
GIF, n.m (acronyme de l'anglais graphics interchange format, format d’échange d'images) Format d’image numérique de basse résolution, très utilisé sur Internet. (Le Larousse). On prononce "jiffe" (Steve Wilhite, inventeur 1948-2022).
C’est un format d'image numérique mis au point par CompuServe en 1987. Sandy Trevor demande à Steve Wilhite de développer un format d'image animée léger lisible par tous les ordinateurs de l’époque (Apple, IBM, mais aussi Commodore, Tandy, etc.).
D’abord, ce fut le règne de l’ignoble, du graphique terrifique.
C’est un avion qui apparut sur le tout premier gif (cf supra). Le premier gif viral fut celui d’un bébé dansant, en 3D et en 1996. Dans ces années 90, alors que se propageait le succès d’Un Jour sans fin, les animations "site en construction" firent aussi florès.
Triomphe, c’est le « Mot de l'année 2012 » par l'Oxford American Dictionary. Il a dû son essor record à Facebook et Twitter. Désormais il existe une plateforme de gifs. Elle est très populaire.
Depuis, le gif a croisé le mème. Gif et mème sont dans le même bateau. Mème, un mot qui a la classe grecque. Un néologisme forgé par le biologiste Richard Dawkins qui vient du mot « mimèsis ». L’imitation sans limite enseignée par la toile. Essaie encore.
Le gif est devenu la branche armée et animée de la pop-culture.
Un support commode pour disséminer la pop culture à coup d’extraits. Le gif c’est du digest, un zapping culturel (zapping autre mot de l’époque).
Le Gif, une boucle éternelle. Une demi-heure pour en faire une et un résultat d’une ou deux secondes pour conjurer la mort, le « YOLO » (You Only Live Once, « On ne vit qu'une fois »).
Les GIF, ce sont des imagettes, des miniatures. Des enluminures du 21ème siècle ?
Ce viral-là impose ses protocoles, ses règles. Souvent les gifs proviennent de vidéo (film, dessin animé, émission télé). Techniquement elles sont inférieures à l’original. L’image est en basse résolution et il n’y a pas de son : une image muette muée en un tout petit film mouvant. On y adjoint des fois quelques mots. À l'économie. Et pourtant elles ont un succès incroyable.
Ce sont de petites images qui tournent sur elles-mêmes et qui, virales, tournent à travers le net, le monde et au-delà. Vieilles comme le monde du pastiche, de la parodie. Très réactives à l’actualité, la gifle des oscars aussitôt devenue gif.
Si l’animation peut être utilisée à des fins politiques, l’animation est souvent simplement drôle. Elle génère un comique de répétition. On fait tourner en boucle une chute, une mimique, une situation cocasse...On retrouve ce bon vieux slapstick.
Le gif est une boucle temporelle qui n’évoluera jamais. Bien close. Bien fermée. Un moment arrêté. De grâce, de honte, de galvanisation.
Cette boucle, ce moment clos, est souvent tirée de son contexte sans explication. Comme un tiré-à-part sans commentaire. Avec le gif on peut tout dire. Sans contexte d’origine, sans contexte imposé d’arrivée. Tous les collages sont possibles (permis ?). Sans auteur, animées et anonymes. Justement animées de quelles intentions ?
Certains en ont marre de ces images anémiques. Ils pousseraient les mèmes dans les orties. Ils reprochent à ces images animées de n’être que trop souvent des images à minets. C’est que le chat sort ses gifs depuis longtemps, avec l’écueil du gnan-gnan. Les Lolcats sont bien sur le podium. Sur le podium, comme l’était le cheval au galop au début du XXème siècle. C’est la longue tradition du gif-animal (pas besoin de droits d’auteur). Au XIXème siècle, on a des tas d’appareils : des phénakistoscopes, des zoétropes et des praxinoscopes grâce auxquels on met en mouvement des animaux. Sans parler un peu plus tard du flipbook puis du kinétoscope et du mutoscope. (Hommage à skope, cet élément grec qui forge depuis si longtemps des mots savants et met un peu d’éternité dans la skoopérative du cinéma et des boucles temporelles).
Les temps changent : ils sont modernes. Chaplin peut resserrer ses boulons pour l’éternité. Les hommes investissent les gifs.
Sur les réseaux, le gif c’est comme une ponctuation gratuite, populaire, partagée, reconnaissable entre toutes. Plutôt qu’un coup de plume, du visuel, du léger, un petit coucou à la persistance rétinienne. Un cadeau, a gift, un GIFt offert en partage.
C’est toujours du répétitif. Toujours. Toujours.