Parmi les thèmes abordés par le chef de l’État, celui de l’immigration le mène, une fois encore, sur les rives de l’extrême droite en déclarant : « On a un modèle social généreux » – et reprenant la citation de Michel Rocard –, « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde », en tronquant la suite de sa phrase : « mais elle doit en prendre fidèlement sa part. » . Sur TF1, son ministre de l’Intérieur persiste à déclarer que la France n’accueillera pas de migrants venus de Lampedusa, et affirme que « 60 % des personnes arrivées à Lampedusa sont francophones. Il y a des Ivoiriens et des Sénégalais, qui n’ont pas à demander l’asile en Europe. » Or, selon les autorités italiennes citées par Libération le 22 septembre 2023, « sur les 16 911 personnes arrivées entre le 11 et le 20 septembre, la nationalité n’est précisée que pour 30 % d’entre elles. » […] « 12 223 personnes, soit 72 % des personnes arrivées à Lampedusa, apparaissent dans la catégorie « autres » nationalités, qui mélange des ressortissants de pays peu représentés et des migrants dont l’identification est en cours. » Selon Francesca Basile, responsable des migrations de la Croix-Rouge italienne « La plupart sont des hommes, mais aussi on a aussi vu arriver des familles, des mères seules ou des pères seuls avec des enfants et beaucoup de mineurs non accompagnés, des adolescents de 16 ou 17 ans ». « A noter que selon ces statistiques italiennes partielles, il n’est pas fait état de ressortissants sénégalais et gambiens évoqués par Gérald Darmanin » (Libération 22/09/2023).
Dans cet exercice de communication dont il excelle, le président Macron succombe au populisme en attaquant les élus locaux sur la hausse de la taxe foncière : « Quand vous avez votre taxe foncière qui augmente, ce n’est pas le gouvernement. Ce n’est pas le gouvernement, c’est votre commune qui décide ! Et c’est un scandale quand j’entends des élus qui osent dire que c’est la faute du gouvernement. » Comme l’écrit le journaliste François Vaneeckhoutte dans un article intitulé « Taxe foncière, dotation aux collectivités : les mensonges et approximations d’Emmanuel Macron » publié par Libération, si entre 2022 et 2023, seules 14 % des communes ont augmenté leur taux de taxe foncière, sa base de calcul votée par la majorité parlementaire macroniste va se traduire par une augmentation de 7,1% dans la plupart des communes de France. C’est la baisse du montant de la dotation générale de fonctionnement sous la mandature de François Hollande, qui fait perdre aux communes et aux intercommunalités 5,1 milliards d’euros entre 2014 et 2017, les mettant en difficultés financières. Macron affirme : « Nous n’avons pas baissé les dotations des collectivités territoriales », mais il a gelé le montant de la dotation globale de fonctionnement de 2018 à 2022, alors qu’elle aurait dû, selon l’Association des maires de France, augmenter de 2,6 milliards d’euros pour compenser l’inflation. Pour l’année 2023, sa hausse de 1,75% ne compense pas les 5% de l’inflation. En 2024, la hausse prévue de 1,2% ne compensera pas les 2,6% d’inflation annoncés par Banque de France. Contrairement à ce qu’affirme le président de la République, les communes et les intercommunalités vont subir une baisse de leurs moyens financiers.
Les annonces démagogiques du président sur les prix des carburants, après avoir annoncé qu’il autoriserait leur vente à perte, et après y avoir renoncé en demandant aux distributeurs de les vendre à prix coûtant – alors que les marges brutes des raffineurs passent de 25 euros la tonne en avril 2023, à 150 euros la tonne en septembre 2023 –, font dire sur France info à Olivier Gantois, président de l'Ufip Énergies et Mobilités, et porte-parole des pétroliers en France : « Quand on passe du prix pratiqué au prix coûtant, on parle de quelques centimes par litre de remise à la pompe. Cette mesure n'aura pas d'effet miracle sur les prix ». Quant à la nouvelle aide pour compenser le prix élevé du carburant, annoncée pour 2024 et limitée aux travailleurs et aux plus modestes, elle pourrait atteindre « 100 euros par voiture et par an », soit 8,33 euros par mois ; une déclaration qui relève davantage de l’effet d’annonce que d’une volonté à venir en aide à ceux qui en ont le plus besoin.
Quant à sa planification écologique, avec l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% d’ici 2030, notons qu’en 2022 la France n’a pas respecté ses engagements climatiques et énergétiques. Selon l’Observatoire Climat-Énergie cité par France 24, si en 2022 les émissions brutes ont été de 403,8 Mégatonnes d’équivalent CO2 pour 408 MTCO2 fixés par la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), les émissions nettes ont été 386,9 Mégatonnes d’équivalent CO2 pour un objectif de 367 MTCO2, soit 19,9 MTCO2 de plus que l’objectif fixé. Les objectifs énergétiques, eux aussi n’ont pas été respectés. La consommation d’énergies fossiles a produit 1 209,9 TerraWattheures au lieu des 1 182 TWh fixés par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), soit 27,9 TWh de plus que l’objectif fixé. La part des énergies renouvelables a été 20,7% au lieu des 24,3% fixés dans la consommation finale brute d’énergie. Le président candidat déclarait en avril 2022, entre les deux tours de la présidentielle : « La politique que je mènerai dans les cinq ans à venir sera écologique ou ne le sera pas. » Il ne précisait pas alors, si cette promesse s’inscrivait dans le discours ou dans les actes.