
En avril 1953, Boris Vian parlait de ChatGPT. Ou presque. Il s’agissait d’un robot-poète. Invention d’Albert Ducrocq, pionnier de la cybernétique française. Nommée non pas Machine (trop trivial) mais Calliope, l’une des neuf muses de la mythologie grecque.
Calliope ou on Sa Muse comme on peut.
Ce Robot-poète, ses mille milliards de poèmes et Kohétêra ne faisaient pas peur à Boris Vian. Juste venu voir le défilé des craintes immémoriales de l’Homme en proie aux Machines.
Pour lui, cette idée que l’humanité aurait à craindre d’une intelligence hors du commun était sans fondement. Stop au Dystopes. Science sans conscience…Don’t be afraid…a Freud ?
En effet, écrivait-il, l’Homme avait déjà connu Hugo. Ego-Hugo, robot-poète d’avant l’informatique, poète-pré-cybernétique.
En 1953, Vian invitait l’homme à savoir. Il l’incitait.
En effet, il savait que la puissance des robots irait en grandissant. Il nous voyait en Don Quichotte luttant, écrivait-il, contre des Moulins à Vian. Bientôt, si nous ne faisons rien, à genoux entre serviteurs et Cervantes.
La liberté repose sur la connaissance. Une émancipation. Tout savoir jusqu’à savoir comment fonctionne un robot. « Éclaboussez ce robot poète de vos connaissances en cybernétique, expliquez-lui comment il marche et vous l'aurez tout humble à votre merci. » Le monde comme il va, et le robot comme on s’en passe.
Si ça ne suffit pas, l’attaque ad robotem était même encouragée par l’auteur de L’Écume des jours : « Va donc, eh, gros ROBOT »
Et si jamais les robots gouvernent le monde - y sommes-nous arrivés ? - il suffit d’inventer un robot qui a la haine des robots.
L’homme - dans un trip néronien - pourra lire ou jouer de la lyre pendant que les robots s’entre dérèglent.
Non, un robot poète ne nous fait pas peur. Et on y retourne immédiatement. La question de maîtriser nos peurs se résout en un quart d’heure.