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Billet de blog 5 août 2025

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Un 5 août, un album & Les Pogues

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Illustration 1

L’album des Pogues, Rum, Sodomy & The Lash, produit par Stiff Records, est enregistré, en 1985, à Elephant Recording Studios, Wapping Wall, London. Les relations avec la maison de disques sont entretenues par le manager du groupe, Frank Murray. De son point de vue, elles sont plutôt bonnes. L’album sort en août parce que Stiff Records aime profiter de ce mois où la concurrence est moins rude sur le marché du disque. Il décroche la treizième place dans les charts anglais. 

C’est le 5 août 1985 qu’on peut découvrir chez son disquaire favori une pochette représentant une peinture de marine. Pas n’importe laquelle. Visible au Louvre. 

Sous le titre de l’album, du lettrage à la main aux connotations celtiques, oeuvre de l’artiste Lilly Lee, on découvre Le Radeau de La Méduse dans une version un peu détournée. 
L’œuvre de Géricault, peintre encore méconnu à l’époque où il peint ce tableau, convient bien à ce groupe qui n’en est qu’à son deuxième album (le premier, Red Roses for Me, date de l’année précédente). La représentation d’un naufrage portera paradoxalement chance à Géricault et aux Pogues. 
Le tableau de Géricault a été aspiré par la pop-punk-culture des Pogues. De ses 5 mètres par 7, il n’est resté qu’une œuvre rétrécie à la dimension d’un 33-tours. puis d’un CD. 
La réalisation de la pochette a été confiée à l’artiste britannique Peter Mennim. « C’est moi qui ai décidé du cadrage, déclare-t-il3, en raison de la nécessité d’avoir un format carré pour la pochette du disque. La maquette que j’ai remise a peut-être été recadrée davantage par [Lilly Lee], qui était également responsable du lettrage. » 
Le Radeau de La Méduse n’aura jamais été plus petit que sur la cassette audio de Rum, Sodomy and the Lash. La miniaturisation est un des processus de la pop-culturisation. On oublie les détails et on reconnaît l’essentiel.
Parlons-en, des détails. La reproduction du tableau semble fidèle, sauf que, dans un collage surréaliste, les têtes peintes de six membres du groupe, ont été aboutées aux corps de naufragés. Shane MacGowan et les siens en naufragés volontaires ont cannibalisé les soldats et marins de l’époque. 
Cait O’Riordan est présente sur ce radeau, seule femme à l’instar de celle du tableau de Géricault : une cantinière. Pas de cantinière chez les Pogues : elle est la bassiste. 
« J’ai passé quelques heures avec eux pour obtenir les références photographiques à partir desquelles peindre, raconte Peter Mennim. J’ai demandé à chaque membre du groupe quel personnage du tableau il aimerait incarner, puis je les ai photographiés dans la position appropriée, sous le bon angle et avec le bon éclairage. » Il ajoute : « J’ai photographié le groupe… j’ai fait faire un grand tirage du tableau de Géricault. J’ai ensuite peint chacun des membres du groupe directement sur le tirage, en me basant sur les références photographiques acquises précédemment pour la “ressemblance” de chaque membre du groupe. La peinture a été réalisée à l’acrylique, dans un style que j’ai essayé de faire aussi proche que j’ai pu de celui de Géricault et, j’espère, bien intégré à la peinture à l’huile d’origine. Le résultat a été l’œuvre finale, qui a ensuite été photographiée et utilisée comme couverture de l’album. » 
Dans cette collision créatrice, Shane MacGowan porte des lunettes de soleil. On n’oublie pas le contre-pied.

Une couverture d’album qui aborde trois thèmes du disque : La Mort, La Lutte des classes, & L’Espoir.

Pour en savoir plus sur cet album, bien sûr : https://www.editionsdensite.fr/pogues.html

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