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Billet de blog 26 janvier 2023

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UN PAS DE PLUS VERS UNE GUERRE NUCLÉAIRE ?

Un rapport de force qui oppose les intérêts du capitalisme américain et des multinationales occidentales aux intérêts de la Chine et de la Russie, mais aussi aux pays émergents d’Asie et d’Afrique, paniers nourriciers d’un Occident aujourd’hui en crise.

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L’impasse dans laquelle l’échec des sanctions économiques contre la Russie a conduit l’Occident, mène l’OTAN à s’engager dans une escalade allant de l’instruction militaire à la fourniture croissante d’armes plus lourdes et plus modernes à l’Ukraine. Cette stratégie guerrière s’inscrit dans une logique de confrontation avec la Russie par Ukrainiens interposés, imposée par les principaux acteurs et bénéficiaires de cette guerre que sont les États-Unis. Si Poutine est responsable de l’invasion inacceptable de l’Ukraine par son armée, ceux qui ont créé les conditions de ce conflit le sont tout autant. Le raisonnement simpliste qui conduit à considérer Poutine comme un « fou » à la tête d’une Russie « impérialiste » à la conquête de l’Europe, est une imposture destinée à masquer les enjeux économiques de cette guerre. Ce sont ces enjeux qui aggravent et pérennisent le conflit, au risque d’une confrontation que Joe Biden qualifie « d’apocalypse nucléaire ».

L’échec des sanctions économiques à l’encontre de la Russie, conduit les États-Unis à s’engager dans un processus d’escalade militaire, dans lequel apparaît le dessein d’une Allemagne revancharde. « Je suis fier de dire que les chars Abrams sont les meilleurs au monde. Il s'agit d'une formidable nouvelle capacité que l'Ukraine obtiendra pour renforcer ses défenses à long terme » déclare un responsable du Pentagone. Cette annonce guerrière intervient six jours après que la porte-parole du Pentagone, Sabrina Singh, a déclaré que « cela n'a tout simplement pas de sens de fournir des (M1) aux Ukrainiens en ce moment ». À la livraison de 31 chars Abrams par Joe Biden à Kiev, s’ajoute l'envoi de chars lourds Leopard 2 allemands par le chancelier social-démocrate Olaf Scholz. Cette escalade dans la fourniture d’armes offensives à l’Ukraine – un tournant dans ce conflit – avec la fourniture d’avions de combat (discussion actuellement engagées par les pays occidentaux), infirme la position hypocrite de l’OTAN prétendant ne pas être en guerre contre la Russie. Cette escalade militaire dont l'Allemagne prend en Europe le leadership, nous engage à terme dans une confrontation directe avec la Russie. C’est l’option retenue par Joe Biden dans le rapport de force qui oppose les intérêts du capitalisme américain et des multinationales occidentales aux intérêts de la Chine et de la Russie, mais aussi aux pays émergents d’Asie et d’Afrique, paniers nourriciers d’un Occident aujourd’hui en crise.     

Cette escalade peut amener les États-Unis à livrer des armes nucléaires à la Pologne – comme le demande Varsovie –, et la Russie à la Biélorussie – comme le demande Minsk –. Aussi, pour mettre fin à cette guerre dans laquelle il ne peut y avoir que des perdants, il faut revenir à la case départ, faire abstraction des intérêts américains et négocier la sécurité des frontières de tous les pays d’Europe, y compris celles de la Russie. L’extension du conflit ukrainien peut, par un « effet domino », mener à une guerre nucléaire que ni Poutine, ni Biden n’auront de scrupule à déclencher. En larguant deux bombes nucléaires les 6 et 9 août 1945 sur les villes japonaises de Hiroshima et de Nagasaki, faisant plus de 300 000 morts, les États-Unis ont créé un précédent dans l’histoire de l’humanité. Ces bombardements irresponsables et immoraux, et militairement inutiles sur des populations civiles, amènent le Conseil de surveillance du bombardement stratégique américain au Japon à conclure en 1946 : « qu'avant le 31 décembre 1945, et probablement avant le 1er novembre, le Japon aurait capitulé même si les bombes atomiques n'avaient pas été larguées, même si la Russie n'avait pas déclaré la guerre au Japon et même sans qu'aucune invasion n'ait été organisée ni même envisagée ». Henry Stimson, ministre de la guerre de Roosevelt et de Truman notera dans son Journal : « le visage de la guerre est celui de la mort, et la mort fait nécessairement partie de chacun des ordres que doit donner quiconque se trouve assumer des fonctions de commandement en temps de guerre. » Henry Stimson racontera comment l’objectif commun des Alliés au cours de la guerre avait été de produire au plus vite l’arme nucléaire pour l’utiliser. Truman dira que la « décision de lancer la bombe atomique ne fut pas difficile à prendre, et qu’elle ne lui avait pas coûté une nuit de sommeil ». Les naïfs, les incrédules et les va-t-en-guerre devraient méditer la pensée de ce président, qui a ordonné à l’armée de l’air américaine de commettre le plus grand crime de guerre et crime contre l’humanité de l’histoire.

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