Sócrates, débarque avec ton Brésil

À l’heure où le Brésil s’enlise et la démocratie de ne tenir qu’à un fil, un pelé et quelques tondus, retour sur l’ère de l’anar du Maracana.

Sócrates, débarque avec ton Brésil. Ton Brésil, ton Brésil à toi. Protège tes compatriotes de celui que l'on surnomme le "Trump tropical".

Après la démocratie athénienne vint la démocratie corinthienne. L’antique Grèce a soufflé sur le Brésil en foot. Des flammes d’âme en ont jailli. Elles dessinent un nom : Sócrates.

Lui et ses co-équipiers, joueurs politisés, bougent, rouges, sur le terrain vert. Dans les années 80, alors que la dictature militaire fait encore rage dans ce pays d’Amérique du Sud, l’équipe décide de faire dans l’autogestion à São Paulo. Les raisins de la colère sont des raisins corinthians. Ils veulent la redistribution des richesses du club et nichent la démocratie jusque dans les détails de leurs délibérations sur les horaires d’entraînement.

La musculation du cerveau prend le pas sur celle du corps.

C’est du foot samba à 100 balles. Simple, pas cher et populaire. Moins de bureaucratie. Gagner ou perdre mais en démocratie.

C’était un meneur de jeu, de feu, à la barbe de leader révolutionnaire. Pour lui, il était moins question de buts que de points marqués pour l’esprit démocrate. Pour un but marqué, un poing levé. Karl Marx à la culotte courte.

De formation, il était médecin. Docteur au corps d’athlète. Légende. Les jambes. L’athlète et les jambes. Le talent. Le talon. Le talon pour faire la passe. Geste technique et démocratique. C’est que derrière sa barbe, ce Sócrates mouille sa maïeutique. Habilement, il accouche des buts et de l’esprit de son équipe.

Il y a mieux que les buts. Il y a la vie. Elle le dépasse. Il la consomme. Alcool, tabac avec excès. L’auriverde finit dans les verres. Après avoir brûlé la vie par les deux buts, Socratès s’autodétruit et perd Cigüe à 0.

Une tragédie pour le Brésil qui ne garde qu’un Pelé et une tonne d'amour due à Sócrates. Tragédie que ne démentit pas l’un de ses frères prénommé Sophocle.

Sócrates, débarque avec ton Brésil
Ne nous joue pas la douce étude du chagrin.
Où que tu sois
Prends ta guitare plénitude