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Billet de blog 19 mars 2025

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LE RECUL DE LA DÉMOCRATIE SYMPTÔME D’UNE CONJONCTURE DE PRÉ-GUERRE

« Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire » (Albert Einstein)

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Le recul de la démocratie dans le monde est constaté par l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (l’IDEA) – basé en Suède – dans un rapport publié le 2 novembre 2023, stipulant que « même en Europe, une érosion de certains droits, comme la liberté d’expression ou la liberté d’association » est observée.

Les Français font depuis longtemps les frais de ce déclin démocratique, car depuis les quinquen­nats de Sarkozy et de Hollande, et aujourd’hui sous les mandatures de Macron, aux nombreuses crises sociales, le pouvoir politique répond par la répression violente et la promulgation de lois liberticides. Ce recul de la démocratie se vérifie aussi par la concentration des médias entre les mains des barons de l’industrie et de la finance, et l’exercice dévoyé du métier de journaliste par des informateurs peu respectueux de la déontologie qui encadre la profession. L’information partisane diffusée et commentée en boucle sur les guerres en Ukraine et au Proche-Orient, témoigne du rôle propagandiste que jouent ces journalistes formatés pour servir le discours officiel. Les atteintes aux droits et aux libertés anéantissent la démocratie, dont le droit à être librement et honnêtement informé est l’un des fondements. Ce recul démocratique est caractéris­tique des périodes de pré-guerre, où l’on prépare le bon peuple à fournir la chair à canon. Anatole France écrivait : « On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels ».

La banalisation de l’extrême droite, à laquelle participent les droites traditionnelles défenseuses des intérêts des puissances financières, et une sociale démocratie traditionnellement gestionnaire politique de ces intérêts, se traduit aujourd’hui par la convergence des actions de soutien à l’État colonialiste d’Israël. Les affirmations du socialiste Pierre Moscovici – ex-ministre de Hollande – le 11 novembre 2023 sur Radio J, le confirment : « Marine Le Pen n'est pas antisémite » […] « Elle ne l'a jamais été et son propos est sincère ». Le confirment aussi, les déclarations de l’homme d’affaires et député LR franco-israélien, Meyer Habib, faites sur CNews le 10 octobre 2023, saluant la réaction du RN après l'attaque du Hamas en Israël : « Ils ont été irréprochables par rapport à leur réaction. Je suis obligé de le dire » […] « À la différence de certains, le RN est rentré dans le camp républicain ». Marine Le Pen antisémite ? : « Elle ne l’est pas ! ». Ou encore, la déclaration de l’abonné itinérant des plateaux de télévision et des stations de radio, Raphaël Enthoven, préférant voter Marine Le Pen plutôt que Jean-Luc Mélenchon ; ou celle de l’ex-ministre Luc Ferry, affirmant que Marine Le Pen est « plus responsable et moins dangereuse » qu’Olivier Besancenot.

La collusion de ces caciques sociaux-démocrates et libéraux avec l’extrême droite, s’inscrit dans un contexte de crise économique du capitalisme, où le pouvoir politique, pour défendre les intérêts de la classe possédante, est amené à démanteler les acquis sociaux ; à porter atteinte aux libertés ; et à faire des étrangers les boucs émissaires du désordre économique et social dans lequel le pays a été plongé. Le vote de la loi immigration, le 20 décembre 2023, par les partis de droite – Renaissance, MoDem, Horizons, LR, et l’extrême droite RN – marque un tournant dans la crise démocratique que traverse la France. Après la supercherie à laquelle le pouvoir macroniste s’est livré pour justifier sa réforme des retraites, un nouveau degré d’infamie est franchi avec cette escroquerie politique qui consiste :

À négocier avec le LR une loi immigration largement inspirée par l’extrême droite ;

À nier cette vérité et à proclamer que l’adoption de cette loi qui intègre la préférence nationale est une défaite pour le RN ;

À se défausser, et – après avoir fait voter cette loi xénophobe – à s’en remettre au Conseil constitutionnel pour la rectifier tout en se justifiant, comme l’a fait le président de la République : « Est-ce que parce qu’il y avait des articles qui n’étaient pas conformes à notre Constitution, il fallait dire ''on ne fait pas d’accord et donc il n’y a pas de texte'' ? Ma réponse est non ».

Il convient aussi de relever cette immoralité, qui consiste à se prévaloir du soutien de l’opinion publique pour légitimer cette loi, alors que ce président a ignoré et méprisé plus de 70 % des Français qui rejetaient sa réforme des retraites.

Ce recul de la démocratie conduit aujourd’hui la France à être gouvernée par un monarque président déchu de sa légitimité populaire, et par un semblant de gouvernement soumis à la menace de l’extrême droite, et au chantage de deux ministres – Darmanin et Retailleau – issus de la droite extrême, se disputant l’autorité d’un Premier ministre virtuel. Ce pouvoir issu de minorités parlementaires, impose au peuple – avec la complicité des socialistes – une régression sociale et de nouvelles atteintes aux libertés, au nom d’une russophobie dictée par les intérêts d’une Europe expansionniste et guerrière. Une Europe du négoce, mondialiste, dont les intérêts économiques et géopolitiques s’opposent à ceux d’une Amérique déclinante, aujourd’hui confrontée à la montée des nouvelles puissances émergentes que sont la Russie et la Chine.

Cette radicalisation du pouvoir d’État, et la banalisation de l’idéologie néofasciste portée par l’extrême droite, mènent le pays sur la voie d’un régime antidémocratique. Le fait qu’aucun des courants politiques – hormis la gauche radicale – ne dénonce l’idéologie fasciste qui unit les partis au pouvoir en Israël ; le soutien que les partis politiques traditionnels – en communion avec l’extrême droite – apportent au pouvoir israélien, avec pour alibi l’antisémitisme ; l’accommodement de l’Union européenne mercantile avec les extrêmes droites au pouvoir en Europe (Italie, Hongrie, Pologne, Finlande, Lettonie, Pays-Bas, et la Suède gouvernée avec l’appui de l’extrême droite) ; sont autant de signes annonciateurs de crises démocratiques, comme celles qui ont précédé les deux guerres mondiales.

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