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Billet de blog 30 mars 2024

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QUAND L’OCCIDENT S’ACCOMMODE DU FASCISME

Le fascisme n’a, ni patrie, ni religion, et l’Occident s’en accommode dès lors qu’il défend ses intérêts économiques et financiers.

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C’est dans le contexte de crise économique et de luttes sociales des années 1930, que l’oligarchie financière anglo-américano-allemande basée à Wall Street et à Londres, favorise la venue au pouvoir de gouvernements fascistes en Allemagne, en Italie et en Espagne. Les plus grands trusts britanniques, américains et allemands créent les cartels internationaux de la chimie et de l’acier. Ford fusionne ses actifs allemands avec ceux d’IG Farben. En novembre 1929, les sociétés britanniques ICI et Shell Oil, et les américaines Standard Oil et Dupont, créent avec la société chimique allemande IG Farben, un cartel pétrochimique international. En 1932, le cartel finance la campagne électorale d’Adolf Hitler. En France, le patronat clame : « Plutôt Hitler que le Front populaire ! Quand éclate la Deuxième Guerre mondiale, IG Farben passe des accords financiers avec Ford Motor Co, Alcoa, General Motors, et la compagnie pétrolière Texaco, qui en 1936, approvisionne les franquistes dans la guerre qu’ils mènent pour renverser la République espagnole. Tous ces cartels financent l’accession au pouvoir des régimes fascistes en Europe, et l’industrie de guerre de Hitler. Durant la guerre, IG Farben finance le pouvoir nazi et produit le Zyklon B pour alimenter en gaz les chambres de la mort. » Pendant l’Occupation, Louis Renault fabrique des chars d’assaut pour la Wehrmacht.

En 1936, le France de Léon Blum signe avec l’Angleterre un accord de non-intervention, permettant à Hitler et à Mussolini d’aider Franco à renverser la jeune République espagnole ; et de faire de cette guerre civile un laboratoire de guerre, comme le sont aujourd’hui l’Ukraine et Gaza. En septembre 1938, l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie signent les accords de Munich. À cette conférence à laquelle participent Adolf Hitler, Édouard Daladier, Neville Chamberlain et Benito Mussolini, ne sont invités, ni la Tchécoslovaquie – principalement concernée, puisque ces accords scellent la fin de l’indépendance de ce pays en tant qu’État –, ni l’Union soviétique, épouvantail des puissances occidentales depuis la révolution d’Octobre 1917, et qui voient d’un bon œil la montée du fascisme, considéré comme un rempart contre le bolchevisme. Les intérêts d’une France coloniale et d’un Royaume-Uni aux capitaux jusqu’alors largement investis dans l’économie allemande, vont converger et aboutir au traité signé le 6 février 1939, scellant une alliance militaire entre les deux pays. En août 1939, l’Allemagne et l’Union soviétique signent un pacte de non-agression, appelé pacte Molotov-Ribbentrop. Le décor d’une guerre en Europe, qui aboutira à la Seconde Guerre mondiale – conséquence de la crise du capitalisme – est posé.

Aujourd’hui, c’est une Union européenne inféodée économiquement, et militairement par le traité de l’OTAN, aux intérêts d’un impérialisme américain en déclin, qui nous mène vers une nouvelle guerre mondiale. Comme le dit le général de corps d'armée italien Fabio Mini, ancien chef d'état-major du Commandement de l'OTAN pour l'Europe du Sud, la guerre actuelle est le début d'une guerre à grande échelle que l'Occident a décidé de mener contre la Russie, l'Ukraine n'étant qu'un prétexte : « Les sanctions ne visent pas à défendre l'Ukraine, mais à affaiblir la Russie, à ruiner l'Europe et à favoriser l'économie américaine. Les mesures politiques collatérales dirigées contre la Chine préfigurent un conflit dans l'Indo-Pacifique en préparation » (https://volerelaluna.it/in-primo-piano/2023/09/19/lucraina-e-in-ginocchio-e-leuropa-alla-canna-del-gas-intervista-al-generale-mini/). Dans ce contexte de nouvelle crise cyclique du capitalisme, l’Occident s’accommode de la montée de l’extrême droite en Europe, et du génocide perpétré contre le peuple palestinien par l’État fasciste d’Israël, gouverné par l’extrême droite et les religieux ultra-orthodoxes.

Ainsi, les États-Unis continuent à armer Israël et à soutenir la politique expansionniste de l’État hébreu, une posture dictée par les intérêts géopolitiques américains. La priorité pour Washington étant de renforcer sa présence militaire dans la zone Indo-Pacifique face à la Chine – où 60 % des forces navales américaines sont positionnées –, Israël demeure une base avancée stratégique pour les forces armées US au Moyen-Orient. Par le passé, Washington n’a jamais eu de scrupule à soutenir, ou à porter au pouvoir des régimes fascistes en Amérique du Sud et en Asie. La CIA a fait de Ben Laden un de ses agents grassement rémunéré, avant que celui-ci ne se retourne contre son maître ; de même que Netanyahou et le MOSSAD ont contribué à la création du Hamas pour affaiblir l’OLP.

Les va-t-en-guerre atlantistes nous appellent à voter pour une Europe, qui après avoir appauvri les peuples, veut les sacrifier dans une aventure guerrière et meurtrière, au profit des intérêts d’un Occident en déclin, en conflit avec les nouvelles puissances émergentes. L’histoire se répète. En août 1914, le Parti socialiste allemand (SPD), répondait à l’appel à l’Union sacrée de l'empereur Guillaume II, et votait l’entrée en guerre de l’Allemagne. En 1932, face à la montée du fascisme en Allemagne, les communistes allemands proposaient aux socialistes de s'accorder sur une candidature commune aux élections présidentielles. Les socialistes refusaient cette union et décidaient de voter pour Hindenburg, qui le 10 avril 1932, réélu avec 53 % des voix, appelait Hitler au pouvoir en janvier 1933. Aujourd’hui, la désunion de la gauche s’inscrit dans cette même logique idéologique, qui dans un contexte de crise, comme le disait Jean Jaurès, les guerres sont provoquées par le choc des intérêts capitalistes, et qu’il est du devoir de la classe ouvrière de s’y opposer.

Les atlantistes appellent à une nouvelle Union sacrée – aujourd’hui contre la Russie, et demain contre la Chine –, au nom de laquelle ils sacrifient le peuple ukrainien, et refusent de condamner le génocide palestinien. Les crimes de l’État hébreu ont définitivement dégradé l’image d’Israël, et sonné la fin d’un mythe. Les sanctions économiques contre la Russie et l’escalade guerrière en Ukraine, mènent à une impasse. La propagande de guerre diffusée par les médias inféodés aux puissances de l’argent et au pouvoir macroniste, interroge les consciences. Il est urgent de se mobiliser pour mettre fin aux actes de génocide qu’Israël commet contre le peuple palestinien, et pour imposer la paix en Ukraine.

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