Les droites et les socialistes font de La France insoumise le principal danger. Le Front républicain est aujourd’hui travesti en Front anti-républicain, au profit d’un combat sans nuance contre l’opposition politique la plus radicale au pouvoir de l’argent et des ultra-riches. Cette alliance objective s’inscrit dans une stratégie idéologique amorcée sous le gouvernement Bayrou – dont l’éclatement du NFP fut la mission première – et prolongée avec Lecornu par les obscures négociations d’antichambre entre socialistes et macronistes. Ce n’est pas un hasard, si le candidat socialiste de 2012, celui du fameux « Moi, président ... », symbole de la trahison et de l’imposture, mentor du président des riches Macron, pavoise aujourd’hui sur les plateaux de télévision en donnant le ton d’un Parti socialiste revenu à ses sources : trahir pour mieux servir les intérêts de la classe possédante. L’histoire de la social-démocratie est trop souvent jalonnée de ces épisodes où, lorsque les partis de la droite classique ne parviennent plus à gérer politiquement les intérêts du grand patronat et de la finance, ils s’allient avec les socialistes pour poursuivre leurs politiques antisociales. La mandature de Hollande, entachée de mensonges et de trahisons, et celles de son disciple Macron – avec les Jean-Yves Le Drian, Marisol Touraine, Olivier Dussopt, Florence Parly, Christophe Castaner, Élisabeth Borne, Olivier Véran, Sophie Cluzel, Emmanuelle Wargon, Brigitte Bourguignon, Gabriel Attal, Marlène Schiappa, Manuel Valls, liste non exhaustive des ministres ou secrétaires d’État qui ont déserté le PS pour aller servir la Macronie et la finance – illustrent ces gouvernances qui ont imposé l’austérité dictée par Bruxelles avec Hollande, et l’accaparement des richesses par les multinationales et les ultrariches avec Macron. L’alliance des socialistes avec les forces de gauche au sein de la Nupes et du NFP – exigée par une base qui déjà clamait : « Ne nous trahissez pas ! » – n’aura été qu’une parenthèse qui les a sauvés du naufrage dans lequel Hollande les avait précipités.
Cette longue période qui a suivi la sinistre mandature de Sarkozy, s’inscrit dans l’accélération débridée d’une phase de développement du capitalisme, portée par une mondialisation pilotée par Bruxelles avec le soutien actif des sociaux-démocrates, qui pousse les multinationales et la finance à délocaliser la production industrielle pour maximiser leurs profits. La production anarchique des biens de consommation et l’exploitation dévastatrice des ressources naturelles ; la dérégulation des marchés et l’antagonisme entre intérêts capitalistes – notamment ceux d’une Europe de Bruxelles expansionniste face aux intérêts d’une Amérique impérialiste, elle-même confrontée à la montée des puissances émergentes que sont la Chine, le Russie, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud réunis au sein des BRICS – ont provoqué une crise du capitalisme qui a conduit à l’appauvrissement des classes moyennes et populaires. C’est à la lumière de ce désordre mondial et des conflits armés qu’il faut contextualiser la dérive du Parti socialiste, qui comme en 1936, ne rejoint les luttes des classes dépossédées que contraint et forcé par la base. Dans cette crise cyclique du capitalisme, où la gouvernance de la France par la collusion des droites au sein de la Macronie s’est fracturée sous la poussée des luttes sociales, la puissance financière cherche d’autres relais politiques pour défendre ses intérêts et préserver ses privilèges. Historiquement, la social-démocratie, ayant toujours servi de roue de secours au pouvoir de l’argent, est aujourd’hui la béquille sur laquelle la finance tente de s’appuyer – dans l’attente que le Front anti-LFI brise les luttes sociales et l’aspiration populaire à améliorer le pouvoir d’achat, à davantage de justice sociale et fiscale, au droit à l’éducation et à la santé – et que l’extrême droite accède au pouvoir. La mission que le Parti socialiste s’est arrogée – préparer la succession au macronisme par le compromis avec les partis de droite – conduit inéluctablement à l’accession au pouvoir de l’extrême droite.
Ce Front dit républicain contre La France insoumise, initié par les socialistes et Fabien Roussel – l’invité attitré des médias pour cracher sur Mélenchon – colporte un discours nourri de haine, de mensonges, d’amalgames et de confusions à l’égard des insoumis : sur l’État d’Israël gouverné par l’extrême droite et les religieux extrémistes ; sur le sionisme et l’antisémitisme ; sur l’immigration et l’insécurité.
Je ne milite pas à LFI. J’ai toujours été un fidèle électeur socialiste, unitaire et respectueux des préceptes de Jaurès. Mais aujourd’hui, je dis : Honte à ces politiciens grimés en hommes de gauche à l’approche des échéances électorales, qui, avec les droites et l’extrême droite, font le lit du Rassemblement nationale. Honte à ces marchands d’illusions, qui, sous couvert de la « responsabilité » et de leur « faculté à gouverner », endossent sans scrupule la cause de la classe dominante et de la finance.