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Billet de blog 2 décembre 2023

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2/25 Dutronc - "J'avais la cervelle qui faisait des vagues" (verlan)

Le temps de l'Avent et d'une chanson.

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Illustration 1

Calendrier de l'Avent 2023. Chaque jour, une chanson.  « J’écoute uniquement les chansons parce qu’elles disent la vérité. Plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies. D’ailleurs, elles ne sont pas bêtes." (Fanny Ardant dans La Femme d'à côté de François Truffaut).

C’est une chanson de l’album "Jacques Dutronc" (1971). La dernière de piste, juste après "L'âne est au four et le bœuf est cuit".

Son titre est « J’avais la cervelle qui faisait des vagues » mais la parenthèse qui suit indique : "(en verlan)".

Troncdu a téchan une sonchan en verlan. Emoi, émoi, émoi. La chanson devrait s’intituler : « J’avais la vellecer qui saitfai des guesva ». Pour plus de lisibilité, le titre est dans sa tournure compréhensible, lisible.

C’est le premier titre écrit par Dutronc. La pudeur l’a-t-elle, pour se cacher, poussé au verlan (se dit-il « cette plume me plut » ?) ? En tout cas, elle est bel et bien signée Dutronc/Dutronc.

Jacques Le Corse rendant hommage au verlan d’Auguste Le Breton : la Cefran.

Le verlan n’est pas courant en chanson.


L’envers est pavé de bonnes intentions…

En français, « aller à l’envers » signifie « échouer ». Et comme les programmateurs de l’époque ne comprenaient pas les paroles, ils ne diffusèrent pas le titre. Le fond de l’air verlan n’était pas frais.

Il ne suffit pas à une chanson d’être en vers et de faire rimer « gueva »avec « bras ». Si elle se met à avoir un sens caché, cela brouille l’écoute et le tube long et creux, cher à Boris Vian, se transforme en mou et vide.

Question de rentabilité. Il fallait que les auditeurs se concentrent et le temps de vellecer, déjà, comme le temps de cervelle plus tard, se devait d’être disponible pour le coca des seventies. C’était bien avant le Maestro Stromae.

Jacques la Fatale-playlist. 

Comment la chanson avait-elle été écrite ? Avec du céfran et de la zicmu. Comment s’appelait-elle ? Un titre zarbi ? Où voulait-elle en venir ? Rien de chanmé ? Que disait-elle ? Elle parlait d’une histoire de meuf et de keum.

C’était presque dix ans avant "Laisse Béton" de Renaud (1978) qui n’aura du verlan – petit joueur ! – que dans le titre et le refrain.

Dutronc essuya les tresplâ sur un air de musette. Une chanson pour 3 pelés et un Troncdu. Une face B, pas Be safe.

Il n’en pâtit pas. Sûr que ça lui plut de consterner les programmateurs radio même pas capables de se plaindre en disant : « il faut la teujé». 
Boudée, la chanson. Mais il faut un déebou à tout.

C’était trop tôt pour cette chanson, sortie sur un 45 tours en face B du "Monde à l’envers". Du verlan en Face B du monde à l’envers : tout un poème emberlificoté. 

À vous faire valser la cervelle sur un air d’accordéon. "J’avais la vellecer qui saitfai des guesva" , c’est pas dégueu, va, aurait dit Gainsbourg.

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