L'Épistoléro
Prof, surtout, et auteur, un peu (La Ville brûle, Ellipses, Actes Sud Junior, Le Murmure, Densité, La Variation, Le Boulon…)
Abonné·e de Mediapart

326 Billets

1 Éditions

Billet de blog 12 mai 2020

L'Épistoléro
Prof, surtout, et auteur, un peu (La Ville brûle, Ellipses, Actes Sud Junior, Le Murmure, Densité, La Variation, Le Boulon…)
Abonné·e de Mediapart

À Maj Sjöwall, un lecteur reconnaissant

Maj Sjöwall et Per Wahlöö sont deux auteurs suédois qui dans le courant des années 60-70 donnèrent de la hauteur au roman policier. Le polar nordique, ça a commencé par eux.

L'Épistoléro
Prof, surtout, et auteur, un peu (La Ville brûle, Ellipses, Actes Sud Junior, Le Murmure, Densité, La Variation, Le Boulon…)
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Maj Sjöwall et Per Wahlöö sont deux auteurs suédois qui dans le courant des années 60-70 donnèrent de la hauteur au roman policier. Deux noms qui font baisser les yeux pour découvrir leurs lignes de vitalité littéraire et contestataire.

Maj Sjöwall vient de mourir, le 29 avril.

Sjöwall (1935-2020) et Wahlöö (1926-1975)

Deux auteurs attachés par une plume commune créant des personnages attachants : Martin Beck, Lennart Kollberg, Gunnar Larsson, Frederik Mellander ou encore Rhea Nielsen, Herrgott Njöd.

Des personnages aux traits humains, aux vies de familles fragilisées par le métier et qui ne voient pas dans l’arme à feu la seule raison d’être d’un policier. Bien moins tueurs frustrés qu'observateurs du corps social.
Des fonctionnaires qui virent aux fonctionerfs quand leur hiérarchie dans les bottes (bien droite !).

Les lire, c’est comme prendre une boussole pour retrouver le Nord’ique polar. D’où qu’ils viennent, les plus grands s’en réclament (Mankell, Rankin, etc…), sans tapage, sans aucun doute.
Ces deux plumes donnent une hauteur de vue comparable au voyage dans le ciel de Suède qu’effectue le Nils Holgersson de Selma Lagerlöf. Autre Nobel, autres mœurs.
Le voyage qu’il propose est moins géographique que social. Des montagnes de problèmes sociaux, des rivières d'argent et des forêts pour camoufler les frustrations.

Ce couple en ville, véritable duo en livres (au boulot sans Narcejac), embrasse la société suédoise. Comme le baiser du serpent sorti du stock de pommes, en plein Stockholm. Mais Malmö et les régions environnantes n’en sortent pas plus grandis.

L’envers, c’est l’enfer. Il a pour petits noms "économie mixte", "sociale-démoratie"…, les scandinaves crient au scandale.

Les lire c’est chausser des lunettes un peu marxistes et se désoler d’une chasse aveugle à l’activisme de gauche qui laisse les rats du fascisme pulluler. Sjöwall et Wahlöö décryptent les appâts rances d’une prétendue société du bien-être.

Les fonctionnaires de police font ce qu’ils peuvent. Ils constatent les dégâts. Ils voient des vies fracassées et leur propre vie fragilisée. Et doivent répondre d’une Police, Etat dans l’Etat, qui martèle que rien ne doit transpirer (silence sur les suicides et les damnés de la terre suédoise). Tout ça sous les yeux d'une presse fouinarde et inquisitrice.

Don't step on my blue and yellow Suede shoes ? Lire pour réfléchir. Lire entre les lignes. Qui aime bien lire, châtie bien.

Même si on se sent souvent très mal (on y rit un peu, par exemple avec le couple Kristiansson/Kvant) reste l'importance d'un constat violent et perçant porté par des personnages vivants.

Du policier où l’arme à gauche est assumée.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte