Caciques socialistes inconsolables de leur défaite électorale ; communistes en quête d’une nouvelle identité ; écologistes tiraillés entre tendances souvent issues d’ambitions personnelles ; insoumis victimes de leurs erreurs de communication ; la gauche n’en finit pas de se déchirer au grand dam d’un peuple en souffrance, et au profit des droites RN, LR et macronistes qui s’entendent pour appauvrir les Français et restreindre les libertés. Qu’aujourd’hui, l’alibi de cette fracture – dans un contexte de tensions internationales et de chasse aux sorcières instrumentalisée par les droites et le pouvoir –, soit les dramatiques évènements qui se déroulent au Proche-Orient est irresponsable. Les réactions émotionnelles et l’absence d’analyse critique de cette tragédie – prétexte pour Washington à ouvrir un nouveau front de conflits au Moyen-Orient, après ceux qui frappent l’Europe –, donnent de la gauche une image pitoyable.
Pendant que le Parti communiste tente d’occuper le vide politique laissé par l’échec électoral du Parti socialiste – sa doctrine de lutte des classes abandonnée au profit d’intérêts d’appareil et de compromis politiquement corrects – ; que les caciques sociaux-démocrates obéissant à des réflexes atlantistes chroniques, se font les porte-voix d’un pouvoir israélien dominé par l’extrême droite religieuse menant « une guerre des fils de la lumière contre les fils des ténèbres » (Yoav Gallant, ministre de la Défense d’Israël), l’Amérique prépare la confrontation du « bien » contre le « mal », en appelant les américains à se préparer « pour une guerre avec la Russie et la Chine » (Dans un rapport rendu le 12 octobre 2023, la commission du Congrès appelle les États-Unis à accélérer la modernisation de son armement et à améliorer ses armes nucléaires dans l’optique d’une guerre sur deux fronts contre la Russie et la Chine – defensenew.com/congress/2023/10/12 –). Une option que confirme l'amiral Charles A. Richard, haut gradé de l'armée des États-Unis à la tête de l'United States Strategic Command : « Entre les États-Unis et la Chine, une grande guerre approche. » […] « L’ennemi véritable des États-Unis n’est pas la Russie mais la Chine » […] « la crise en Ukraine n'est qu'un échauffement. »
Que la guerre en Ukraine soit un laboratoire de préguerre, comme l’a été la guerre d’Espagne, cela paraît évident. En l’état actuel d’inconscience des populations – manipulées par une presse partisane et propagandiste au service des patrons de l’industrie et de la finance qui la possède –, et la faiblesse des forces de paix dans le monde, que la crise que traverse le capitalisme nous mène à une nouvelle guerre mondiale est une certitude. Face aux difficultés qu’affrontent les Français et les risque de voir la planète s’embraser – les écologistes n’auront plus de cause à défendre, puisqu’un conflit atomique aura mis fin aux turpitudes de l’homme –, que la gauche se divise est un égarement impardonnable.
Oui, l’histoire se répète, avec son lot de trahisons et de déshonneurs. En 1914, le Parti socialiste allemand se joint à l’appel de l'empereur Guillaume II pour entrer en guerre contre la France : « Je ne connais plus de partis, je ne connais que des Allemands ! Comme preuve du fait qu'ils sont fermement décidés, sans différence de parti, d'origine ou de confession à tenir avec moi jusqu'au bout, à marcher à travers la détresse et la mort, j'engage les chefs des partis à avancer d'un pas et de me le promettre dans la main ».
En 1936, sous la pression de la droite et des radicaux, Léon Blum trahit la République espagnole en signant avec le Royaume-Unis un accord de non-intervention. La France abandonne la jeune République à la fureur fasciste de Franco, Hitler et Mussolini.
En 1956, Guy Mollet nommé président du Conseil s'engage dans une politique répressive en Algérie. Refusant toute solution négociée, le 12 mars 1956 il obtient – avec l’appui de la droite – le vote des pouvoirs spéciaux et la création d'une procédure de justice militaire de « traduction directe » sans instruction, ainsi que l'attribution des pouvoirs de police à l’armée[. Pouvoirs spéciaux qui permettront aux militaires de pratiquer la torture, alors qu’en janvier 1956, considérant que la guerre d’Algérie était « imbécile et sans issue » et que « l'indépendance est dictée par le bon sens. », le leader socialiste animait un « Front républicain » qui prônait une paix négociée en Algérie.
Aujourd’hui, une partie de la gauche tombe dans les mêmes travers, alors qu’elle est l’héritière du combat de Jean Jaurès, qui avant d’être assassiné disait que les guerres étaient provoquées par le choc des intérêts capitalistes, et qu’il était du devoir de la classe ouvrière de s’y opposer. Est-ce l’amnésie qui conduit aujourd’hui la gauche à se diviser, alors que plus que jamais la nation à besoin d’elle, unie.