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Billet de blog 29 février 2024

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UN PRÉSIDENT HÂBLEUR ET VA-T-EN-GUERRE

Dieu Jupiter, sur son trône perché, tenait en sa main le glaive. L’humoriste héros de Kiev, par l’audace alléché, lui lança aussitôt cette tirade : « Ave Souverain de France, que tu es téméraire ! que tu me sembles courageux ! Sans mentir, ceux qui vont mourir te saluent ! »

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Médiateur délégué par Washington, pour animer une pantomime avec Poutine avant l’invasion de l’Ukraine. Commis voyageur de Biden en Afrique, avant que les Africains nous jettent hors du continent. Estafette de Netanyahou auprès de l’Égypte et de la Jordanie, pour créer une hypothétique « coalition internationale contre Daech et le Hamas », une opération de diversion destinée à justifier les bombardements israéliens dans la bande de Gaza, rejetée par Amman et Le Caire. Interview accordée à la BBC, dans laquelle le cavalier sans peur et sans reproche déclare : « Nous partageons la douleur d’Israël. Et nous partageons leur volonté de se débarrasser du terrorisme » […] « De facto - aujourd'hui, des civils sont bombardés - de facto. Ces bébés, ces dames, ces personnes âgées sont bombardés et tués. Il n'y a donc aucune raison et aucune légitimité à cela. Nous exhortons donc Israël à arrêter ». Le soir même, Macron appelle le président israélien, Isaac Herzog, pour « clarifier » ses propos. Propos, que le président israélien résume comme suit : « Le président Macron a clairement indiqué qu’il n’avait pas l’intention d’accuser Israël de porter atteinte intentionnellement aux civils innocents dans le cadre de la campagne contre l’organisation terroriste Hamas ». Et le président de l’État hébreu – gouverné par l’extrême droite et les intégristes ultra-orthodoxes – d’ajouter en parlant de Gaza : « C’est toute une nation qui est responsable » […] « Cette rhétorique selon laquelle les civils ne sont pas au courant, ne sont pas impliqués, n’est pas vraie. Ce n’est absolument pas vrai. » […] « cela fait d’eux, par implication, des cibles légitimes. »

Le 26 février 2024, cavalcadant dans les salons de l’Élysée, en présence de 27 dirigeants de pays soutenant l’Ukraine, Macron enfile les guenilles de Don Quichotte pour menacer Poutine, en évoquant la possibilité d’envoyer des troupes occidentales au sol en Ukraine, ce qui de fait, constituerait une déclaration de guerre à la Russie. Aussitôt, notre président va-t-en-guerre est désavoué par les chefs d’États occidentaux, en premier lieu par le chancelier allemand Olaf Scholz, qui rejette publiquement la proposition du président français : « Il n’y aura pas de troupes au sol, il n’y aura pas de soldats sur le sol ukrainien envoyés par des États européens ou des États de l’OTAN ». Si Macron n’en finit pas de ridiculiser la France, les médias français n’en finissent pas de souiller cette profession du silence de la honte : diffusion quotidienne et continue d’images de propagande ukrainienne, et silence sur la poursuite du génocide palestinien perpétré par Israël dans la bande de Gaza ; tapage médiatique autour de la mort d’Alexeï Navalny, et silence honteux sur l’acte héroïque d’un jeune soldat américain devant l'ambassade israélienne à Washington. Le 25 février 2024, Aaron Bushnell, 25 ans, s’immole par le feu pour protester contre la mort de civils palestiniens à Gaza. Imaginez les manchettes des journaux, et le déferlement des commentaires sur les stations de radio et les plateaux de télévision, si un jeune russe s’immolait pour protester contre la guerre menée par son pays en Ukraine. Il est vrai, que l’objectivité à géométrie variable d’une presse contrôlée par 10 milliardaires, n’indispose pas ces journalistes « marchands de soupe ».

Après que les capitales occidentales – dont Berlin et Washington – désavouent les déclarations guerrières du président français, la présidente bureaucrate de Bruxelles, Ursula Von der Leyen, se porte au secours de Don Quichotte. La Sancho Panza monte son âne aux côtés du courageux chevalier, errant sur son vieux cheval Rossinante, et part à son tour en croisade contre Poutine, en proposant d'utiliser les bénéfices tirés des avoirs russes gelés, pour financer des équipements militaires pour l'Ukraine. Par cette déclaration, faite le 28 février 2024 devant le Parlement européen, la bureaucrate nommée par le Conseil européen fait à son tour, un nouveau pas vers la guerre. Cette escalade, dont les postures de l’UE sur la guerre en Ukraine et le génocide perpétré par Israël à Gaza, sont le corollaire de l’alignement de Bruxelles sur la politique guerrière de Washington. Elle conduit à attiser le feu dans un contexte international explosif, alors que l’Europe devrait contribuer à amener la paix en Europe, comme au Proche-Orient.   

 Autre écuyer va-t-en-guerre, le commissaire européen Thierry Breton, qui déclare : « Nous devons changer de paradigme et passer en mode économie de guerre. Cela veut dire aussi que les industriels européens de la défense doivent prendre plus de risques » – pour augmenter les profits des multinationales – « et nous les accompagnerons pour leur donner plus de visibilité ». Ainsi, l’Europe de Bruxelles ne se contente pas de défaire nos acquis sociaux, de paupériser le monde du travail et de ruiner nos agriculteurs, mais nous mène inexorablement vers une guerre mondiale. Quelle paradoxe, que cette Europe que l’on nous a vendue, après la fin de la dernière grande guerre, comme la garante d’une paix durable, soit devenue un facteur de déstabilisation, et le fer de lance d’une Amérique en crise, dont l’issue quelle prépare est un conflit armé mondialisé.

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