Qui aurait pu imaginer avant l’apparition de cette pandémie, qu’en France, pays de Pasteur cité en exemple durant des décennies pour l’excellence de son système de santé, le pouvoir politique puisse faillir à sa mission de protection de la santé et de la sécurité des populations ? La réponse est à trouver dans l’idéologie ultralibérale de la Macronie, et dans la proximité qui existe entre le président Macron et les milieux financiers. Ce sont les révélations du Canard Enchaîné et du site Politico qui nous apprennent que le président Macron, lié au très secret et influent cabinet conseil américain McKinsey spécialisé dans le conseil aux patrons du Cac 40, lui a confié le pilotage de la campagne de vaccination pour la coquette somme de 2 millions d’euros par mois. Ainsi, le pouvoir et ces politiciens marchands qui nous gouvernent, abandonne la gestion des vaccinations à une entreprise privée, impliquée dans un scandale de santé publique aux États-Unis. C’est McKinsey qui a élaboré la campagne marketing des fabricants de médicaments Perdue Pharma LP et Johnson & Johnson, pour promouvoir la vente de leurs produits opioïdes. Substances, qui par l’usage abusif ont fait plus de 232 000 morts aux États-Unis depuis 1999. Dans cette affaire, le « prestigieux cabinet de conseil en stratégie » a accepté de payer à la justice américaine la somme de 573 millions de dollars. Mais cet obscur cabinet n’est pas à son premier scandale.
En 2001, l’entreprise Enron fait faillite suite à la stratégie conseillée par McKinsey d’orienter ses capitaux – par des pratiques financières douteuses – vers le trading de l’électricité et des matières premières. McKinsey a aussi contribué à la crise économique de 2007 et 2008, en encourageant les banques à transférer les titres des crédits immobiliers de leurs clients vers des créances hypothécaires, et à augmenter les montants de dette dans leurs bilans afin d’accroître les profits. En 2012, Rajat Gupta (directeur général de McKin-sey de 1994 à 2003) est condamné à 2 ans de prison pour délits d’initié. En 2015, les consultants de McKinsey dans une note de neuf pages informent la monarchie d’Arabie saoudite que le journaliste Khalid al-Alkami, l’internaute dénommé Ahmad, et le dissident Abdulaziz exilé au Canada émettent des critiques particulièrement virulentes à l’encontre du gouvernement saoudien et sa politique d’austérité. Une note qui aboutit à l’emprisonnement de Khalid al-Alkami et deux de ses frères. En 2016, le New York Times révèle un conflit d’intérêts entre les consultants de McKinsey et des fonds spéculatifs appartenant au cabinet. McKinsey est compromis dans le scandale et l’effondrement en bourse de Valeant Pharmaceuticals.
En 2018, McKinsey est impliqué dans un scandale de corruption et de blanchiment d’argent au profit de la famille Gupta en Afrique du Sud. McKinsey remboursera 1 milliard et 650 millions de rands (monnaie sud-africaine), perçus en commissions dans cette affaire.
C’est en 2007 qu’ont lieu les premières rencontres entre Emmanuel Macron et McKinsey. Comme le rappelle Le Monde dans un article intitulé « McKinsey, un cabinet dans les pas d’Emmanuel Macron » publié le 5 février 2021, l’inspecteur des finances et rapporteur général adjoint de la commission Attali était alors, le jeune énarque Emma-nuel Macron. C’est dans « cette commission chargée de formuler des propositions pour "libérer" la croissance française, à la demande du président Nicolas Sarkozy » que Macron rencontre « Éric Labaye et Pierre Nanterme (au-jourd’hui décédé), respectivement patrons de McKinsey France et d'Accenture. Emmanuel Macron fait aussi la ren-contre de Karim Tadjeddine, alors chef des consultants de McKinsey. Avec ce dernier, Emmanuel Macron – qui a entre-temps intégré la banque d'affaires Rothschild & Cie – intègre en 2010 le conseil d'administration du think tank. Ils y rencontrent Thierry Cazenave, avec lequel ils collabore-ront quelques années plus tard sur son livre "L'État en mode start-up" (Eyrolles, 2 016). » En 2016, des conseillers de McKinsey s’investissent dans la préparation de la campagne électorale du candidat Macron. En 2017, au lendemain de son élection à la présidence de la République, des consultants de McKinsey sont promus à la direction du parti présidentiel « la République en Marche », et au cabinet du secrétaire d’État au numé-rique et à la présidence de Polytechnique. McKinsey recrute le responsable des « Jeunes avec Macron ». En novembre 2017, le président Macron créé une direction inter-ministérielle à la transformation publique. Pour réformer l’État, le président missionne des cabinets de conseil privés, dont McKinsey. Ainsi, ce cabinet organise la suppression de fonctionnaires dans les ministères pour les remplacer dans le pilotage et l’organisation des services de l’État. C’est ce qui se trame aujourd’hui dans cette campagne de vaccina-tion contre le Covid, devenue une source de profits pour McKinsey et les laboratoires pharmaceutiques américains.
Ce cabinet très secret, qui conseille le candidat Macron depuis la création « d’En marche » en avril 2016, puis le président élu depuis 2017, a orienté les politiques calamiteuses de santé en Angleterre depuis 1979 et mené au fiasco sanitaire que connaît aujourd’hui le Royaume-Uni. Ce sont ces mêmes orientations préconisées par McKinsey de mise en concurrence du secteur public de santé avec le privé – ouvrant ainsi la voie à une privatisation rampante de nos soins de santé –, que la Macronie veut imposer en France. Des mesures déjà entreprises, qui se traduisent par le manque de lits et de personnels dans nos hôpitaux, cause des grandes difficultés rencontrées par les soignants au cours de cette crise sanitaire. Selon un enquête menée par Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique (publiée par Libération le 26 octobre 2021), à l’hôpital public 20% des lits sont fermés faute de soignants. Une situation provoquée entre autres par la pénurie d’infirmières, d’aides-soignantes et de médecins, après que 5 800 lits ont déjà été fermés en 2020 selon un rapport de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees).