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Billet de blog 20 janvier 2023

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Une puissante mobilisation en réponse au mépris d’un président arrogant

Le 18 janvier Macron « ne crois pas à une victoire de l’irresponsabilité » qui dit-il « ne reflète pas l'état d'esprit réel des Français », et le 19 janvier ses ministres flattent l’esprit de responsabilité des syndicats.

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À quelques heures d'une journée de grèves et de manifestations contre une réforme des retraites rejetée par 66% des Français (soit une augmentation de 7 points en une semaine, selon un sondage Elabe pour BFMTV) – par 72% selon un sondage Harris Interactive-Toluna, pour RTL et AEF Inf  et par 93% des actifs d’après une étude de l’Institut Montaigne –, l’Élysée fait savoir que Macron « ne crois pas à une victoire de l’irresponsabilité » et que cette mobilisation du 19 janvier 2023 « ne reflète pas l'état d'esprit réel des Français ». Une fois de plus, le naturel du président Macron, méprisant et arrogant, revient au galop. La forte mobilisation de cette première journée de grèves et de manifestations contre la réforme des retraites s’inscrit dans un climat social où 53% des Français interrogés répondent qu’ils éprouvent de la colère. L’ampleur de cette journée d’actions, avec 250 manifestations organisées dans toute la France, rassemblant plus de 2 000 000 de personnes (sources syndicales), dont 400 000 manifestants à Paris, dément la vision monarchique de ce président hors sol. Un président usant de la tromperie pour imposer sa réforme, en auto-proclamant une prétendue légitimité conférée par les résultats d’un scrutin exprimant un vote majoritaire des électeurs contre Marine Le Pen. La désinvolture avec laquelle ce pouvoir manipule la réélection – par peur de l’extrême droite – du président Macron, ne peut qu’accroître la colère des Français. La supercherie de cette réforme est de faire croire qu’elle est justifiée par un souci d’équilibre financier, alors qu’en réalité elle est dictée par une idéologie fondée sur un modèle de société conduisant à la privatisation de la protection sociale, de la santé, de l’éducation, des transports, de l’énergie et d’autres services publics, comme ceux de l’eau et de la collecte des déchets ménagers déjà privatisés par des municipalités administrées par la droite.

Cette réforme qui prétend résorber le déficit des régimes de retraites, se soldera par des coûts sociaux imputés aux budgets de l’Assurance chômage et de l’Assurance Maladie. Un actif est considéré senior à partir de 50 ans selon les critères de l’INSEE, et 55 ans par Pôle emploi. Selon un rapport de la Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques (Dares) publié en avril 2022, le taux d’emploi des 55-64 ans (16,8% de la population active) est de 56%. Il passe de 75,1% pour les 55-59 ans à 35,5% pour les 60-64 ans. Selon ce rapport, le taux de chômage augmente au fur et à mesure que les seniors prennent de l’âge : de 5,2% chez les 50-54 ans, il passe à 6% chez les 55-60 ans, et à 6,9% pour les 60-64 ans. Une étude de l’Apec/Pôle emploi publiée en janvier 2022 indique que pour 81% des cadres seniors, la rupture du contrat de travail intervient sur initiative de l’employeur. Les seniors restent au chômage plus longtemps après 55 ans (771 jours en moyenne) que le reste des demandeurs d’emploi (349 jours en moyenne). Le recul de l’âge de départ à la retraite à 64 ans provoquera mécaniquement une augmentation des demandeurs d’emploi séniors.

Selon le Professeur Françoise Forette, médecin interniste gériatre, la force musculaire décroit de 25% entre 40 et 65 ans ; le besoin de lumière, mais aussi l’éblouissement visuel augmentent ; dès 45-50 ans l’audition décroit ; les chutes liées à un trouble de l’équilibre augmentent après 45 ans ; la mémoire à court terme peut se dégrader à partir de 50 ans, et le fait de partager son attention entre plusieurs sujets devient complexe (Magazine de la santé du 23 janvier 2019). Une enquête de la Dares indique que « seulement 6 % des cadres cumulent au moins trois contraintes physiques (postures, déplacements, poids à porter ou à déplacer, exposition à des secousses ou à des vibrations). A contrario, qu’ils soient qualifiés ou non qualifiés, plus de 60 % des ouvriers et près d’un employé de commerce ou de service sur deux sont concernés. Les ouvriers sont également les premiers concernés par les expositions aux bruits, aux fumées, aux poussières et aux produits dangereux. » L’enquête dit aussi que « la survenue ou l’aggravation de problèmes de santé, qu’ils soient temporaires ou permanents, jouent également sur le maintien ou l’accès à l’emploi. » Faire travailler plus longtemps les séniors aggravera leur santé, diminuera leur espérance de vie et entraînera des conséquences financières sur le budget de l’Assurance Maladie. Cette réforme est donc, non seulement injuste, mais aussi absurde et inutile.

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