Tout d’abord, et c’est important, il convient de souligner, pour ôter toute ambiguïté au débat, des faits qui peuvent paraître secondaires, mais qui en politique prennent une signification morale et symbolique toute particulière, quand on prétend vouloir rassembler la gauche. Comment, un homme de gauche, sincère et humaniste, peut-il aller se remplir la panse au dîner du CRIFT, aux côtés des pires représentants de la finance, dont le président déclare ne pas avoir invité ni Le Pen, ni Mélenchon, ni Jadot, qualifiés d’« extrêmes », au motif que « toutes deux véhiculent la haine : d'un côté le rejet de l'étranger, de l'autre la délégitimassions d'Israël. » Comme si critiquer la politique de colonisation de l’État d’Israël en Palestine, ou de condamner les crimes commis par son armée, équivalait à être antisémite. Je pense, monsieur Hamon, vous qui défendez l’existence d’un État palestinien, que la moralité vous aurait imposé de décliner cette invitation. À moins, que par opportunisme, et par fidélité aux traditions politiciennes du Parti socialiste, vous ayez préférer sacrifier la morale, à la pêche aux voix dans une assemblé où, le moins que l’on puisse dire, est socialement peu enclin à voter à gauche. Autre image tout aussi symbolique, que cette photo de la soirée, du candidat prétendant être celui de la gauche, posant « bras dessus, bras dessous, avec un sourire hilarant, aux côtés de l’illusionniste Macron. Oui monsieur Hamon, la politique c’est sérieux, et elle mérite mieux que des clichés peoples.
Contrairement à ce que votre égo vous oblige à déclarer : « être le meilleur candidat pour rassembler la gauche », moi je ne crois pas à l’homme providentiel, encore moins quand celui-ci, pour qui j’ai voté, est issu d’un parti qui a trahi le peuple. Je ne crois qu’aux engagements pris, non pas sur un coin de table lors d'un déjeuner, mais signés après de sérieuses discussions autour de programmes cohérents et crédibles. Signataire de la pétition « 1 mais pas 3 », et participant actif aux apéros citoyens, je sais que les points qui rassemblent sont plus nombreux que ceux qui divisent. Mais encore faut-il, une fois les conditions de discussion réunies, répondre à trois questions déterminantes : Sur quel programme se mettre d’accord ? Avec quelle majorité parlementaire gouverner ? Comment appliquer les mesures pour lesquelles les électeurs se seraient prononcés ?
Échaudés par Hollande, Valls, Macrons, El Kohmri, et le PS, les français ne se laisseront pas abuser par des accords de circonstance, signés pour sauver les sièges électoraux des sortants. Aussi, la question de la majorité parlementaire est déterminante, puisqu'elle apporterait la garantie de pouvoir appliquer le programme adopté par les deux actuels candidats de gauche. Or, les listes du PS aujourd'hui validées, ne permettraient pas d'avoir une majorité parlementaire en mesure d’appliquer les engagements pris devant les électeurs. Ces listes comportent majoritairement des femmes et des hommes qui ont élaboré et voté toutes les lois antisociales du quinquennat Hollande. Allez-vous monsieur Hamon, demander à ces ex-ministres et députés, l’abrogation des lois dont ils sont à l’origine ? Soyons sérieux. Un accord de gouvernement devrait aussi impliquer un accord de législature, avec des femmes et des hommes résolument engagés à rompre avec le passé.
Benoît Hamon, j’ai voté pour vous à la primaire socialiste, mais pour autant, comme des milliers d’électeurs socialistes et non socialistes qui vous ont accordé leurs suffrages, je ne vous accorde pas la légitimité d’incarner l’aspiration et l’espoir de la grande majorité du peuple de gauche. Seul un accord avec Jean-Luc Mélenchon pourrait légitimer une telle prétention, sachant que le candidat de la France insoumise, est aussi légitime à pouvoir être ce candidat. Et si votre égo était l’obstacle à un rassemblement de la gauche, sur la base d’un accord programmatique avec Jean-Luc Mélenchon, Jadot pourrait être le candidat de la gauche ? Sans accord avec la France insoumise, pour ma part, et sans doute comme des milliers d’électeurs de gauche qui ont cru en vous, je voterai Mélenchon.