Le 25 octobre 2010 – après la publication par le site WikiLeaks de 400 000 documents dévoilant les mau-vais traitements infligés ou couverts par l’armée américaine –, dans un article intitulé Guerre d’Irak : les États-Unis face à leurs crimes, le journal Libération écrivait : « Ces révélations sont " honteuses " a tout de même réagi le Pentagone. Ainsi, pour l'administration Obama, ce ne sont pas les exactions ex-posées par ces carnets de guerre irakiens qui sont " honteuses ", ni les 700 civils au moins tués par les troupes américaines, les milliers d'autres victimes " collatérales " de la guerre ou les tortures dans les pri-sons irakiennes dont les militaires américains ont eu connaissance sans réagir. Ce qui est " honteux ", se-lon Geoff Morrell, porte-parole du Pentagone, c'est la publication par WikiLeaks de rapports internes à l'armée, censés rester confidentiels. Ces carnets de guerre irakiens vont être une nouvelle " mine " pour les " ennemis " de l'Amérique et les " organisations terroristes ", s'est indigné Morrell. La vie des soldats américains, et de leurs alliés locaux, est mise en danger par ces révélations, argumente le Pentagone, comme il l'avait fait déjà cet été après la publication par WikiLeaks de documents comparables sur la guerre en Afghanistan. »
Il ne s’agit nullement d’excuser les atrocités subies par le peuple ukrainien dans la guerre que Poutine mène en Ukraine, mais face à la propagande de guerre diffusée sur nos médias, de dénoncer la responsabi-lité de tous les responsables de crimes de guerre qui ont sévi ces dernières décennies. Dans les crimes de guerre commis, il ne peut y avoir deux poids et deux mesures. Il ne peut pas y avoir les « bons » crimes de guerre, et les « mauvais » crimes de guerre. Aussi, quand Joe Biden déclare que Poutine est « un criminel de guerre », ou que la Russie va utiliser « l’arme chimique » en Ukraine, l’on peut se demander si c’est son âge qui atteint sa santé mentale ou s’il est aussi menteur et cynique que Bush et Powell brandissant à l’ONU des fausses preuves sur la supposée détention d’armes chimiques par l’Irak.
La CPI, une justice fabriquée par les pays de l’OCDE pour qui ? En juillet 2016, une plainte auprès de la Cour pénale internationale pour « crimes contre l'humanité » est dé-posée à l'encontre de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair. Malgré les mensonges proférés et le but avoué (l’exécution de Sadam Hussein), Tony Blair a justifié l’« obligation de faire la guerre » pour le bien des Irakiens qui eux n’avaient rien demandé (comme le fait Poutine en Ukraine). Tony Blair ne sera jamais condamné, pas plus que Georges Walter Bush puisque les États-Unis d'Amérique n'ont pas signé le statut de Rome de la CPI de 1998 (la Russie non plus*) permettant aux responsables des pays adhérents de pouvoir être jugés pour des crimes internationaux.
US GO HOME
En mars 1999, lors de l’opération « Force alliée » en Yougoslavie, l’OTAN a violé le droit de la guerre en bombardant la République fédérale de Yougoslavie faisant selon les sources, de 400 à 600 victimes ci-viles. Le bilan des victimes irakiennes entre 2003 et 2011 a été de 109 032 selon Wikileaks, à plus de 1 million de morts (civils et combattants) selon d’autres sources. Selon les Américains, le bilan aurait été de 77 000 Irakiens civils et militaires tués de 2004 à août 2008. Au Viêt Nam du Nord, où l’armée améri-caine a bombardé massivement les populations civiles au napalm, les pertes humaines ont été de près de 1 million de soldats tués et 900 000 blessés et mutilés. Au Viêt Nam du Sud, le bilan a été de près de 700 000 morts, dont 430 000 civils et 1,8 million de blessés et mutilés. Du côté américain, on a dénombré près de 60 000 morts et 350 000 blessés et mutilés. Entre 1945 et 1975, en Indochine et au Vietnam près de 4 millions de civils ont perdu la vie. Ont-ils été jugés les responsables de ces guerres coloniales ? En Afghanistan, après vingt ans de guerre et de corruption, et 165 000 morts, les Américains et leurs alliés laissent le pays dans le désordre et la misère.
La CPI, une justice fabriquée par les pays de l’OCDE pour qui ?
Oui, tous les crimes de guerre doivent être jugés. Comme devraient être jugés ceux qui depuis l’effondrement du bloc soviétique ont contribué à créer les tensions avec la Russie, et donné un prétexte à Poutine pour envahir l’Ukraine. Comme devraient aussi être jugés ceux qui par l’escalade créent sciem-ment les conditions d’une guerre généralisée sur le dos du peuple ukrainien. Comme devraient être blâmés ceux qui aujourd’hui sans vergogne s’enrichissent de cette guerre par la vente d’armes (l’industrie de guerre américaine) et la spéculation (les compagnies pétrolières). Assez d’hypocrisie et de mensonges. Cette guerre est aussi la conséquence d’une mondialisation économique dans laquelle les puissances de l’argent se disputent des parts de marché et l’appropriation des ressources naturelles. À Moscou Poutine défend les intérêts de ses oligarques, à Washington Biden ceux de ses banquiers et de son industrie de guerre, à Kiev et à Bruxelles ceux des oligarques ukrainiens et des multinationales européo-américaines. Tous ces gouvernants sont davantage préoccupés par la défense des intérêts de la finance, que par le sort de leurs peuples qui comme dans toutes les guerres servent de chair à canon.
(*) La Russie avait signé en 2000 le Statut de Rome, mais ne l’avait jamais ratifié. En novembre 2016, Moscou retirait sa signature et les obligations qui étaient liées, reprochant à la juridiction pénale chargée de juger les personnes accusées de crime contre l’humanité et de crime de guerre, de ne pas être « véritable-ment indépendante ».