L’OTAN, coalition militaro-économique sous domination américaine, est né après la Deuxième Guerre mondiale de l’antagonisme entre l’URSS et l’Occident capitaliste. La doctrine militaire « d’équilibre des forces » – appelée « équilibre de la terreur » –, élaborée durant « la guerre froide », qui a régné jusqu’ à la dislocation du bloc communiste, a permis une « coexistence pacifique » entre l’Est et l’Ouest. En réponse à l’adhésion de la République fédérale d’Allemagne (RFA) à l’OTAN le 6 mai 1955, le 14 mai 1955 à Varsovie, la naissance d’un nouveau bloc militaire – sous le commandement de l’URSS – est acté, sous l’appellation de « Pacte de Varsovie ».
À la sortie de la guerre sont signés, en juillet 1944 aux États-Unis, les accords économiques de Bretton-Woods pour organiser le système financier international. Ces accords vont dollariser la finance et le commerce international, et mettre l’économie mondiale sous tutelle américaine. Les « Trente Glorieuses » qui ont suivi l’après-guerre vont permettre une longue période de croissance économique et mener à la société de consommation. La reconstruction des pays dévastés par la guerre va permettre aux puissances capitalistes de s’enrichir sans conflit majeur. Parallèlement vont se dérouler les guerres de décolonisation en Asie du Sud-Est, au Proche et Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Afrique noire. Le soutien de l’URSS aux mouvements de libération nationale va largement contribuer à l’accès à l’indépendance de ces pays colonisés, qui par le pillage de leurs ressources naturelles et l’exploitation de leurs populations ont contribué à la prospérité l’Occident.
Les contradictions du système productiviste fondé sur le profit, et la concurrence économique entre pays riches vont conduire à des conflits d’intérêts entre nations capitalistes. L’écroulement du bloc soviétique va aiguiser l’appétit des multinationales occidentales, qui se voient ouvrir un immense marché et l’accès aux considérables ressources naturelles d’une Russie bradée par Eltsine. La déclassification d’archives américaines des années 1990, nous apprend que le 19 novembre 1999 à Istanbul, prenant conscience qu’en 1997 à Helsinki, il avait accepté l’impensable en entérinant l’extension de l’OTAN aux pays qui autrefois constituaient le pacte de Varsovie, Boris Eltsine met en avant l’humiliation qu’allait subir la Russie pour supplier Bill Clinton de revenir sur les négociations qui l’avaient contraint à accepter l’extension de l’alliance Atlantique en échange d’une place au G7. Ce marché de dupes ouvrait la voie à l’encerclement militaire de la Russie par l’OTAN. Après la fin de l’ère Eltsine – marquée par la corruption et le déclin du pays au profit d’oligarques sans scrupule –, la volonté de Poutine de ne pas laisser son pays subir la domination économique de États-Unis, et sa détermination à ramener la Russie dans le concert des nations fait naître les premières tensions entre l’Amérique et la Russie post-communiste.
La montée en puissance des pays émergents que sont la Chine, la Russie, l’Afrique du Sud, le l’Inde et le Brésil – Alliance des cinq puissances économiques dominantes du monde non occidental (BRICS), que l’Arabie Saoudite rejoindra d’ici la fin de l’année 2023 –, amène les États-Unis, après la crise financière de 2008, à proposer à l’Union Européenne un partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI). Les rivalités entre l’impérialisme américain et l’Europe des marchands et de la finance, aspirant à devenir une puissance économique expansionniste, feront que le projet n’aboutira pas. Les intérêts du groupe des BRICS qui représente 42 % de la population de la planète (3,2 milliards de personnes) et environ 25 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, viennent contrarier les intérêts d’une Amérique en perte d’influence et une Europe en crise économique, sociale et civilisationnelle. À ce contexte, il faut ajouter une crise climatique, conséquence de la surexploitation des ressources de la planète au profit d’une société consumériste inégalitaire, nourricière des intérêts des multinationales et de la finance.
La production anarchique des biens de consommation et la course effrénée aux profits que génère le système capitaliste, conduisent à la guerre économique que se livrent aujourd’hui ces puissances, et à cette crise cyclique qui mène inéluctablement à une guerre militaire généralisée. La guerre en Ukraine est le produit d’un processus guerrier déclenché après la dislocation du bloc soviétique. Elle est l’allumeur d’un brasier qui se prépare à s’enflammer derrière le rideau de fumée que dépose sur nos consciences, la propagande savamment orchestrée par une « élite » costumée en va-t-en-guerre. Le conflit ukrainien n’est pas le fait de Poutine, pas plus que les guerres d’Irak n’étaient le fait de George H. W. Bush et W. Bush fils, et celle du Kosovo de Bill Clinton. Les guerres sont toujours économiques avant de devenir des conflits armés. Les mises en scènes médiatiques des Biden, Zelensky, Macron, Scholz et von der Leyen, accompagnées de commentaires infantilisants de journalistes naïfs ou messagers de l’idéologie dominante, et de reportages scénarisés diffusés par les « grands médias », relèvent d’une vaste campagne de propagande destinée à conditionner les opinions publiques. Se laisser manipuler par les porte-voix des oligarchies et de la corruption, c’est se rendre complice de l’irréparable auquel l’on ne croit, que lorsqu’il se produit.
La guerre est absurde, mais que faire quand la bêtise humaine la nourrit, et que les incrédules prêtent foi à la parole de ceux qui s’en nourrissent ? Que faire quand la pensée dominante, expression des intérêts de la classe sociale possédante, aliène l’intelligence de l’homme ?