Premier fournisseur d’armes au monde, les États-Unis dépassent de plus de 75 % l’exportation d’équipements militaires par la Russie. Dans son rapport annuel publié le 7 décembre 2021, le Stockholm International Peace Research Institute (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm) révèle qu’avec 285 milliards de dollars (54 % du total des ventes dans le monde), l’industrie de guerre américaine distance la Russie avec 26,4 milliards de dollars (5 % des ventes dans le monde). Alors que l'économie mondiale s'est contractée de 3,1 % au cours de la première année de pandémie de Covid 19, les 100 premières entreprises d’armement au monde – dont 41 sont américaines – totalisent 531 milliards de dollars en 2020, soit une progression de 1,3 % par rapport à 2019. C’est dire combien les conflits armés peuvent être source de profits pour Washington. Mais les USA ne sont pas les seuls à tirer profit de l’industrie de guerre. La Chine, la Russie et la France se partagent aussi les dividendes que génère le sang versé par des populations qui n’ont rien demandé, si non de pouvoir survivre à l’exploitation à laquelle les soumettent les intérêts de ces États marchands de chair à canon. Troisième exportateur d’armes vers le Moyen-Orient, la France arme la dictature égyptienne et les monarchies antidémocratiques du Golfe impliquées dans le massacre de populations civiles au Yémen. Ces régimes autoritaires, partenaires stratégiques de la France, bénéficient du silence complice du pouvoir macroniste dans la violation généralisée de l’embargo sur les livraisons d’armes à la Libye imposé par l’ONU. Les guerres sont la conséquence des contradictions que génère le système capitaliste dans une économie de marché où la course au profit appauvrit les populations et dilapide les ressources de la planète. Elles offrent aux puissances de l’argent, quand les marchés perdent leur capacité à accroître substantiellement les profits des banques et des multinationales, l’opportunité de continuer à s’enrichir.
Ces puissances financières font aussi des profits colossaux sur le malheur des peuples. Durant la pandémie, une minorité d’entreprises et d’actionnaires dans le monde se sont gavées. Dans un rapport publié en septembre 2020, OXFAM France révèle que « 32 entreprises qui comptent parmi les plus grandes multinationales de la planète, devraient enregistrer cette année une hausse spectaculaire de leurs bénéfices, soit 109 milliards de dollars de plus que leur bénéfice moyen réalisé au cours des quatre années précédentes. » Que « Les 25 milliardaires les plus riches du monde ont vu leur richesse augmenter de 255 milliards de dollars entre la mi-mars et la fin mai seulement, soit une augmentation moyenne de 10 milliards de dollars. » Que l’Américain « Jeff Bezos pourrait, avec les bénéfices qu’il a réalisés pendant la crise, verser une prime 105 000 dollars aux 876 000 personnes employées par Amazon dans le monde, y compris les quelque 10 000 salariés en France, tout en restant aussi riche qu’il l’était avant la pandémie de coronavirus. » Qu’alors même « que la demande de ses produits chute depuis la pandémie, le constructeur automobile Toyota a distribué aux actionnaires plus de 200 % des bénéfices qu’il a réalisés depuis janvier. » Que « BASF, le géant allemand de la chimie, a versé plus de 400 % de ses bénéfices aux actionnaires au cours des six derniers mois. » Que « dans les 3 ans précédant la crise, les trois plus grandes structures hospitalières privées d’Afrique du Sud ont versé 163 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires. Pendant la crise, elles n’avaient pas les moyens de payer des fournitures médicales à leur personnel. » Pour le porte-parole d’OXFAM France « si beaucoup des entreprises, y compris les plus grandes, sont en situation de fragilité c’est précisément parce qu’elles ont accordé une part de plus en plus grande à la rémunération de leurs actionnaires ces dix dernières années. Un problème structurel que même la Commission européenne relève dans un rapport dans lequel elle écrit « qu’au cours des 25 dernières années, la part des revenus des entreprises européennes dédiés aux actionnaires a été multipliée par 4, au détriment de l’investissement. » La pandémie aura aussi permis aux entreprises américaines de réaliser d’immenses profits. En 2021, Pfizer aura engrangé 26 milliards de dollars et Moderna 18 milliards.
Les idéologues de la mondialisation s’évertuent à nous faire croire que la guerre en Ukraine serait du seul fait de l’autocrate Poutine. Ces mêmes penseurs imputent la responsabilité de la deuxième guerre mondiale à la seule folie de Hitler, en occultant la responsabilité de la finance internationale et des multinationales américaines et britanniques dans l’armement de l’Allemagne nazie. Les mêmes qui occultent la responsabilité de l’OTAN – instrument de guerre au service des intérêts des multinationales américaines – dans la crise qui avait déjà vu la Russie annexer la Crimée. Ce cynisme a conduit le monde aux portes d’une guerre généralisée. Il y a trois jours, pour intimider la Russie, le ministre Le Drian agitait la menace nucléaire de l’Occident. Aujourd’hui, Poutine met sa force de dissuasion en état d’alerte nucléaire. Inféodée à l’OTAN et condamnée à défendre les intérêts américains, l’Europe n’a pas su après l’effondrement de l’URSS – les États-Unis s’apprêtant à faire de la Russie une colonie pour les capitaux outre-Atlantique – négocier la sécurité de ce pays et l’intégrer dans l’Union européenne. Face à une crise qui menace la paix dans le monde, où l’Amérique s’affronte à la Russie en déléguant aux Européens la mission de punir Poutine, l’escalade aggrave les tensions internationales et accroît les risques d’un conflit planétaire. Dans toutes les guerres, ceux qui les déclenchent, après qu’elles ont saigné les populations, se réconcilient toujours et s’unissent pour exploiter à nouveau les peuples et engendrer des profits. La guerre n’est pas une fatalité. Poutine doit mettre fin aux souffrances du peuple Ukrainien en retirant son armée des territoires occupés, et l’Occident doit garantir à l’Europe et à la Russie des frontières sûres. La paix est la seule alternative raisonnable.