« Si, par le plus grand des malheurs, vous n’êtes pas au deuxième tour, vous préférez appeler à voter François Fillon, Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon face à Marine Le Pen ? » Benoît Hamon a répondu sans hésiter à la question que venait de lui poser Laurent Ruquier sur le plateau de l’émission « On n’est pas couché », diffusée samedi 8 avril sur France 2 : « Moi, je vais vous répondre franchement : Mélenchon. » (lemonde.fr 9/04/2017)
Curieuse réponse de la part d’un politicien qui n’a de cesse d’attaquer le candidat de la France insoumise. Dans sa réponse à Ruquier, il poursuit : « Parce que je considère qu’il y a, sur le fond, des proximités politiques. Sinon, nous n’aurions pas essayé de nous rassembler (…), c’est la proposition que je lui avais faite. Et pourquoi je la lui avais faite une deuxième fois. Quand il m’avait dit “Manuel Valls, c’est ce qui pose problème dans ton rassemblement”, Manuel Valls est parti, il a soutenu Emmanuel Macron, donc je me suis tourné à nouveau vers Jean-Luc, je lui ai dit : Manuel Valls n’est plus là, pourquoi ne viens-tu pas ? » Pour aller où ? À Canossa ? pourrait-on lui répondre.
À Toulouse, Hamon clame : « Jaurès vous aurait dit d’être libres. Votez pour vous dans cette élection. Et pour rien d’autre. Et certainement pas pour ce qu’on vous dit ». Surtout pas pour ce que vous dit Hamon, pourrait-on ajouter. Il a tant de fois bifurquer tout au long de sa campagne, au gré des exigences des apparatchiks de son parti (objectif avoué de piper les voix de la France insoumise et d’affaiblir Mélenchon), des trahisons de ses amis socialistes (Valls, Le Drian et toute la panoplie de ministres, sénateurs et députés à la recherche de mandats électoraux), de ses propres errances programmatiques (abrogation de la loi Travail, puis réaménagement de celle-ci, avant de promettre à nouveau de l’abroger ; signature de l’accord avec Jadot pour l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes, puis revirement et proposition de réaménager le projet, etc…)
À cinq jours du premier tour de scrutin, au plus bas dans les sondages depuis sa victoire à la primaire socialiste, Benoît Hamon semble être dans les débats, un candidat caméléon. Le chroniqueur Yann Moix a accusé Benoît Hamon d’une « forme de double langage sur Mélenchon, en disant de lui beaucoup de bien, et finalement en demandant à ses sbires d’en dire beaucoup de mal ». Aussi, peut-on légitimement se poser la question : pour qui roule le candidat Hamon ? À poursuivre ses attaques contre Jean-Luc Mélenchon, le candidat socialiste, de toute évidence, ne souhaite pas le succès de la gauche à la présidentielle. Alors, pour qui roule-t-il ? Les électeurs restés encore fidèles à ce candidat à la dérive devraient se poser la question.