Dans le public français des Cowboys fringants, j’ai fait un bon bout de chemin. La trentaine, la bedaine, du temps de « Motel Capri » et de ses « Awikatchikaën » et « Gars d’la Compagnie ». Folk, Humour, Amour, Indignation, un cocktail fringant. Et ce n’est pas fini, écouter, réécouter et découvrir encore et encore. Et là, voilà le bout du chemin pour ce chum du Québec, Karl Tremblay. The Frontman, le leader du groupe, plus simplement, plus exactement, la voix du groupe et le membre d’un corps exaltant, généreux qu’on appelle (et qu’on rappelle en fin de concert) Cowboys fringants.
Karl Tremblay n’est plus, les Cowboys Fringants demeurent. Un groupe trop méconnu encore en France.
Les constellations disjonctent. L’envie de cracher son fiel au ciel. Câlisse ! Et puis non, l’homme penchait du côté de la Beauté du monde. Alors, même si les étoiles fringantes sont rappelées trop vite, on continuera à regarder le ciel en pensant à la voix lactée de ce Monsieur, pleine de tendresse humaine et de coffre quand il s’agissait de s’indigner.
On a coupé le micro de Karl Tremblay. Privé de scène. Et nous privés de concerts spectaculaires, pleins de générosité et d’émotion. Fringant, beau comme un participe présent de la francophonie. La Manifestation est peut-être En Berne. C’est momentané. Les souvenirs des concerts sont là. Sous la pluie. Un enfant qui dort dans les bras. En salle. Dans un théâtre antique romain.
Assis. Debout…Touché !
Le frontman est parti. Un homme pétri de discrétion, d’humilité. Un texte comme un exercice d’admiration, un Pay tribute to pour donner envie à d’autres de découvrir le groupe. Des Cowboys qui n’avaient rien d’un Ouest terne, mais bien au contraire éclatant, vibrant. Fringant, quoi. Les tounes sont là et les disques prêts à tourner.
Les Cowboys Fringants partagent un goût pour Les Pogues (qui partagent un goût pour les cowboys, tout est dans toune et réciproquement). À la sortie de dernier album « Les Antipodes », Jean-François Pauzé le déclarait ici :
« – On sent depuis votre précédent album une influence de plus en plus marquée de groupe folk-punk celtique comme les Pogues.
– « On reste dans la grande famille du folklore, mais c’est sûr que pour changer la donne, c’est cool de visiter d’autres folklores. Le truc celtique, breton, irlandais, c’est des choses qui nous branchent un peu plus récemment que le folklore québécois de tapages de pieds qu’on a beaucoup exploité par le passé. The Pogues, Dropkick Murphys, ça a beaucoup joué dans le tour bus.» (Entretien avec Jean-François Pauzé, https://www.magazinesocan.ca/features/les-cowboys-fringants-entre-le-cynisme-et-lespoir/
Pendant ce temps-là, Shane MacGowan lutte. Cela dit, cela fait trente ans qu’on annonce sa disparition imminente. Et le « Sick Bed of Cuchulainn », il connaît, il l’a chanté tant de fois.
Le ciel, un dieu, le hasard, la vie feront ce qu’ils veulent, dans notre tour bus à nous on va continuer à faire retentir Cowboys et Pogues fringants. En n’oubliant pas de rentrer Juste à temps pour Passe-Partout. Des voix chères, jamais tues. Et autant de textes que d’avions en papier.
Le meilleur hommage à rendre est d’écouter Les Cowboys fringants. Voire de commencer, et, à coup sûr, de développer une fringale pour ces cowboys.
Et puis sans entrer dans l’intimité de chacun de ces chanteurs, pensées les plus sincères pour Marie-Annick et Victoria.