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Billet de blog 1 août 2023

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Un nouveau Paul Simon et une madeleine pop

You can call me Paul !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« If I don’t reach out and grab it myself, it’ll go on and get to Paul Simon. » a dit un jour Shane MacGowan (« Si je ne me débrouille pas et ne l’attrape pas moi-même, l’air continuera à voler et ira jusqu’à Paul Simon »). 

Illustration 1

Paul Simon incarne si bien le Pop Singer qu’il pousse le raffinement jusqu’à en porter les initiales. 60 ans de musique. Sixty years depuis les sixties. Pop is in the air.

Il n’a n’a plus son alter ego, Art Garfunkel, rencontré à l’âge de 10 ans (combien d’amitiés peuvent durer si longtemps ?). Du haut de ce duo (Comment peut-on parler de Paul Simon sans parler d’Art Garfunkel ? Ce sera l’objet d’un prochain billet.), tant de réussites à contempler : « Cecilia »,  « The Boxer » , « Mrs. Robinson », « Bridge Over Troubled Water » et tant de chansons qui titrent fort et pop. Mais « Bridge Over Troubled Water » sur cette team de l’intime. Tandem puis tant de haine. Les eaux troubles des calculs égoïstes ? 

Les eaux stagnent, les chansons restent. 

1970. Paul Simon a abandonné l’Art pour l’art. Voire pour l’air, son espace naturel. Tant ces chansons flottent dans l’atmosphère, privilège de la pop légère, bulle de champagne ou balles d’amour en mousse (comme le disait Souchon de façon touchante : « chanter c’est lancer des balles »). 
Si l’eau est troublée dans la carrière du duo, cet air-là est pur.
Tant pis pour ceux qui prennent la simplicité pour du simplisme. Des chansons sur toutes les lèvres donnent tort à ceux qui les trouvent mièvres.

Les chansons sont des lettres adressées au monde.
Leur douceur dure. On les réécoute seuls, on les reprend en chœur. Elles ont toutes un Post-Scriptum de Pop Song. Il en est ainsi de celles signées désormais depuis des années d’un simple P.S, Paul Simon.

Incroyable ! Après une retraite annoncée en 2018. Un album en 2023. "Seven Psalms".

Dès le titre, le disque semble davantage taillé pour La Croix que pour Rolling Stone. Normal pour un songwriter qu’on dit souvent touché par la grâce. Son septième album-septième ciel ne s’intitulait-il pas "Graceland" ? Certes plus en référence à un King (Elvis) qu'à un saint. Doloriste ? Certains trouveront à ce nouvel album, par ces temps encore empreints du parfum de Jane B., un petit côté Geigne P.

L'album est audacieusement composé d’une seule plage, ce qui oblige à une écoute continue. One track, Un bloc. « I am a rock I am an island ». Un bloc de pop, « Seven Psalms » comme un album consept. Guitare au premier plan, toujours. "Seven Psalms", un titre qui, dans un effet de miroir, renversent les initiales de l'auteur. SP/PS.

On flâne sur ce boulevard du crépuscule air. Et on y verra le point final d'une discographie, comme pour Cash, Bowie, Cohen ou les adieux sans cesse repoussés de Pete Seeger, Aznavour ou MacCartney.

Avec cet album, ce retour, Paul nous offre une folk-madeleine. « La valve rainurée d'une coquille de St Jacques » chère à Marcel Proust se transforme en sillon fraternel d’une épître de Saint Paul. Ecouter cet album c’est savourer du revenez-y, comme une carte Paulstale, « Meilleurs souvenirs, P.S » qui donne l’envie d’écouter toute la discographie. 

Simon, MacCartney. On ne dira jamais assez tout ce que les Paul ont apporté à la folksong. Les Paul sur lesquels s’appuyer par temps de moins bien, par basse altitude, pour avoir moins le vertige. Pour, sinon marcher droit, du moins avoir les pieds sur terre.

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