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Billet de blog 1 décembre 2023

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1/25 "Monsieur Caryl Chessman est mort. Mais le doute subsiste encore."

Le temps de l'Avent et d'une chanson

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Calendrier de l'Avent 2023. Chaque jour, une chanson.  « J’écoute uniquement les chansons parce qu’elles disent la vérité. Plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies. D’ailleurs, elles ne sont pas bêtes." (Fanny Ardant dans La Femme d'à côté de François Truffaut).

Illustration 1

« Monsieur Caryl Chessman est mort. Mais le doute subsiste encore. Avaient-ils raison ou bien tort ? »

Ces mots sont extraits d’une chanson célèbre de Nicolas Peyrac, So far away from L.A.

C’est en regardant Cell 2455, un film daté de 1955 que la chanson lui est revenue aux oreilles. Ce film est l’adaptation de l’autobiographie d’un prisonnier : Caryl Chessman, condamné à mort en 1948 et dont l’exécution annoncée devint, pendant plus de dix ans, un feuilleton dans la presse.

En regardant Cell 2455 il pensait voir un film noir. Ce film a occasionné chez lui comme un écho. Caryl Chessman. Et il s’est souvenu de quelques mots d’une chanson. Et il s’est souvenu vaguement, au collège, d’un exposé qu’il avait fait en anglais sur la death penalty et son couloir de la mort.

Caryl Chessman. Une enfance marquée par l’accident de voiture de ses parents (sa mère en est paralysée), la Dépression, les tentatives de suicide du père,  la délinquance comme une sortie de route annoncée. Et tout jeune, dit-on, la volonté de devenir écrivain.

Condamné en 1948 pour dix-sept chefs d’accusation. On l’accusa d’être un criminel sadique, le sinistre  Red Light Bandit (Le Bandit à la lumière rouge).
Il fut condamné à la chaise électrique.

Il nia être l’auteur de la plupart des faits. Il affirma que ses aveux lui furent extorqués.

En prison il écrivit un livre témoignage qui devint un best-seller : Cellule 2455 couloir de la mort, sorti l’année précédent le film. Il écrivit d’autres livres : À travers les barreaux, Face à la justice, Fils de la haine. Tous traduits dans plusieurs langues. Un écrivain à succès dans sa best cellule.

Avec les années, le prisonnier écrivain devient l’écrivain prisonnier.

Il écrit et il lit. Des volumes et des volumes d’ouvrages de droit. Son autobiographie comporte plusieurs formules latines. Ainsi, Damnant quod non intelligunt (ils condamnent ce qu’ils ne comprennent pas). Une formule qui résonne aujourd’hui encore au fond d’autres cellules états-uniennes.

La presse française le qualifie de « Lacenaire américain ». En référence-France au brigand érudit, au poète assassin et à ses dictionnaires de latin et de grec.

Il s’instruit et peut ainsi tenir tête à la justice américaine. Sa façon à lui de chevaucher un tigre. Presque 10 fois il obtient un sursis. 28 mars 1952. 27 juin 1952. 14 mai 1954. 30 juillet 1954. 14 janvier 1955. 15 juillet 1955. 23 octobre 1959. 19 février 1960.

Onze ans à être sur le point de mourir. Il est finalement exécuté en 1960.

Caryl Chessman fait partie de ces hommes qui ont donné un nom à l’horreur. Un grincement patronymique à cette pratique archaïque.

Ce nom a marqué des générations.

C’est un nom qu’on retrouve chez Perec : « 369 Je me souviens de Caryl Chessman. »
Il s’en souvient si bien que dans W ou le souvenir d’enfance, un personnage se nomme « Cyrla Schulevitz ». On connaît le jeu sur les mots et lettres de Perec : « Caryl » est l’anagramme de « Cyrla»
Son nom apparait dans une chanson de Gainsbourg inédite intitulée Qui se souvient de Caryl Chessman ? Un duo avec France Gall. Jamais entendue. « Chessman Caryl » surgit aussi, le temps d’une rime, dans Dispatch box, titre issu du dernier album de Gainsbourg avant qu’il ne se barre.
L’écrivain Caryl Ferey lui doit son prénom.

« Monsieur Caryl Chessman est mort. Mais le doute subsiste encore. Avaient-ils raison ou bien tort ? »

Coupable ou innocent ?

L’abolition de la peine de mort n’exige pas l’innocence des condamnés.

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