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Tout a commencé par un article lu dans Libération, ce samedi 19 octobre (un article sans -u, hum…). L’U est devenu objet de prédation du côté de Pau. On pense à un gag. À un événement bref et réjouissant. À une farce, un genre éphémère de rubrique de lettres écrasées. Mais La République des Pyrénées nous apprend que cela fait longtemps déjà que des commerçants s’indignent de ces vols. À cause d’un voleur/d’une voleuse résolu(e), depuis plusieurs années, le fronton de certains commerces ne montre plus son -U.
Un voleur de -u, même sans -u, sait voler.
Cui Bono ? À qui profite ce -U ?
Pas de piste, pas de vidéo de -u. Big Brother doit être complice. L’acte et l’auteur ont leur part de mystère et le -u s’arrange bien de la créature et de son créateur.
Ce vol de voyelle convoque aussitôt sinon au poste du moins à la mémoire La Disparition de Perec. L’auteur s’en prenait au -E, pour que le défi soit plus grand (ça change au gré des traductions). Le lipogramme érigé en grand genre de L’OULIPO (Ouvroir de Littérature Potentielle) se fait, à Pau, OLIPO (pas Olipau, puisqu’il y a un U, mais serait-ce une piste paloise ? Pau, happeau à Oulipo ?).
Avec cette disparition, à nouveau, comme chez Perec, on s'y croirait : « Anton Voyl n'arrivait pas à dormir. » Et la beauté, sans -u, devient béate.
Le U de l’enseigne est haut et ça U-rlevent dans le centre-ville de Pau.
Les commerçants n’auraient pas d’U.
Le voleur n’aurait pas dû.
Tant d'-U ! C'est tendu dans les rues de Pau. Pour les frontons des commerces, avec une échelle et sans chat noir, on attend une heureuse Hisse-U et, de retour, l'U approuvé.
J'avais parlé d'un drôle de Super U, ici : https://lirepeuouproust.wordpress.com/2019/07/16/pierre-bergounioux-et-le-super-u/ . Quant à l'ancêtre de notre -u, l’upsilon, c’est ici : https://lirepeuouproust.wordpress.com/2022/08/16/lupsilon-et-la-bifurcation-20-24/