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Calendrier de l'Avent 2023. Chaque jour, une chanson. « J’écoute uniquement les chansons parce qu’elles disent la vérité. Plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies. D’ailleurs, elles ne sont pas bêtes." (Fanny Ardant dans La Femme d'à côté de François Truffaut).
Anis est un auteur et un chanteur. Enfant de Cergy. À ce jour, auteur de trois albums (ou 2 1/2, puisque le premier est un 6 titres). Peu d’albums, mais incarnés, de la musique qui swingue. Façon crooner, aussi.
Une vibration rare dans la chanson française. Sans affèterie.
"Oisif" appartient à son deuxième album « La Chance » (2005).
La réussite de cette chanson, c’est de donner un air à la glande. Enjoué, goguenard, aérien. Entre Moustaki (le thème) et Charlélie Couture (la voix).
Et puis une musique, un rythme, présents sur tout l'album, qui empruntent au blues (Billie Holliday, Peggy Lee…), au reggae (The Specials), au rap (Public Enemy, NTM, Oxmo Puccino,…), à la soul (Aretha Franklin, Sam Cooke), au jazz en passant par la chanson française (Piaf, Aznavour, Gainsbourg, Colette Magny, Mano Solo, Manu Chao, Jill Caplan…) et le goût des mots, français, anglais, argot, verlan…
Un mélange d’influences et une originalité, une singularité évidente.
L’oisivité n’est pas la mère de tous les vices, mais la mère d’Anis. Sa chanson pop remet en vigueur Le Droit à la paresse de Paul Lafargue. Un petit livre qui a le cœur gros, tendre. Un opuscule qui bouscule. Sa chanson fait pareil.
« Je marche avec les deux pieds, et laisse agir notre invité l'oisiveté, telle la mère de toutes les pensées, le couronnement de toutes les vertus, c'est pas de moi j’ l'ai lu, je dirais que ça m'a plu. »
Merci à Anis et à son oisiveté. « Ce sont les paresseux qui remuent le monde. Les autres n’ont pas le temps. » (Camus, Lettre au sujet du parti pris, 27 janvier 1943).
Le chanteur a pris sa chanson au mot. Il s’est fait rare puis n’a jamais sorti ce quatrième album annoncé en 2016. Et depuis ?
Avait-il répondu à l’avance dans sa chanson « Oisif » ?
« Qu'est-ce que tu veux j'aime être oisif, oisif. Dans ce monde où vaudrait être mieux être productif, j'aime bien dergland même si c‘est corrosif ».
Le temps presse ?
Un temps paresse.
Prenez quelques minutes pour écouter cette chanson d’Anis, « Oisif ».
« J’reste allongé, J’reste allongé »
J’reste allongé. Ou j’rest à longer « le bord de l’eau comme tout est beau, quel renouveau ! » ça c’était pas le Cergy d’Anis, mais le Nogent de Gabin.