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Billet de blog 18 juillet 2022

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LES MÊMES CAUSES PRODUISENT LES MÊMES EFFETS

« Pétain a aussi été un grand soldat. » (Emmanuel Macron, le 11 novembre 2018)

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Dans mon livre « MOI, PRÉSIDENT... L’IMPOSTURE » – publié en janvier 2022 (Librinova) –, j’écris : « Le 11 novembre 2018, à l’occasion de la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale, le président Macron déclare : « Pétain a aussi été un grand soldat. » Cette tentative du président de la République de réhabiliter Pétain, traduirait-elle la nécessité d’effacer de l’inconscient collectif d’une certaine bourgeoisie, la mauvaise conscience d’un passé où la finance copulait avec les démons du IIIe Reich ? Un passé où l’ennemi pour les milieux d’affaires était les luttes et les conquêtes sociales, obstacles à l’accroissement exponentiel de leurs profits. Peut-être fasciné par une période de notre histoire où les puissances de l’argent tiraient leurs profits d’une économie militarisée, le président de la République cherche-t-il à réhabiliter l’alliance du sabre et de l’argent ? Ou tente-t-il, une fois encore, de créer un écran de fumée pour dissimuler le mécontentement grandissant des Français ? ».

En ce 80e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv (les 16 et 17 juillet 1942, journées au cours desquelles la police française a arrêté et livré aux nazis allemands plus de treize mille Juifs), la Macronie s’insurge du rappel par Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale de ces déclarations faites en novembre 2018 par le président Macron. Or, l’attitude de la Macronie – flirtant avec les propositions de la FI avant le deuxième tour de la présidentielle pour récupérer les voix de gauche face à la candidate du RN –, et sa posture au second tour des législatives – favorisant l’élection de candidats de l’extrême droite –, donnent aujourd’hui à cette tentative de réhabilitation de Pétain un sens politique qui interpelle. Il ne s’agit pas de comparer Macron à Pétain, mais de mettre en parallèle des contextes politiques et socio-économiques semblables. Les trahisons électorales et les politiques antisociales menées par Hollande et Macron au profit de la mondialisation et des multinationales ont ouvert à l’extrême droite les portes du pouvoir.

Dans « MOI, PRÉSIDENT… L’IMPOSTURE » j’écris : « Dans un contexte économique et social de crise, si le profit des puissances de l’argent l’exigeait, elles financeraient l’extrême droite afin qu’elle accède au pouvoir et applique une politique conforme à leurs intérêts. […] « Plutôt Hitler que le Front populaire » disait le patronat français avant que la deuxième guerre mondiale éclate. Combien furent ces barons français de l’industrie qui contribuèrent à l’armement du Reich, au nom de l’union sacrée scellée entre les grands patrons français et allemands contre le mouvement social de 1936 ? Sous l’occupation, industriels et banquiers français collaboraient activement avec l’Allemagne hitlérienne. Faut-il rappeler que Louis Renault fournissait des camions à Hitler pour ses besoins de guerre ? Faut-il rappeler que la Banque de France avait détourné – de la Belgique vers l’Allemagne – 200 tonnes d’or ? (À lire « Industriels et banquiers français sous l’occupation » de l’historienne Annie Lacroix-Liz). IG Farben, société chimique allemande fondée en janvier 1925, s’allie en novembre 1929 avec les Britanniques ICI et Shell Oil et les Américains Standard Oil et Dupont, pour créer un cartel mondial de la pétrochimie finançant en 1932 la campagne électorale d’Adolf Hitler. IG Farben développera le gaz des chambres de la mort – le Zyklon B – et financera le pouvoir nazi durant la guerre. Franklin Roosevelt déclarait le 8 septembre 1944 : « L’histoire de l’utilisation par les nazis du trust IG Farben se lit comme un roman policier. La défaite de l’armée nazie devra être suivie de l’éradication de ces armes de guerre économique. » […] « C’est dans le contexte de crise économique des années 1930, que ces cartels de la finance internationale, basés à Wall Street et à Londres, contribuent à faire émerger les régimes fascistes en Espagne, en Italie et en Allemagne. Le développement des industries de guerre, avec pour conséquence le conflit armé de 1939-1945, est la conséquence d’une logique économique, celle du capitalisme dont Jaurès disait qu’il « porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage. »

Aujourd’hui, sous couvert de globalisation – comme dans les années qui ont précédé la grande dépression et la guerre –, les multinationales utilisent les mêmes méthodes, appliquent les mêmes mécanismes pour servir les mêmes intérêts, ceux de la grande industrie et de la finance. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la mondialisation mène à la surexploitation des ressources de la planète, à l’exploitation sans limite du monde du travail et à la précarisation de l’emploi. Elle mène à l’appauvrissement de ceux qui créent les richesses en travaillant plus, pour enrichir toujours plus la minorité de nantis possédant le pouvoir de l’argent. Spéculation financière, déréglementation du travail, chômage, baisse du pouvoir d’achat, misère, exclusion, multiplication des lois liberticides, atteinte aux libertés syndicales, montée des nationalismes et du racisme sont les signes annonciateurs d’une crise latente. Un cycle infernal qui inéluctablement conduit à des krachs financiers, à la crise économique, puis à la guerre. Une crise conditionnée idéologiquement par la restriction de la liberté d’expression et du droit à l’information, de par le contrôle sans précédent de la presse par les grands patrons de l’industrie et de la finance (BFM et France info porte-parole du pouvoir, CNews porte-voix de l’extrême droite avec la présence régulière sur leur plateau d’un syndicaliste raciste de la police, LCI organe de propagande de guerre au service de Zelensky.) Dans ce contexte de crise du capitalisme où les conflits d’intérêts opposent les nations, l’Europe – sous la tutelle de l’OTAN – joue le rôle de chien de garde des intérêts américains. Les gouvernances médiocres de Sarkozy, Hollande et aujourd’hui Macron ont affaibli la France. Macron s’inspire du modèle américain jusqu’à parodier les présidents US (main droite portée au cœur et yeux fermés quand retentit l’hymne national). Sur France culture, Régis Debray définit le président français comme « le produit de l’américanité […] c’est le primat de la personne sur le programme, du médiatique sur l’idéologie. » Cette vision d’un monde déshumanisé, et cet attachement au modèle outre-Atlantique – où l’argent est roi et les algorithmes au service du profit – sont inscrits dans l’ADN de la Macronie.

La Macronie, expression politique de l’oligarchie financière, s’accommode au gré de ses exigences de l’ascension de l’extrême droite vers le pouvoir. Comme elle s’accommode des sacrifices humains des Ukrainiens et des conséquences économiques et sociales subies par les peuples européens engendrés par la guerre en Ukraine. Un conflit armé dicté par les intérêts supranationaux de la finance et des marchés sous la houlette des États-Unis.

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