Calendrier de l’Avent 2023. Chaque jour, une chanson. « J’écoute uniquement les chansons parce qu’elles disent la vérité. Plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies. D’ailleurs, elles ne sont pas bêtes. » (Fanny Ardant dans La Femme d’à côté de François Truffaut).

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« Le colosse » est une chanson du premier disque de Bertrand Belin. Album sorti en 2005.
"J'ai perdu contre le colosse". La chanson commence par un constat. La défaite est reconnue. Loss. Colossal Loss.
C’est une chanson dont son auteur ne doute pas, qui le convainc. Une victoire de sa musique. Il est fier de son Colosse. Un Colosse qu’il rode depuis des années en concert.
Chanson impressionniste mais aux suggestions sensuelles d’un Bashung ou d’un Thiéfaine (qu'on devrait croiser dans ce calendrier de l'Avent). Sa défaite est comme une petite entreprise qui connaît la crise.
« J'ai perdu contre le colosse/Pas assez de masse, pas assez d'os/Tout contre lui j'ai plié/Et je t'ai perdu en sus. »
Une chanson comme un flux, une allitération en -s qui trahit l’émotion du suppliant (« sur les rotules »).
Une chanson qui parle et de violence et du manque amoureux (d’une « impasse »). C’est l’amour, pas la guerre : « Pas d'armes, pas d’armée ». Sous le sirocco de son râle et non celui du séchoir gainsbourgien. On est chez Bertrand Belin, pas « Chez Max coiffeur pour hommes ».
En breton, jouant de l’argot, avec son « marmule », il enrichit d’une référence le dictionnaire wikipédien.
La chanson se finit par ce vers : « Tes cheveux c'est de l'or ou alors j'avais cru…"
On pense à Mallarmé, « Tristesse d’été », où il est question de lutte et de l’or des cheveux :
« Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
En l'or de tes cheveux chauffe un bain langoureux »