Avec une hausse du chômage sur deux trimestres consécutifs (+ 0,5% au troisième trimestre 2018), après les baisses de la consommation et de la croissance, s’évanouit l’illusion macroniste d’un ruissellement financier au profit de l’économie, et donc de l’emploi, des 8 milliards de cadeaux fiscaux offerts au début du quinquennat aux riches. En réalité, le « nouveau monde » macroniste, reflet d’une mondialisation où les individus produisent de plus en plus de richesses, mais où elles sont de plus en plus mal redistribuées, n’est que la pâle figure d’un vieux monde où les riches s’enrichissent toujours davantage sur le dos de ceux qui produisent ces richesses, générant ainsi de plus en plus d’inégalités et de misère.
La macronie n’a fait que multiplier les fractures sociales, en généralisant la précarité par les réformes scélérates (promulguées ou en cours d’élaboration) du droit du travail, de la CSG, des retraites, de l’assurance chômage, de la santé, de la fonction publique. Elle a généralisé la précarité, en particulier chez les jeunes, et elle a fragilisé les classes moyennes. Elle a accru les inégalités entre les riches et les pauvres, générant davantage de misère. Elle a aussi aggravé la fracture entre les villes et les campagnes, en réduisant les dotations des collectivités territoriales ; en aggravant l’accès aux soins, aux services publics, aux transports avec le démantèlement du réseau ferroviaire au profit des grandes lignes et de la concurrence, avec l’abandon programmé du service public au privé ; en augmentant démesurément les prix des carburants dont plus de 60% vont dans les caisses de l‘État. Une mesure qui est particulièrement pénalisante pour le monde rural. L’augmentation de 16% du prix du sans plomb et de 23% du prix du diesel en un an, sous couvert de protection de l’environnement, alors que le gouvernement autorise Total à forer 5 puits d’exploration pétrolière au large de la Guyane, est d’un cynisme et d’une hypocrisie sans nom. Cerise sur le gâteau, les opérations de forage seront conduites par un navire battant pavillon des îles Marshall, inscrites sur la liste des paradis fiscaux.
La macronie, un monde où la jeunesse est sacrifiée sur l’autel de la compétitivité et des profits. Les lois libérales hollandiste, puis macroniste, sur la réglementation du travail, ont particulièrement précarisé l’emploi et les conditions de vie des jeunes. En particulier ceux des 5 millions de Français vivant en-dessous du seuil de pauvreté, dont 50% sont âgés de moins de 30 ans. Cette couche de population, majoritairement enfermée dans les ghettos que sont devenues les cités en périphéries des villes, est la première victime des réseaux d’économie parallèle générés par les politiques d’austérité pratiquées, hier par les libéraux et les socialistes, aujourd’hui par les ultra-libéraux macronistes. Quand, à la suite des rixes qui ont coûté la vie à une dizaine de jeunes depuis le début de l’année, Christophe Castaner, ex-député socialiste, nouveau ministre de l’Intérieur du gouvernement « lifté » déclare : « Je ne laisserais pas les jeunes de bande devenir les maîtres d’un quartier » et demande « une cartographie des lieux occupés par les bandes, cage d’escalier par cage d’escalier », il réduit ce mal social à un simple problème de maintien de l’ordre. Une vision réductrice, mais aussi une diversion pour dédouaner le pouvoir de sa responsabilité dans la dégradation des conditions de vie dans ces ghettos populaires.
Si ces jeunes, le plus souvent mineurs, cherchent une identité au sein de bandes de quartier ou de cité, c’est que la République ne leur permet pas de s’identifier à la nation, puisque celle-ci les abandonne. Le premier crime d’État commis envers cette jeunesse, l’a été par Sarkozy en supprimant la police de proximité. Le pouvoir macroniste, en réduisant les subventions aux associations poursuit cette logique d’abandon de ces populations. La baisse des aides publiques, qui d’après les associations menacerait 200 000 emplois, prive ces jeunes de structures qui à l’échelle de la cité permettent, par le sport et la culture, de tisser du lien social. L’absence de diversité économique, sociale, culturelle, pousse ces jeunes à se construire une identité d’appartenance à un territoire où ils partagent leur misère, et non pas au pays dans lequel ils sont censés être des citoyens à part entière. Encore moins à ce « monde nouveau » pour lequel, en 2015 à Las Vegas, Macron déclarait : « Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires ».