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Billet de blog 21 octobre 2018

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Perquisitions : une police politique

Le témoignage de Hélène Magdo, ex-collaboratrice toulousaine de Jean-Luc Mélenchon, publié le 20 octobre par la LADEPECHE.fr sur ses 4h30 d’audition par la police à Carcassonne, illustre les méthodes condamnables employées dans une enquête menée à charge.

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Hélène Magdo, a été l'assistante de circonscription de Jean-Luc Mélenchon pendant quatre mois en 2009, quand il était député européen du sud-ouest. Elle a fait partie de la vingtaine de collaborateurs ou ex-collaborateurs entendus par la police. Auditionnée pendant 4h30 dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris, sous l’autorité d’un procureur sous tutelle de la ministre de la Justice, et non d’un juge, rappelons-le car cela a son importance quant à la dimension politique que revêtent ces perquisitions, Hélène Magdo témoigne : « On a fouillé ma vie. » « Ils étaient très bien renseignés sur mon activité. Ils ont retracé tout mon parcours professionnel depuis que j'ai eu mon bac dans les années 2000. Mes emplois, mon travail, les conditions dans lesquelles j'ai été recrutée. Ma vie professionnelle, ma vie militante, ma vie associative quand je m'étais occupée d'enfants, ils voulaient tout savoir. C'était un balayage complet de ma vie. Y compris personnelle sur l'emploi et les activités de mon conjoint ». LADEPECHE.fr écrit : Au cours de l'audition, les policiers reviennent sur son activité d'assistante de circonscription en 2009. Elle représentait alors le député européen Mélenchon dans les 18 départements du grand sud-ouest à l'époque, notamment, de la fermeture de l'usine Molex à Villemur-sur-Tarn en Haute-Garonne. « C'est difficile de se souvenir de tout neuf ans après », explique Hélène Magdo. Elle confie : « Donner des exemples de mon travail n'intéressait pas les policiers ». Ce qui l'a le plus choqué ? « Ils voulaient savoir si tous les téléphones étaient les mêmes à l'époque au siège du Parti de Gauche ». Elle n'a toujours pas compris pourquoi les policiers s'y intéressent. « Ils voulaient savoir aussi qui me donnait des ordres ! C'est évident ! J'étais l'assistante de circonscription de Jean-Luc Mélenchon ». Quand on lui demande qui la rémunérait, Hélène Magdo répond du tac-au-tac : « le Parlement européen ». Et de préciser : « Nous avions interdiction d'avoir en parallèle une activité politique nationale. Et nous étions très rigoureux dans notre relation avec le Parlement européen ». Le 31 décembre 2009, après deux contrats, elle choisit de quitter ses fonctions pour revenir dans la région, elle qui a grandi en Ariège. Hélène Magdo, redevenue simple militante, reste très en colère des perquisitions et auditions menées cette semaine contre la France Insoumise. « C'est une enquête pour chercher des choses, pas pour en trouver. Une enquête menée à charge pour nous nuire, pour faire mal. On a peur de ce qu'on représente. C'est une enquête politique. On nous a traités comme des gangsters ». (LADEPECHE.fr du 20 octobre 2018)

            Il y a trois semaines, le président de la République et le Premier ministre se mêlaient de la nomination du successeur de François Molins au poste de procureur de Paris, marquant un tournant dans la façon dont l’exécutif s’implique dans la justice. Alors que la garde des sceaux comptait proposer au Conseil supérieur de la magistrature, les noms de Nicole Belloubet, Maryvonne Caillibotte, et Marie-Suzanne Le Quéau, l’Elysée faisait part de ses réticences, et la chancellerie lançait un nouvel appel à candidature. Proclamer aujourd’hui, comme l’ont fait le Premier ministre et la ministre de la Justice, que la justice est indépendante, relève de l’imposture. Le témoignage de cette femme en colère à la suite de son audition à Carcassonne, révèle des méthodes de police politique. Jusqu’où le pouvoir macroniste pourrait-il aller pour tenter de museler l’opposition ?  

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