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Billet de blog 25 juin 2025

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TRUMP, BAUDRUCHE DE LA PAIX

Entre les bombes en Ukraine, les massacres à Gaza, le conflit indo-pakistanais et les frappes israéliennes sur l’Iran, le président américain parade en apôtre de la paix, auréolé de ses propres lauriers.

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Confronté aux intérêts antagonistes d’une Amérique colossalement endettée – plus de 35 000 milliards de dollars en 2024 –, concurrencée par la montée de la puissance économique émergente qu’est la Chine, et une Europe de Bruxelles expansionniste, Trump louvoie sur Ukraine au sommet de l’OTAN à La Haye, accusant les pays du G7 et Kiev d’être responsables de la guerre, tout en considérant dans le communiqué final, que la Russie est « une menace à long terme pour l’Organisation ».

 Parodié sur la scène médiatique par un président de la République hors-jeu – tant sur le plan intérieur en France qu’à l’extérieur – en perpétuelle agitation pour voler la vedette, tantôt à Poutine, tantôt à Xi Jinping, tantôt à Netanyahou, tantôt à Trump, le président américain, lui, ne cesse de s’attribuer un rôle de pacificateur. Une posture qui contraste avec celle de Macron, campé en chef de guerre. Sur le conflit indo-pakistanais, Trump se vante d’avoir évité une guerre nucléaire entre les deux pays, « fruit d’une longue nuit de négociations organisées par les États-Unis ». Depuis la Maison-Blanche, il déclare le 12 mai 2025 aux journalistes : « Nous avons empêché un conflit nucléaire. Je pense que cela aurait pu être une mauvaise guerre nucléaire, des millions de personnes auraient pu être tuées, alors je suis très fier de cela ». Or, le secrétaire du ministère indien des Affaires extérieures, Virâmes Misri, déclare dans un communiqué : « Le Premier ministre Modi a clairement rappelé au président Trump qu’à aucun moment de cette séquence il n’y avait eu […] de proposition en vue d’une médiation entre l’Inde et le Pakistan. […] La discussion sur la fin des actions militaires s’est déroulée directement entre l’Inde et le Pakistan » (L’EXPRESS 18/06/2025).

Comme pour l’Ukraine, Trump s’était engagé à mettre fin au conflit israélo-palestinien. Non seulement il n’y est pas parvenu, mais il a cautionné le génocide perpétré par Israël en fournissant à l’État hébreu – dans la continuité de la politique menée par Biden – les bombes qui ont tué à ce jour plus de 54 000 Palestiniens, dont plus de 15 000 enfants. Trump se rend complice des visées colonialistes de Netanyahou et de son gouvernement d’extrême droite, menant « une guerre des Fils de la Lumière contre les Fils des ténèbres », afin d’expatrier les Palestiniens en Égypte et en Jordanie, et conquérir leurs terres dans la perspective de la création du Grand Israël, « Terre promise aux enfants d'Israël, du fleuve d'Égypte à l'Euphrate » par les livres bibliques.

« J’ai réussi quelque chose d’extraordinaire avec ces frappes magnifiques » fanfaronne Trump le 25 juin 2025 au sommet de l’OTAN à La Haye. Un sommet destiné, pour les uns, à sacraliser l’Alliance contre la Russie, avec pour imperator médiatique le va-t-en-guerre Macron ; et pour Trump et ses courtisans, à couronner le succès de sa démonstration de force en Iran.Une Alliance soumise à l’humeur et aux exigences de Donald Trump, qui, interrogé sur la clause de défense mutuelle contenue dans l’article 5 du traité, répond : « Cela dépend de la définition que vous en donnez. Il existe de nombreuses définitions de l’article 5. Vous le savez, n’est-ce pas ? », semant une fois de plus le doute sur le sens qu’il donne à cette clause du traité. 

Les frappes américaines sur les installations nucléaires iraniennes, s’inscrivent-elles dans une logique de soutien de Washington à l’État hébreu, ou relèvent-elles d’une opération opportuniste du maître de la Maison Blanche ? Sans doute les deux ! L’image d’un Trump paré d’un rameau d’olivier est trompeuse. Ses prétendues initiatives en faveur de la paix et de la protection des vies humaines ne sont, en réalité, qu’une baudruche gonflée de promesses, et vide de substance. 

Les débats sur les plateaux de télévision, quant à la destruction partielle ou totale du nucléaire iranien, sont ridicules. Ils éludent la question de la légitimité et de la légalité des frappes israéliennes et américaines sur l’Iran. Le 25 juin 2025 sur le plateau de LCI, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, affirme qu’aucun élément ne laissait penser que l’Iran allait avoir la bombe de manière imminente. Le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique déclare : « Avoir le matériel nucléaire, c'est important […] mais de là à dire qu'ils ont une bombe nucléaire, atomique, non ». Or, Netanyahou et Trump justifient leurs frappes par la possession imminente de la bombe par l’Iran. Une version colportée par nos journalistes très informés et commentateurs savants, que le directeur de l’AIEA infirme en déclarant que cette affirmation est formulée « à partir d'évaluations qui m'échappent », et que l'Iran « n'avait pas l'armement nucléaire, ou en tout cas un plan systématique » […] « je ne peux pas affirmer que l'Iran préparait la bombe, ce serait malhonnête de l'affirmer ».

Par ailleurs se pose la question de la légalité de ces frappes aériennes, et des assassinats ciblés par un Netanyahou sous mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité, meurtres, persécutions et autres actes inhumains à Gaza. Dans ce monde sans foi ni loi, où l’Occident a perdu son âme, le darwinisme social et l’autoritarisme gouvernent désormais les relations internationales, tandis que les États agissent selon leurs seuls intérêts et leur puissance, sur fond de conflits armés.

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