D’abord la méthode et les modalités de ces perquisitions, sans précédent dans les affaires de même nature instruites par la justice : Fillon, Le Pen, Modem, PS, EELV, LR, ou LREM jamais perquisitionnée, alors que le candidat Macron a bénéficié de ristournes conséquentes ayant échappé à la Commission nationale des comptes de campagne (révélations faites en 2017 par Mediapart, Le Monde et France info). Avec une douzaine d’interventions simultanées dans le pays, jamais dans ce type d’affaire, des perquisitions ont été effectuées à une telle échelle. Aussi, on peut se poser la question : à qui profite le crime ? C’est la Cour européenne des droits de l’homme qui estime que le parquet, par son statut, n’est pas indépendant de l’exécutif. Le procureur étant nommé par décret en Conseil des ministres, il est de fait sous tutelle du pouvoir politique. Un juge est indépendant, un procureur non. L’empressement du Premier ministre et de la ministre de la Justice à monter au créneau pour proclamer que « la justice est indépendante », cache sans doute une provocation délibérée envers la principale force d’opposition au pouvoir macroniste. C’est donc dans le désordre politique créé par les démissions de Nicolas Hulot et Gérard Collomb, et la cacophonie qui a précédé le remaniement de façade d’un gouvernement étoffé d’une richissime ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités, et d’une secrétaire d’État à l’Écologie, lobbyiste de Danone, défenseur de l’huile de palme et des OGM, qu’il faut chercher les raisons de ces perquisitions musclées et spectaculaires, le jour de l’annonce du remaniement.
La liste des affaires en macronie, touchant des femmes et des hommes du pouvoir est longue : Bayrou, Sarnez, Ferrand, Kholer, Pénicaud, Nyssen, Flessel, Benalla. La plus ridicule, mais aussi la plus inquiétante étant celle des deux barbouzes de l’Élysée et de la République en marche, déguisés en policiers pour aller casser du manifestant le 1er mai. Mais d’autres faits ternissent l’image d’un président de plus en plus impopulaire : ses déclarations méprisantes à l’étranger, traitant les Français de « Gaulois réfractaires », ou arrogantes à l’encontre d’un jeune chômeur à la recherche d’un emploi, et du « pognon de dingue » mis « dans des minima sociaux », etc. Image, aussi, d’un président populiste, photographié pour un selfie aux côtés de deux jeunes des cités à Saint-Martin, dont l’un, ex-braqueur sorti de prison, est interpellé trois semaines plus tard en possession de 200 grammes de cannabis, et condamné à huit mois de prison. S’ajoute, le mécontentement grandissant d’une population touchée par la baisse du pouvoir d’achat et les mesures antisociales imposées par un gouvernement affaibli, et une majorité de députés godillots. Cette opération de diversion orchestrée par le pouvoir, est un piège grossier dans lequel Jean-Luc Mélenchon est tombé. Sa colère n’empêchera pas la justice de faire son travail. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt.