Le 29 mai 2005, les Français rejetaient démocratiquement par référendum le Traité Constitutionnel Européen, projet ultralibéral pour une Europe militaro-industrielle gouvernée par les marchés et la finance. En 2008, au mépris du vote populaire, Nicolas Sarkozy, avec sa majorité parlementaire et la complicité du Parti socialiste, modifiait la Constitution et faisait voter une loi ratifiant le traité de Lisbonne, copie conforme du texte rejeté par 55% des français lors du référendum de 2005.
En 2012, François Hollande déclarait : « Je proposerai à nos partenaires (européens) un pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance.» A-t-il tenu parole ? Aujourd’hui, Benoît Hamon dit vouloir convaincre les partenaires européens de rompre avec les politiques d’austérité imposées par l’Allemagne, et de démocratiser la zone euro. Comment pourrait-il tenir parole et faire mieux que Hollande, puisque sa proposition n’est que le souhait de pouvoir convaincre les partenaires européens. Comme si en politique il suffisait de souhaiter, pour que des propositions soient adoptées.
Hamon ne croit pas à ce qu’il dit, car il sait que seuls des rapports de force pourraient modifier des règles sociales et économiques institutionnalisées par le traité de Lisbonne. La volonté politique à vouloir transformer l’Europe de l’argent et de la guerre, doit obligatoirement passer par un rapport de force avec une Allemagne dominatrice, dont ses intérêts divergent avec ceux de nombreux pays de la zone euro, en particulier avec ceux des pays du sud. Pour relancer l’Union Européenne, Hollande et Hamon proposent une Europe à deux vitesses, et la construction d’une défense commune. Curieuses propositions de ces libéraux et sociaux-démocrates qui hier promettaient aux peuples paix et prospérité, et qui aujourd’hui veulent engager nos pays dans une économie de guerre, pour « relancer » le projet commun. Mais n’était-ce pas déjà, en 2005, la finalité de ce Traité Constitutionnel Européen ? Le retour dans le commandement intégré de l’OTAN de la France, décidé par Sarkozy avec la complicité du PS, s’inscrivait dans cette logique.
Une autre alternative est proposée par le candidat de la France insoumise, celle d’une renégociation des fondements de l’Union Européenne. C’est la plan A : « abandon du pacte de stabilité, modification des statuts de la BCE, harmonisation de l’assiette consolidé de l’impôt sur les sociétés et des taux, capacité budgétaire accrue financée par l’emprunt et l’impôt européen sur les sociétés, création d’un Trésor européen contrôlé par un Parlement aux pouvoirs renforcés, accords d’échanges automatiques d’informations pour lutter contre la fraude et l’évasion fiscales, introduction du principe de séparation des activités de détails et d’affaires dans l’union bancaire, abandon de la directive Travailleurs détachés, révision des textes interdisant les aides d’État, abandon des traités de libre échange CETA et TAFTA, activation du principe de préférence communautaire. »
En cas de refus de l’Allemagne, un plan B permettrait une sortie ordonnée de l’euro. Cette hypothèse est étudiée depuis longtemps par les formations alternatives de la gauche européenne. Réunis à Rome le 6 mars dernier lors d’un quatrième sommet, les participants déclarent dans la résolution finale : « Le plan B est un désengagement progressif de l’Union européenne dans le cas où Bruxelles continue dans un chemin antidémocratique et néolibéral de s’opposer, et propose un nouveau type de coopération entre États, y compris sur la coopération monétaire ». La réflexion porte aussi sur la solution qui permettrait les échanges internationaux avec une monnaie commune aux pays qui quitteraient la zone euro. « Différents scénarios sont encore à l’étude. L’un des scénarios possibles, c’est la réintroduction de monnaies nationales sous le parapluie d’une monnaie commune qui servirait dans les échanges internationaux : c’est la solution proposée par Frédéric Lordon notamment. Il y en a d’autres, comme celle qui rejoint le système de l’étalon-or de Bretton Woods, avec l’idée d’une unité de compte internationale sur laquelle pourraient s’appuyer les monnaies européennes. » (Jeanne Chevalier, secrétaire nationale à l’économie et au plan B du Parti de gauche).
Contrairement aux affirmations du candidat socialiste, les propositions de Jean-Luc Mélenchon sur l’Europe ont été pensées. Elles sont cohérentes et en équation avec la volonté politique de vouloir sortir de ce carcan qui étouffe les peuples d’Europe. Des femmes et des hommes travaillent sur ces problématiques, comme Jacques Généreux, économiste, ou Liêm Hoang Ngoc, maître de conférences, chargé des questions économiques au sein de la France insoumise. Les propositions de Benoît Hamon, elles, reposent sur des souhaits qui, comme ceux de Hollande en 2012, aboutiraient au renoncement et à la trahison de promesses électorales sans lendemain.