À Toulouse ce 28 mars, une mobilisation imposante de 150 000 personnes (autant que la mobilisation précédente) qui, contrairement à ce qui s’était passé le 23 mars où les violences policières avaient réussi à disperser la manifestation à hauteur de la place Jeanne d’Arc, a mis en échec les tentatives des forces de l’ordre de la stopper. Ce sont des milliers de jeunes, dont des lycéens et des étudiants, qui malgré les tirs nourris de grenades lacrymogènes ont mené le cortège jusqu’à la place Jean Jaurès. Il n’y avait ce mardi à Toulouse – pas plus que dans les autres villes de France – ni plus, ni moins de black-blocs que lors des manifestations précédentes. De toute évidence, le grossier mensonge de Darmanin prédisant, après le samedi ultra violent de Sainte-Soline, la présence de milliers de black-blocs – dont de nombreux étrangers – semant le chaos n’aura été qu’une tentative de manipulation de l’opinion pour décourager les Français de manifester.
Cette stratégie de la peur avait été maintes fois utilisée par la Macronie lors de la crise des Gilets jaunes, notamment le 1er mai 2019. Aujourd’hui, les gesticulations de Darmanin politisant les violences policières de Sainte-Soline du 25 mars interrogent : est-ce une diversion pour dissimuler sa responsabilité et celle de la préfète des Deux-Sèvres dans les conséquences des violences policières ? Si deux manifestants sont aujourd’hui entre la vie et la mort, qui a retardé l’intervention des secours ? Était-ce le prix à payer pour freiner la puissante contestation sociale ? L’immoralité de politiciens et de journalistes, mais aussi du pouvoir pointant l’appartenance de ces personnes à l’ultra-gauche pour tenter d’exempter ceux qui porteraient la responsabilité de « tentative de meurtre » et « entrave aux secours » est choquante. La transcription d’un appel téléphonique entre les pompiers et un médecin contacté par la Ligue des droits de l'homme, dévoilée par le journal Le Monde, et sa diffusion par France info, prouve que le Samu a été retardé par les autorités :
- Pompier : Il faut rassembler les victimes à l'église de Sainte-Soline. Une fois que ce sera là-bas, l'engagement des moyens sera décidé...
- Médecin : Moi je pense que ce n'est pas opportun comme décision... Je suis médecin et en fait, là, il y a des observateurs de la Ligue des droits de l'homme qui sont sur place et qui disent que c'est calme depuis une demi-heure. Donc, en fait, vous pouvez intervenir. Moi, mon évaluation à distance, avec des éléments parcellaires que j'ai, c'est qu'il faut une évacuation immédiate.
- Pompier : Je vais vous repasser le Samu, ne quittez pas.
- Médecin : Allo ? Le Samu ? C'est vous que j'ai eu tout à l'heure au téléphone ? Vous en êtes où de la plus grosse urgence absolue de ce que j'ai comme impression, moi, de loin...
- Samu (agacé) : Alors déjà, vous n'êtes pas sur place, donc c'est un peu compliqué. On a eu un médecin sur place et on lui a expliqué la situation : on n'enverra pas de moyens Smur ou d'hélico parce qu'on a ordre de ne pas en envoyer par les forces de l'ordre.
- Médecin : Je suis avec des observateurs de la Ligue des droits de l'homme qui disent que les observateurs sur place disent que c'est calme depuis 30 minutes et qu'il est possible d'intervenir ?
- Samu : Je suis d'accord avec vous, vous n'êtes pas le premier à le dire. Le problème, c'est que c'est à l'appréciation des forces de l'ordre et qu'on est sous un commandement, qui n'est pas nous. Donc, pour l'instant, on a ordre de rassembler les victimes au niveau de l'église de Sainte-Soline, avec des moyens pompiers qui se déplacent sur site pour prendre en charge et ramener. Mais pour l'instant, on n'aura pas de moyens de Smur ou d'hélico ou de quoique ce soit sur place.
Des médecins militaires sont arrivés entretemps sur le site, note le médecin, qui espère qu'ils pourront évaluer la situation. Faux espoir : "Les médecins militaires sont là pour les forces de l'ordre, c'est leur service de médecine", explique l'opérateur du Samu. L'avocate de la Ligue des droits de l'homme s'invite dans l'appel. Elle évoque un cas de "non-assistance à personne en danger".
- LDH : Vous confirmez que vous avez interdiction d'intervenir alors que vous avez...?
- Samu : On a pas l'autorisation d'envoyer des secours sur place parce que c'est considéré comme étant dangereux sur place. On a pas l'autorisation de toutes les institutions sur place.
- LDH : Qui sont les institutions sur place ? Parce qu'il y a non-assistance à personne en danger grave, vital. Qui interdit l'accès à cette personne en danger ? On a besoin d'analyser très clairement qui peut décider. Pour que les responsabilités soient établies, on a besoin de savoir ?
- Médecin : Vous confirmez que c'est la Préfecture qui interdit l'accès...
- Samu : Non, ce n'est pas la Préfecture, c'est le commandement sur place.
- Médecin : Comment on fait pour contacter le commandement sur place ?
- Samu : Eh ben... il faut passer par la Préfecture.
- Médecin : OK. Et est-ce qu'on peut faire le 17 pour avoir le commandement sur place ?
- Samu : Il faut passer par les forces de l'ordre, effectivement.