Cestuy-là d’Ulysse, c’est là qu’est l’os

La poésie fait de plus en plus recette dans les librairies. Et c’est tant mieux. L’heure des Proses Cnewsesque recule quand la poésie avance. Les poètes ne sont pas morts. Ferré leur demandait « Vos papiers ! ». Ces derniers jours on demande leurs os. Ceux de Du Bellay auraient été retrouvés. L’auteur d’ « Heureux qui comme Ulysse » a fait un beau voyage et s’est retrouvé enterré sous Notre-Dame. On se recueille depuis si longtemps auprès de son recueil qu’on en oubliait qu’il avait un cercueil. Le XVIe siècle, c’est loin.
Oui et non, quand l’auteur se retrouve sous les projecteurs scolaires, dans les lectures flash, dans les manuels scolaires.
Du balai, peut-être, aux heures de grande écoute et de temps light de cerveau et de coca disponible. Du Bellay, ça marche dans les cours des écoles. En arrivant au collège, les élèves le savent déjà ! Heureux qui comme Ulysse, comme un par cœur intergénérationnel. Une récitation qui fait recette, qui fait culture commune. En chœur heureux. On peut remercier le chanteur Ridan d’en avoir offert une version chantée (dans un album qui vaut le détour et a été salué par le Prix Charles Cros, "L'ange de mon démon").
La poésie ne sent pas des pieds et n’est pas bouffée par les vers, les rats et les mites. La poésie par cœur et jusqu’à l’os.
« Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux » écrivait Apollinaire dans « Zone ». La poésie se rappelle à nous dans la prose des journaux. Sous Notre-Dame, on a retrouvé des restes. Cestuy-là d’Ulysse, c’est là qu’est l’os. C’est là qu’il aurait fini sa Grande Vadrouille. « À la croisée du transept », tout un poème. Troquant les semelles de vent chères à Rimbaud pour un sarcophage en plomb. 
C’est plus l'poète, sépulture.
Et si l’os, c’était que ce mort en cache un autre. Info daubée sur Du Bellay ? Ces restes sont-ils bien ceux du poète qui chantait le plaisir de « Vivre entre ses parents le reste de son âge » ?
Du Bellay n’a pas réussi à sauver sa peau au-delà du raisonnable. Même pas quarante ans. À nous de continuer à sauver sa poésie. 500 ans au moins que ça dure. Les enseignants sont des passeurs de métier.