Après le mutisme suspect de la Maison blanche aux débuts de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, Biden dévoile enfin le rôle d’instigateur et de coordinateur qu’il joue dans l’escalade de ce conflit. Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison blanche, Jake Sullivan, déclare : « Joe Biden aura l'occasion de coordonner la prochaine phase de l'aide militaire à l'Ukraine. Il se joindra à nos partenaires pour imposer des sanctions supplémentaires contre la Russie et renforcer les sanctions existantes afin de s'assurer d'une application ferme ». À Bruxelles, le président américain a l'intention de « coordonner étroitement notre message » avec les Européens face à la Chine, qui se refuse à condamner l'invasion de l'Ukraine, et que les États-Unis ont menacé de représailles si elle fournissait une aide à la Russie. « Nous parlerons d'une seule voix sur ce sujet » avec les Européens, assure le conseiller de Biden. Depuis l’intervention militaire de la Russie en Ukraine, les Américains n'ont cessé de jeter de l’huile sur le feu, et n’ont à aucun moment tenté de créer les conditions pour que cesse cette guerre absurde et meurtrière pour le peuple ukrainien. Pire, ils tirent profit du conflit pour vendre de l’armement à l’Europe, notamment à l’Allemagne qui privilégie l’achat de 35 avions de combat F-35 américains au détriment de nos Rafales. Comme l’écrit le journal Marianne sous le titre « Ah, elle est belle, l'Europe de la défense ! : Un choix politique qui consiste à se placer sous la tutelle nucléaire américaine au sein de l’Otan. Ne serait-il pas envisageable que la dissuasion nucléaire européenne soit confiée à la seule puissance atomique de l’UE, censée être le partenaire privilégié de l’Allemagne, c’est-à-dire… la France ? »
La déclaration de la Maison blanche – la veille de l’entretien de Joe Biden avec Xi Jinping – menaçant la Chine de sanctions si celle-ci aidait la Russie (une déclaration pour le moins burlesque avant une rencontre visant à amener cette grande puissance qu’est la Chine à se désolidariser de la Russie), illustre la posture hypocrite de Washington dans ce conflit. Tout laisse à supposer que les États-Unis, qui depuis la fin de la guerre froide n’ont cessé de mener une guerre expansionniste dans le monde, cherchent aujourd’hui à créer les conditions d’une guerre généralisée qui inéluctablement nous conduirait à une nouvelle guerre mondiale, dont les conséquences pour l’humanité seraient sans doute irréversibles. Se dissimuler derrière l’hystérie médiatique et l’émotion que provoque le prix payé par le peuple ukrainien à cette guerre injustifiable – qui enrichit les marchands d’armes et de pétrole de tous pays –, pour ne pas dénoncer les manœuvres hypocrites de nos gouvernants et le danger qu’ils font courir à la paix dans le monde, relève d’une naïveté insensée ou d’une complicité coupable. Le seul moyen pour mettre fin aux souffrances du peuple ukrainien est d’imposer à Poutine, à Biden et à ses vassaux européens de négocier pour garantir la souveraineté et la sécurité de l’Ukraine et de tous les pays d’Europe, y compris de la Russie.
L’assassinat de Jean Jaurès le 31 juillet 1914, trois jours avant que la France n’entre dans la Première Guerre mondiale, mettait un terme aux efforts de paix du tribun socialiste qui déclarait que les guerres étaient provoquées par le choc des intérêts capitalistes, et qu’il était du devoir de la classe ouvrière de s’y opposer. C’est le jeu des Alliances dans la crise internationale provoquée par l’attentat de Sarajevo le 28 juin 1914, qui mènera à la guerre et à l’Union sacrée. Une union qui conduira les classes politiques dans chaque pays belligérant à s’unir autour de leurs gouvernants. Ainsi, en Allemagne le Parti socialiste allemand (SPD) – répondant à l’appel de l'empereur Guillaume II : « Je ne connais plus de partis, je ne connais que des Allemands ! Comme preuve du fait qu'ils sont fermement décidés, sans différence de parti, d'origine ou de confession à tenir avec moi jusqu'au bout, à marcher à travers la détresse et la mort, j'engage les chefs des partis à avancer d'un pas et de me le promettre dans la main » – votera l’entrée en guerre en août 1914. C’est le jeu des alliances au sein de l’OTAN qui entraînerait la France dans la guerre déclarée, si d’aventure les Européens par jusqu’au-boutisme poursuivaient l’escalade dictée par Washington. Jaurès a payé de sa vie sa clairvoyance et son opposition à la guerre. Dans cette nouvelle crise internationale, allons-nous par naïveté ou par lâcheté permettre aux va-t-en-guerre de nous entraîner dans une confrontation armée, et nous conduire à une « Union sacrée » pour servir de chair à canon, afin d’assouvir la soif de profits des puissances de l’argent ? La guerre n’est pas une fatalité. Face aux atrocités infligées aux ukrainiens, dénoncer la guerre que mène Poutine en Ukraine répond à une exigence de solidarité envers ce peuple agressé. Il faut aussi avoir la lucidité et le courage de résister à cette idéologie dominante qui sert les intérêts de ceux qui tirent profit des guerres. Exiger la paix est le seul combat qui peut mettre fin aux souffrances du peuple ukrainien, et nous sauver d’un cataclysme planétaire.