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Billet de blog 31 mars 2022

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Une russophobie primaire et stupide !

La russophobie grandissante en Europe est la conséquence de la guerre, mais aussi de la propagande diffusée sans retenue dans les médias.

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Artistes interdits de scène, sportifs interdits de stade, films interdits de festival, la culture russe interdite d’expression, menaces à l’égard d’émigrés russes à Paris, enfants russes harcelés à l’école, des profs insultés dans le métro parce qu'ils parlent russe, drapeau russe taché de peinture rouge sang maculant la façade et le mur d'enceinte de la Maison russe des sciences et de la culture dans l'Ouest parisien, un médecin re-fusant de traiter un patient russe en Suisse, ... Où nous mènent ces « grands démocrates » de Bruxelles ? Après avoir interdit les médias russes (on combat les idées par des idées, mais pas en portant atteinte à la liberté d’expression), vont-ils aussi interdire la langue russe en Europe, comme le pouvoir de Kiev l’a fait en 2014 en abrogeant la loi sur les langues régionales qui donne au russe le statut de langue officielle dans 13 des 27 régions que compte l'Ukraine ? Svetlana Chiriaeva, présidente de la Chambre de commerce Suisse-Russie, rapporte « que dans un train quelqu’un a craché aux pieds d’une dame âgée parce qu’elle avait parlé russe. » Cette russophobie est véhiculée en Ukraine par le mouvement euromaïdan depuis novembre 2013. La diplomate américaine Victoria Nuland, représentante du Bureau des affaires européennes et eurasiennes à Washington reconnaît que depuis 1991, les États-Unis financent des groupes politiques pro-européens en Ukraine par l’intermédiaire d’ONG, dont la Fondation Carnegie est l’une des plus actives. Elle indique que ce financement a dépassé 5 milliards de dollars entre 1991 et 2013. Le 18 juillet 2017, le journal Libération publie un article dans lequel il donne la parole à Dmytro, nom d'emprunt d’un militant du Natsionalny Korpus (Corps national), parti du bataillon de volontaires ultranationalistes Azov. Au printemps, écrit Libération : « lui et ses camarades avaient bloqué l'entrée d'un bureau de la Sberbank, première banque russe, dans la ville de Lviv. Les locaux avaient fermé mi-mars, après que le gouvernement avait imposé des sanctions à cinq banques russes. Dmytro n'avait néanmoins aucune confiance dans l'exécutif du Président, Petro Po-rochenko. " Ils spéculent sur la guerre… Ils ont un intérêt dans ce conflit, commente-t-il. Il nous a donc fallu s'assurer qu'il n'y ait pas de manigances. Et tenir notre tente devant la banque, ça nous a permis d'expliquer aux gens pourquoi tout ce qui est russe doit être banni d'Ukraine." Estimé pour son rôle très actif dans la guerre contre les forces prorusses et russes dans l'est du pays, le bataillon Azov est bien connu pour ses positions ultranationalistes radicales, et ne représente qu'une minorité dans le paysage politique. Son militantisme s'inscrit néanmoins dans un phénomène bien plus général de rupture avec la Russie. » Cette russophobie est aujourd’hui exportée en Europe par la guerre imposée aux Ukrainiens. La mise en scène du comédien de Kiev par Washington, qui dans son feuilleton télévisé quotidien exige des États des armes, des munitions, et prône l’interventionnisme ; commande aux entreprises qu’elles cessent toute activité avec la Russie, et demande à la planète de choisir entre le « bien » et le « mal », contribue à développer cette russophobie primaire et stupide. Le peuple ukrainien aujourd’hui meurtri par une guerre qu’il n’a pas voulue, mérite mieux que de mourir pour défendre les intérêts d’oligarques spéculant à Wall Street. Les peuples n’ont pas vocation à se haïr et à se faire la guerre. Ceux qui la provoquent, comme ceux qui la déclenchent ont en commun la défense d’intérêts autres que ceux des peuples, qui eux servent de chair à canon.

Si j’écris ces lignes, ce n’est pas pour justifier l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe que je condamne – mes papiers précédents sont assez explicites à ce sujet – mais parce qu’en citoyen éclairé, je m’interroge sur le but recherché par la propagande qui déferle sur les médias, en particulier sur les médias publics financés par nos impôts et ces prétendues « grandes chaînes » d’information en continu que sont BFM TV et LCI (pour ne citer qu’elles). Les journalistes de ces médias, contributeurs avertis ou inconscients – par défaut de déontologie –, à ce climat grandissant de haine ne jouent-ils pas le rôle de propagandistes, comme le fait la presse officielle sur les chaînes de télévision russes à Moscou ? La mission d’informer implique de ne pas exploiter l’émotion provoquée par les images (objectives ou subjectives selon leur origine ou le contexte dans lequel elles sont diffusées), pour exploiter l’affectivité qu’elles suscitent et abuser de la crédulité d’un public souvent mal informé, afin d’infuser des messages partisans, ou pire une propagande au service d’une idéologie ou d’intérêts supranationaux. En servant la propagande de guerre – aujourd’hui de bon aloi en Occident –, cette presse porte la responsabilité d’une russophobie grandissante dommageable pour une vie en bonne intelligence entre tous les peuples d’Europe, après la fin d’une crise qui aura servi les intérêts d’une Amérique belliqueuse et expansionniste. À moins qu’elle n’ait pour mission de préparer l’opinion publique au basculement de la guerre économique dans une confrontation armée. Aussi, imposer la paix est l’enjeu majeur pour les peuples européens et ukrainien dans ce conflit opposant deux empires capitalistes, la Russie et les USA.

Léo Mira, ex-journaliste reporter d’images, réalisateur de reportages sur les conflits armés au Zaïre en 1978, au Liban et en Irlande du Nord en 1983, auteur aujourd’hui d’un essai critique : Moi, président... L’imposture. https://www.amazon.fr/dp/B09QCY9YG8/ - https://livre.fnac.com/a16678809/Leo-Mira-Moi-president-L-imposture#omnsearchpos=1 - https://www.librinova.com/points-vente

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