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Billet de blog 14 juin 2025

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Jean-Luc persécuté, c’est pas La Meute, c’est du Ramuz

L'été à lire Ramuz

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cet été, comme tous les étés, je consacre des lectures à l'œuvre d'un auteur. Cet été, je lis C.F. Ramuz.

Illustration 1

En 1908, Ramuz fait paraitre son troisième roman, Jean-Luc persécuté. Comme pour Aline, le titre annonce l’identité du personnage. Là, c’est un homme. Focus sur un cocu pas magnifique.

Jean-Luc persécuté ? Oui, le pas de côté, c’est moi !

Le début du récit fait l’effet d’une traque, d’une piste à suivre, avec les empreintes d’une femme dans la neige. Le récit se termine aussi par une chasse, à l’homme cette fois. Comme une boucle qui se referme. Ces pas tracent un mouvement fatal. Une fois de plus le personnage est pris dans les rets d’un destin tragique, annoncé par la neige, puis marqué par l’eau, par le feu.
L’histoire se déroule dans un village, dans un monde clos, montagneux, avec sa partie haute et sa partie basse.
Jean-Luc est un paysan marié à Christine. La mère de son fils lui en fait voir de toutes les couleurs (surtout le jaune cocu et le rouge sang).
Du fait d’une certaine innocence, Jean-Luc est le patient de la clinique de sa maison close. Cœur brisé, jambe brisée, un homme en pièces. Une fois de plus les enfants souffrent. Et cette fois-ci (contrairement à Aline) c’est la femme qui fait mal. Jean-Luc est persécuté et inspire de la peine.
Le récit est sombre. Jean-Luc représente une humanité branlante (pour reprendre un adjectif cher à Ramuz), comme une sonnaille qui - la vache ! -alerte sur des dérives mentales. Puis une humanité qui chute. Alcool, folie…
Ramuz a le goût de la montagne et du cliffhanger. Plusieurs chapitres se terminent par un avertissement brûlant pour le lecteur. La lecture en est d'autant plus rythmée.
On gardera longtemps le souvenir de cet homme perdu tenant dans ses bras son enfant imaginaire.
Toujours cette sobriété touchante des dialogues et cette nature qui sait se faire foisonnante dans les moments forts, digne d’un petit bouquet final.

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