Dans ce calendrier de l’avent 2022, il y aura des écrivains déguisés en adjectifs. Ils se sont fait des noms tout seuls. On en a fait des adjectifs. Un inventaire à la Prévert avec ses ratons laveurs. Tout ça pour patienter avant de se voir offrir des livres à Noël.
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D’après le dictionnaire historique de la langue française, Il faut un siècle pour passer de l’adjectif sadique (1862) à sadien (avant 1969). La recherche du plaisir en se faisant du mal. En vrai ou dans un livre.
L’adjectif sadien s’applique à ce qui est propre aux œuvres de Donatien Alphonse François de Sade (1740 – 1814), du point de vue littéraire ou idéologique.
Et sadique ?
En 1862, Sainte-Beuve taxera le Salammbô de Flaubert d’ « une pointe d’imagination sadique ». Dans ce livre, il y aurait quelque chose de cruel, à la manière des personnages du marquis de Sade.
Du sadique dans un roman flaubertien.
(Roman qui, de l’aveu de l’autrice, ne compta pas dans l’influence flaubertienne reconnue sur l’œuvre ernausienne).
Sadique. C’est un adjectif de fait divers nauséabond.
Parfois il sent le pléonasme. Un tortionnaire sadique…
Parfois, sous la forme « sado », il joue les pince-mi et pince-moi avec « maso ».
C’est un adjectif qui frise l’abjectif.
Tout dépend néanmoins du contexte, dans Clochemerle de Gabriel Chevalier (1934), entre une référence à Coiffenave et une autre à Clémentine Chavaigne, les instincts sadiques amusent.
Plus de vingt ans en prison pour Sade. Plus d’un siècle que Sade est associé à sadique (en verlan, c’est moins net avec « dicsa »). Les sadiens ne doivent pas lui dire merci. De quoi prendre le maquis ? L’auteur eut en effet aussi une œuvre politique.
Sade se borna à être sadien. « Je ne sais si Sade était sadique » écrit Jean Paulhan. Sadique, il le fut par ses personnages.