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Postmoderne, postcolonial, postapocalyptique, posthumanisme, postféminisme, postmetoo… postfascisme, ce dernier mot glace le sang. On parle de fascisme avec des pincettes (avant de ne plus pouvoir en parler avec des menottes ?). Il y a des mots à post qu’on verrait bien vite finir au poste, comme un gang des postiches linguistique. Hélas.
On connaissait bien le préfixe notamment avec l’expression post-traumatique que les retours de guerre (d’Algérie, du Vietnam, du Golfe) avaient tristement popularisée. Et puis il y eut le post-11 septembre.
En 2016, déjà, le mot Post-truth était élu mot de l’année par le dictionnaire Oxford. Le post le plus most. En 2022, le préfixe post a accompagné beaucoup de naissances linguistiques. Ce préfixe impose, typographiquement, parfois un trait d’union : quand il y a un -t au début du radical ou quand c’est une expression latine. Parfois un trait d’union mais toujours un grand trait entre deux époques pour dire la continuité des choses. Le post et cette histoire qui se répète.
Ah ! Toutes ces postchoses. L’intempestpost, l'amer toujours recommencé !
L’actualité nous fait mariner dans une grande postsauce qui nous mettrait presque des post’sauc’ devant les yeux. Restons lucides. Le postfascisme, c’est toujours du fascisme, hein.
La profusion de post- rivaliserait presque avec la profusion de posts sur les réseaux en lien avec des sujets clivants, #tendance ou postbeurk.
C'est un fait, le post lisse. L’appeler à la rescousse peut aider.
Justement, le post n’est-il pas un grossier trompe-l’œil, un préfixe précieux et ridicule pour s’éviter de se cogner dans le réel ?
On post-tout de façon passe-partout.
On post-tout. On ante-moins.
Pourquoi n’adjoint-on pas, rétroactivement, le préfixe ante à des termes anciens pour laisser la réactualisation du concept circuler libre, sans préfixe. Aujourd’hui, le fascisme, c’est ça. Plus besoin de parler de postfascisme (qui a des allures modernes, évoluées…).
Il y a des post qui nécessitent un savoir. Il faut maîtriser la chose pour comprendre son évolution. Postdurkheimien, par exemple. La postpop, moins.
Gilberto Gil avait réalisé une série d’albums dont chaque titre commençait par le préfixe Re- (Refazenda, Refavela, Refestança et Realce). Quel(le) artiste postpop va nous proposer une série de postalbums ? Et quels titres imaginer ?
Post-Scriptum (trait d’union obligatoire dans les expressions latines) : Toutes ces nouvelles postchoses vont-elles passer à la post-h-érité ? Peut-on postposter une chose ? Sans parler de tous ces mots qu’on n’invente pas parce qu’on préfère post-er vite fait un mot connu. Une sorte de postparesse.