Comment ne pas s’intéresser en premier lieu à ce sénateur qui est à l’origine de ce texte de loi, adopté sans débat par les parlementaires de droite – macronistes, centristes, LR et RN. Cet homme d’affaires et exploitant agricole, représentant de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), défenseur acharné d’une agriculture productiviste au service d’agriculteurs motivés par les profits financiers, rédige le texte de loi destiné à réintroduire un pesticide très toxique pour les pollinisateurs et les milieux naturels, mais aussi à faciliter le stockage de l'eau et l'agrandissement des élevages intensifs. En janvier 2025, il présente un amendement au projet de loi de finances visant à supprimer l'Agence française pour le développement et la promotion de l'agriculture biologique, adopté au Sénat avec le soutien du gouvernement.
Comment ne pas s’intéresser aussi à cette organisation patronale qu’est la FNSEA, syndicat des exploitants agro-industriels, opposant aux normes et contraintes environnementales ; et à son président, le productiviste Arnaud Rousseau, adepte des organismes génétiquement modifiés (OGM), de la réintroduction des semences enrobées de néonicotinoïdes, des retenues de substitution d'eau (mégabassines), et du maintien des pesticides. Homme d’affaires et chef d’une exploitation céréalière de plus de 700 hectares en Seine-et-Marne, ce « syndicaliste » qui prétend défendre les intérêts du monde agricole ne cumule pas moins de 22 mandats en 2024 dans des groupes industriels et financiers. Qu’est-ce qui relie encore les petits producteurs au système agro-industriel que défend avec ferveur la FNSEA ?
Peuvent-elles, les petites et moyennes exploitations agricoles, être solidaires d’un syndicat qui les condamne à disparaître au profit d’exploitants industriels ? Peut-il, le monde paysan, être solidaire d’une loi « qui ne répond en rien aux difficultés du monde agricole » et « va à l'encontre de l'intérêt général », comme le dit Stéphane Galais, porte-parole de la Confédération paysanne ? Non, le monde agricole n’est pas solidaire d’une loi « coup de force antidémocratique qui est une régression radicale » pour l'environnement et la santé publique, ainsi qu'une « négation des faits scientifiques sur la dangerosité des pesticides », déclare le comité Scientifiques en rébellion. Agriculteurs, scientifiques et acteurs de la société civile – avec près de 1,5 million de signatures recueillies le 21 juillet 2025 par la pétition contre la loi Duplomb – disent non à cette imposture.