sur ce conflit ?  Hubert Védrine et Dominique De Villepin ne sont pas les seuls à émettre une opinion opposée au discours officiel sur les raisons de cette guerre. Le Colonel de l’armée américaine Douglas Macgregor, diplômé de West Point et titulaire d’un doctorat en relations internationales de l’Université de Virginie, et qui durant ses vingt-huit ans de carrière militaire a notamment été, durant l’intervention de 1999 au Kosovo, directeur de la planification stratégique et du centre d’opération interarmes du commandement suprême de l’Otan, déclare dans une interview accordée à l’Eclaireur, publiée par le média indépendant Breizh-Info le 22 novembre 2022 : « Ce sont nous les Américains qui avons décidées et imposées les sanctions. Nous ne semblons pas comprendre que quand nous sanctionnons un pays économiquement – que ce soit par des droits de douane ou autre chose – nous menons une guerre économique, ce qui est un conflit bien réel. Et nous avons été en guerre contre tous ceux qui ont une vision du monde différente de la nôtre. Nous sanctionnons des pays qui ne font montre d’aucune hostilité à notre égard, afin de les forcer à faire ce que nous disons. Sinon, ils souffrent.

Après tout, nous contrôlons le système financier. La finance et le commerce mondial sont dollarisés. Nous contrôlons les institutions (de Bretton-Woods, ndlr), Fonds monétaire international comme Banque mondiale. Tout cela, sont autant d’instruments que nous avons utilisés pour punir ceux qui ne nous soutiennent pas ou ne se sont pas alignés sur nos positions.

Cela date de la guerre du Vietnam. En fait, on peut même remonter jusqu’à la crise de Suez en 1956. Je pense que les Européens en ont soupé de nos arguties et vont découvrir que ce bonhomme, Stoltenberg (le secrétaire général de l’Otan, ndlr), comme ses prédécesseurs, n’est que le pantin de Washington. Est-ce vraiment là ce que les Européens attendent de l’Otan ? Est-ce bien ce que les Européens veulent de l’UE ? En toute franchise, je ne vois pas beaucoup d’avenir pour ces deux organisations, qui ne survivront pas à moins de changer profondément, de devenir plus européennes dans leurs orientations. Pour l’instant, elles sont sous influence américaine au service des intérêts américains.

Dans les années 1990, je travaillais à la direction de la stratégie et de la planification (war plans, ndlr) à l’état-major de l’armée de terre, qui est l’une des directions les plus importantes du Pentagone. L’un des sujets majeurs de discussion y était comment européaniser l’Otan, parce que la raison – la menace soviétique – et la mission – préserver la paix en Europe – pour lesquelles on l’avait constituée originellement n’existaient plus. » […] « Pourquoi concentrons-nous des forces militaires terrestres en Europe de l’Est ? Si notre posture est défensive, nous n’avons pas besoin de tout ce monde en Pologne et en Roumanie. La Russie ne pose pas de menace imminente à l’Otan. Que faisons-nous au juste ? S’agit-il plus que cela en a l’air ? Serions-nous en train de planifier une intervention directe en Ukraine ? » 

L’analyse de ce très haut gradé de l’armée des États-Unis, ayant exercé des fonctions importantes au sein de l’OTAN au cours de la guerre du Kosovo où les forces de l’alliance ont violé les Conventions de Genève, contraste avec la propagande quotidiennement diffusée par nos médias. Pour mémoire, le juge militaire suisse Luc Hafner, qui en 1997 a présidé le premier tribunal instauré en Suisse pour crime de guerre, dans un article publié le 2 juin 1999 par le quotidien Le Temps, « démontre que l’OTAN viole les Conventions de Genève et que les dirigeants devraient être eux aussi poursuivis pour crimes de guerre. L’OTAN a par ailleurs admis l’utilisation de munitions radioactives. »

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