Calendrier de l’Avent 2023. Chaque jour, une chanson. « J’écoute uniquement les chansons parce qu’elles disent la vérité. Plus elles sont bêtes, plus elles sont vraies. D’ailleurs, elles ne sont pas bêtes. » (Fanny Ardant dans La Femme d’à côté de François Truffaut).

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Début des années quatre-vingt-dix, « Tout c’qui nous sépare » dans l’album « La Charmeuse de serpents ». Jay Alanski est à l’œuvre et Jil Caplan est au chant et touchante.
La périphrase est tenace. Jil Caplan sera longtemps l’interprète de « Tout c’qui nous sépare ». Un tube qui colle à la bio.
Des textes. Une voix.
Les textes sont de Jay Alanski. Alanski, pygmalion, démiurge ? Jil Caplan, à peine 21 ans, semblait déjà savoir où elle allait.
Un peu androgyne, Jil. « J'ai toujours dit que j'étais un peu un mec, au fond, dans mon attitude un peu frontale. Je déteste la minauderie. »
Tout c‘qui nous sépare.
Woh-oh-oh, woh-oh-woh-oh-oh et sa voix un peu voilée
Son pseudo, elle le doit à Hitchcock. À sa mort aux trousses. À ce Kaplan, espion inventé par les Américains pour piéger les Russes. Le personnage joué par Cary Grant se retrouve à incarner ce nom, cette coquille vide.
L’artiste a aimé jouer sur le nom d’emprunt, sur le nom d’artiste, sur la double personnalité.
Tout c’qui nous sépare.
Elle ne nous propose pas de séparer l’homme de l’artiste, mais « les fantômes de l’histoire » et « les héros d'notre histoire ».
La chanson commence par des phrases négatives. Négation d’un temps passé. Révolu. Ce « On » est un peu moins beau, moins incarné qu’un « Nous ». Le couple n’est plus qu'un pronom impersonnel et singulier.
Le passé n’est que poussière sur un meuble.
On pense au rimbaldien « – Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires ». Cette poussière, elle se souffle.
Un amour qui sombre, c’est une lumière qui s’éteint.
J'ai perdu ma lumière intérieure
Perdu mon petit phare
Un jeu discret entre for et phare intérieurs
Ça éclairait tous mes sourires
Maintenant j'vis plus qu'dans l’noir
La solitude, l’isolement.
Alors c'est comme finir ses jours en prison
C'qui vous fait tenir, c'est l'absence de raison
« Tout c’qui nous sépare », un tube qui nous relie.
Jil Caplan a dit un jour : « Il y a des choses dont je ne me lasserai jamais, comme la voix de Bruce Springsteen. » Nous ne nous lasserons jamais de « Tout c’qui nous sépare ».