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Billet de blog 24 avril 2024

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LA FIN DU MYTHE DU PEUPLE PERSÉCUTÉ

Comment le peuple juif fut inventé, ou la déconstruction d’une histoire mythique. (Le Monde diplomatique - août 2008)

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Les bombardements massifs des populations civiles et les crimes de guerre commis par l’État hébreu dans la bande de Gaza et en Cisjordanie ; le blocus humanitaire et l’organisation méthodique de la famine ; l’exode forcé des populations dans le dessein de coloniser leurs terres, constitue de fait un génocide perpétré à l’encontre du peuple palestinien.

La justification biblique de ce génocide – « une guerre des fils de la lumière contre les fils des ténèbres » – par Netanyahou, l’extrême droite, et les religieux ultra-orthodoxes au pouvoir en Israël, conduit à démythifier la pensée sioniste, qui veut que les Juifs soient les descendants du royaume de David.

Comme l’écrit l’historien israélien Shlomo Sand, professeur à l’université de Tel-Aviv, et auteur de « Comment le peuple juif fut inventé », paru chez Fayard en septembre 2008 – auquel Le Monde diplomatique y consacre ses pages en août 2008 – « la diaspora juive ne naquit pas de l’expulsion des Hébreux de Palestine, mais de conversions successives en Afrique du Nord, en Europe du Sud et au Proche-Orient. Les Juifs ne sont pas les descendants du royaume de David, mais les héritiers de guerriers berbères ou de cavaliers khazars. » L’historien israélien Shlomo Sand écrit que l’interprétation de l’histoire juive « est l’œuvre, depuis la seconde moitié du XIXe siècle, de talentueux reconstructeurs du passé, dont l’imagination fertile a inventé, sur la base de morceaux de mémoire religieuse, juive et chrétienne, un enchaînement généalogique continu pour le peuple juif. »

Dans son livre, Shlomo Sand interroge : « La Bible peut-elle être considérée comme un livre d’histoire ? Les premiers historiens juifs modernes, comme Isaak Markus Jost ou Leopold Zunz, dans la première moitié du XIXe siècle, ne la percevaient pas ainsi : à leurs yeux, l’Ancien Testament se présentait comme un livre de théologie constitutif des communautés religieuses juives après la destruction du premier temple. Il a fallu attendre la seconde moitié du même siècle pour trouver des historiens, en premier lieu Heinrich Graetz, porteurs d’une vision « nationale » de la Bible : ils ont transformé le départ d’Abraham pour Canaan, la sortie d’Égypte ou encore le royaume unifié de David et Salomon en récits d’un passé authentiquement national. Les historiens sionistes n’ont cessé, depuis, de réitérer ces " vérités bibliques ", devenues nourriture quotidienne de l’éducation nationale. »

L’auteur remet en question les dogmes sionistes : « Il n’existe pas non plus de signe ou de souvenir du somptueux royaume de David et de Salomon. Les découvertes de la décennie écoulée montrent l’existence, à l’époque, de deux petits royaumes : Israël, le plus puissant, et Juda, la future Judée. Les habitants de cette dernière ne subirent pas non plus d’exil au VIe siècle avant notre ère : seules ses élites politiques et intellectuelles durent s’installer à Babylone. De cette rencontre décisive avec les cultes perses naîtra le monothéisme juif. »

Les empires coloniaux se sont toujours appuyés sur la religion pour opprimer les peuples. C’est au nom du christianisme et de l’évangélisation des « sauvages », que les populations autochtones des Amériques ont été colonisées et massacrées. Les guerres modernes se servent aussi de la religion, pour justifier les crimes et les génocides. La guerre colonisatrice que mène Israël en Palestine n’échappe pas à cette règle. Si Marx considérait la religion comme « l’opium du peuple », elle est aussi le carburant idéologique de la guerre et de l’oppression. La justification biblique que Netanyahou, l’extrême droite, et les fanatiques religieux au pouvoir en Israël donnent au génocide qu’ils font subir aux Palestiniens, est de même nature que la mystification politique utilisée par les va-t-en-guerre dans le conflit russo-ukrainien.

Il faut absolument lire le livre paru chez Fayard en septembre 2008 : « Comment le peuple juif fut inventé », de l’historien israélien Shlomo Sand, professeur à l’université de Tel-Aviv.

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