La retraite, tout le monde en parle, a le mot à la bouche.
Le vocabulaire employé témoigne des soubresauts, des agitations au sein de la population française. Accès, retraite, recul, allongement, anticipation…
Le nom retraite a besoin d’un verbe pour se concrétiser.
On entend souvent l’expression partir à la retraite. Et parfois partir en retraite.
Bien sûr, les deux expressions employées sur les ondes ou dans la presse désignent la même chose. L’une des deux fait néanmoins tiquer.
Partir à la retraite sent le chemin choisi, mérité, l’évidence. La préposition à marque un mouvement. Un à qui sonne comme un ah ! de soulagement. À la comme une allée, une avenue, une grande, comme un tracé, joli, serein.
Partir en retraite sent la défaite. En comme un han ! de soumission. L'an de trop mais on n'y peut rien. Partir en retraite, comme on bat en retraite. Dans un contexte de mouvement social, cela fait l’effet d’accepter que l’âge de départ s’allonge. Sans moufter.
La retraite et le recul, comme un retour en arrière au carré.
Se taire en espérant un mini mal pour échapper, un peu, au rouleur compresseur maximal qui dévaste le champ de bataille des retraites.
Partir en retraite n’est pas qu’un aveu de défaite. L’expression peut aussi signifier qu’est venu le temps de la méditation, un temps où on se ressource. S'en battre, rien à battre. Alors que l’âge de départ à la retraite s’allonge et que des têtes font six pieds de long, partir en retraite, c’est prendre de la hauteur, faire zazen et s’en trouver bien. Ou en retraite comme dans un séminaire. Se retirer. La retraite choisie, sans âge de départ imposé. Avec même, selon l'âge, l'idée d'un retour possible.
Alors, partir à la retraite ou partir en retraite ? Si on veut imposer l’idée du renoncement dans l'esprit des citoyens, partir en retraite est la formule à préférer. Elle instille une fatalité… il n'y aurait pas d'autre alternative à cet allongement de l'âge du départ à la retraite.
Que dire sur l’âge de départ à la retraite ? Il est essentiel de partir à la retraite en bonne santé et de le rester le plus longtemps possible. Et tout le reste est art paralittéraire (anagramme de partir à la retraite).
En 2016, l'espérance de vie en bonne santé, c'est-à-dire le nombre d'années qu'une personne peut compter vivre sans souffrir d'incapacité dans les gestes de la vie quotidienne, s'élève en France à 64,1 ans pour les femmes et à 62,7 ans pour les hommes.